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Quand l’art tutoie le ciel

Une des «Ladies» de Patricia Terrapon. Photo: Renaud Marchand

Appel d'air pour une vingtaine de jeunes créateurs suisses invités à exposer leurs travaux dans l'espace urbain genevois. Peintures, installations sonores et sculptures sont ici livrées au regard du passant dans le cadre de l'exposition «Double vue».

Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg et Thônex, trois communes à la lisière de Genève pour 22 Suisses invités à y exposer leurs oeuvres (sculptures, installations, dessin, vidéo…). En plein air. Zones piétonnes, rues, lit de rivière, parc et jardin publics s’ouvrent donc, le temps d’une exposition, à l’expression artistique contemporaine.

But de l’opération: attirer le regard du citadin sur une oeuvre qu’il n’a pas forcément choisi d’apprécier. «On n’est pas ici dans la dynamique du musée, par exemple, où le visiteur décide lui-même de l’oeuvre à découvrir», explique Josiane Guilloud-Cavat, commissaire de cette exposition conçue sous le titre «Double vue».

Le Tarot de Marseille

«Double vue» est la 3e édition de la manifestation biennale Art Chêne, les deux premières versions ayant eu lieu en 2004 et 2006, avec comme thématiques respectives «L’eau et le bois» et «Migrations».

A l’origine de «Double vue», le Tarot de Marseille. Un jeu de cartes ancestral grâce auquel les sages de l’ancienne Egypte lisaient, dit-on, l’avenir. Depuis, ce jeu, aujourd’hui prisé par les amateurs de cartomancie, a changé de règles tout en gardant ses supposées propriétés divinatoires.

Ce n’est toutefois pas cet aspect qui a retenu l’attention des artistes invités, mais les images très baroques que représentent chacune des cartes du Tarot.

Vingt deux cartes donc pour 22 artistes qui ont chacun travaillé à partir de la symbolique propre à chaque image. Il y a ceux qui en ont prolongé le sens et ceux qui en ont proposé une lecture en contrepoint.

Des lucarnes ouvragées

Résultat: des réalisations très différentes dans leur esthétique et leur vocabulaire. Certaines se marient parfaitement avec leur environnement, comme cette immense lanterne magique posée dans un petit jardin public qui jouxte une école enfantine. Elle cadre bien avec l’espace de jeu réservé aux gamins.

On n’entre pas dans la lanterne. On observe son intérieur à travers des lucarnes ouvragées. Histoire de titiller l’univers rêvé de l’enfant.

D’autres oeuvres, au contraire, jurent avec l’espace qui les accueille et envoient un clin d’oeil amusé à une société de consommation piégée par la vitesse. En témoigne, cette voiture, façon Fomule1, installée en contrebas d’un immeuble paisible.

«Avec cette biennale, les artistes peuvent se permettre un travail non consensuel», commente encore Josiane Guilloud-Cavat.

Un excellent hasard

«Le registre demeure évidemment contemporain, avec toujours un décalage par rapport au quotidien. Il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit pas ici de commandes publiques destinées à orner de façon durable l’espace urbain. L’exposition se termine le 28 novembre, l’objectif est donc de jouer avec le temps, très court, pour faire jaillir de la rue l’innattendu.»

Choisis sur concours, les créateurs sont tous Suisses. Sauf un, invité d’honneur, le Français Claude Lévêque. «Il ne faut pas voir dans ce choix un protectionnisme national. C’est tout simplement un excellent hasard, poursuit la commissaire de l’exposition. Il y a aujourd’hui dans ce pays un potentiel artistique très appréciable. Il était donc légitime d’offrir une vitrine à la création actuelle émergente ou peu représentée.»

Hormis les désormais bien connus Christoph Draeger et Zorro&Bernardo, il y a des plasticiens fort doués, dont les travaux méritent le détour, comme Angela Marzullo et sa coquine «Pisseuse». Ou encore Adrienne Barman et son «Elephant», peinture murale qui s’en va taquiner le Douanier Rousseau, sa flore foisonnante et ses personnages naïfs.

swissinfo, Ghania Adamo

«Double vue»,3e édition de la Biennale Art Chêne.
A voir à Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg et Thônex (Canton de Genève). Exposition en plein air, jusqu’au 28 novembre.

Les communes de Chêne-Bougeries, de Chêne-Bourg et de Thônex se sont réunies dans le cadre du Comité de Coordination Culturel Chênois (CCCC) pour témoigner de leur volonté d’organiser ensemble des manifestations d’envergure et d’apporter, par l’intermédiaire des communes, un appui logistique et financier à des projets culturels.

En organisant la 3e édition d’Art Chêne, les communes ont voulu marquer leur rôle dans le domaine culturel: celui de permettre au plus grand nombre d’approcher et de comprendre l’art actuel à travers un parcours propice à la découverte et à la réflexion.

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