Strass et paillettes pour Philippe Saire
A L'Opéra de Lausanne, puis en tournée dans toute la Suisse, le chorégraphe vaudois fête les 20 ans de sa compagnie.
A cette occasion, six danseurs interprètent «Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie?» Une pièce en guise d’invitation à l’épicurisme.
Jouons un instant aux chasseurs de tête et disons que le C.V. de Philippe Saire est impressionnant.
Question prix, il en a reçu cinq. Question créations, il en a conçu 24, a donné plus de 1000 représentations dans le monde et dansé avec ses interprètes dans 160 villes. Et tout cela en 20 ans, de 1986, date de la création de sa compagnie, à aujourd’hui.
L’angoisse et l’humour
Ces 20 ans, c’est le 26 novembre que Philippe Saire les fêtera. A L’Opéra de Lausanne. Un lieu qui l’avait déjà accueilli en 1986 pour sa première pièce chorégraphique «Encore torride».
Depuis, le feu ne s’est pas éteint. La passion est toujours là. Ce qui a changé, c’est le rapport au monde. Ce monde que le chorégraphe lausannois scrute, disons… avec angoisse, depuis plusieurs années mais qu’il appréhende, l’âge venant, avec plus de légèreté.
L’humour est l’arme favorite du sage. Tous les poètes vous le diront. A sa manière, Philippe Saire le dit aussi: «Au début, on donne souvent aux événements une charge dramatique. Puis on apprend à se convaincre que finalement les choses ne sont pas si graves que cela et que le poids de la vie, on ne peut pas le porter indéfiniment. Il faut s’en soulager un jour ou l’autre».
Pour lâcher du lest donc, l’art, toujours lui. Cette fois-ci Philippe Saire ne s’est par retenu: strass et paillettes pour le 20e anniversaire de sa compagnie qu’il fête donc à L’Opéra Lausanne, comme un retour aux sources.
Ce lieu qui l’avait en quelque sorte révélé au public en 1986, l’accueille, une fois de plus, avec une nouvelle création donnée sous le titre: «Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie?»
«Renouer avec l’enfance»
Une interrogation qui résonne comme une invitation à l’épicurisme. «Plutôt, une façon de réapprendre à renouer avec l’enfance, corrige le chorégraphe. Cette nouvelle pièce, je l’ai voulue comme une succession de numéros où la magie, le cirque, le cabaret, les strass, le show… suggèrent un salut à la vie».
«Se distraire est essentiel, poursuit-il. Et je trouve que la légèreté est une nécessité dans ce monde où l’angoisse est savamment cultivée».
Pas d’anniversaire sans un petit regard en arrière. On le dit à Philippe Saire. Mais il rectifie: «Je ne m’arrête jamais sur le passé. J’essaie de vivre désespérément dans le présent. Tout en restant happé par le futur», ajoute-t-il dans un rire.
swissinfo, Ghania Adamo
«Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie?». A voir à l’Opéra de Lausanne, le 26 novembre.
Puis du 29 novembre au 10 décembre au Théâtre Sévelin 36, Lausanne.
Tournée: le 14 décembre à Chiasso, du 19 au 21 décembre à Lucerne, les 23 et 24 mars 2007 à Bâle, du 3 au 5 mars 2007 à Zurich.
La Compagnie Philippe Saire a été fondée en 1986 par le danseur et chorégraphe lausannois Philippe Saire.
Depuis 1995, c’est la seule compagnie indépendante à posséder son propre théâtre, le Théâtre Sévelin 36 à Lausanne.
Philippe Saire décline son travail sur plusieurs registres: danseur, chorégraphe, pédagogue, organisateur…
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