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Un Daniel jamais très loin de Québec

Daniel Rossellat se dit "tombé en amour" avec le Québec. Keystone Archive

Fondateur et patron du Paléo Festival de Nyon, Daniel Rossellat est aussi un amoureux de la Belle Province, où il se ressource à domicile, année après année. Une histoire d'amitié, de musique, de grands espaces et de hockey sur glace.

«C’est une vieille maison de presque 270 ans, située à Château-Richer, juste avant Sainte-Anne-de-Beaupré quand on vient depuis Québec…»

Cette maison, c’est le Clos des Brumes, sur la route choisie à l’époque par un certain Jacques Cartier. Sans doute une ancienne ferme, que Daniel Rossellat s’est offerte en 1989, sans même la voir, sur la seule confiance d’un ami québécois affirmatif sur l’objet.

L’ami a eu le coup d’œil heureux. Cette demeure «a une âme» et le patron du principal festival Open Air de Suisse y vient désormais entre une et quatre fois par an. Parce qu’il est de passage sur le continent ou pour s’y ressourcer.

En son absence, le Clos des Brumes se transforme en Bed&Breakfast à géométrie variable. Location à la chambre ou de la demeure en bloc, à la journée ou à la semaine.

Mais ce havre, le «quinqua» à chemises à carreaux l’a fait sien. Il s’y adonne à la lecture des livres en attente, au dessin, à l’écriture, aux balades. Il s’imprègne là-bas des nouveaux artistes et productions musicales québécois ou se repasse quelques vieux classiques, histoire de remettre son oreille à zéro.

La musique québécoise est, soit dit en passant, pour beaucoup dans son attirance pour ce bout de continent – les Félix Leclerc ou Michel Rivard de l’époque, mais aussi la vague actuelle qui dépasse la «classique» chanson québécoise. «Les Cowboys fringants pour les francophones, Arcade Fire ou Patrick Watson pour les anglophones de Montréal sont la preuve d’une belle vitalité!»

L’ours n’est pas loin

Devant la maison de Daniel Rossellat, le fleuve St-Laurent et l’Île d’Orléans chère à Félix Leclerc justement. Derrière, des dizaines de kilomètres de terres et de forêts avant le prochain voisin. «On a des traces d’ours à 50 m de la maison», précise celui qui reconnaît être tombé «amoureux du Canada avant même d’y être allé».

Pour Daniel Rossellat, le Québec, c’est d’abord un rêve d’enfance. Il fantasmait sur ce pays de tous les possibles et ses grands espaces. «Ce fut un de mes premiers grands voyages, vers 26 – 27 ans.» Le Vaudois de Nyon n’a pas été déçu. Beaucoup de rencontres et de liens tissés, de belles amitiés qui durent depuis.

D’autant qu’hormis les concerts et autres petites fiestas appréciés ici et là, Daniel Rossellat revient constamment au Québec pour y assouvir une autre passion: le hockey sur glace.

«Quand j’y vais, je joue avec une équipe d’enseignants de Beauport dont je suis une sorte de membre d’honneur. Le Canada, c’est le rêve de tout hockeyeur!»

Amitié et chaleur

Ce fantasme concrétisé, il le déguste au fil des ans. Québec, «c’est l’amitié et la chaleur humaine d’abord. (…) On y est a priori plus retenu qu’en Amérique anglophone. Mais ensuite la relation peut y être plus profonde.»

Le distinguo existe aussi en matière politique. Contrairement au reste du Canada, qui met plus l’accent sur la responsabilité individuelle, on y a une approche «assez française face au rôle de l’Etat», constate celui qui vient d’annoncer sa candidature (sans parti mais soutenue par les Verts et les socialistes) à la municipalité de sa commune située sur les bords du Lac Léman.

Le Québec, en trente ans de sauts de puce, il l’a notamment vu bouger sur le plan «des bonnes choses, de la gastronomie et du choix des cuisines. Une évolution incroyable!» Pour autant, ce fin gourmet de patron de festival ne compte pas venir y passer sa retraite à l’année.

Cette idée de retraite, de toute façon, lui est étrangère, lui qui dit avoir transformé sa passion en métier. Par contre, «j’ai toujours pensé que s’il arrivait une casse dans ma vie, j’irais m’isoler un moment là-bas».

Québec comme expo.02

Ce «là-bas», Champlain en rêvait déjà avant de venir fonder Québec en 1608. Quatre siècles plus tard, Daniel Rossellat observe les festivités du 400e avec l’oeil de l’organisateur des événements culturels de la dernière exposition nationale suisse en 2002.

Après en avoir discuté avec ses collègues québécois, il s’est rendu à l’évidence: les problèmes rencontrés avec expo.02 ont été les mêmes que ceux vécus à Québec.

Ici comme là, une première direction a même été débarquée en cours de route. C’est Daniel Gélinas, patron du festival d’été de Québec, qui a repris le flambeau du 400e. «Un copain, un autre Daniel», sourit Rossellat, énigmatique.

«Monter un grand événement avec de l’argent public crée une sorte de boîte à fantasmes. Puis des frustrations, explique-t-il encore. Certains n’ont pas d’argent et considèrent scandaleux de dépenser autant. Et à la fin, on n’a jamais assez d’argent pour répondre à l’ambition de tout le monde».

swissinfo, Pierre-François Besson

En écho aux 400 ans de Québec, swissinfo publie une petite série d’articles sur les traces concrètes ou plus imaginaires de la Belle Province, en Suisse ou chez les Suisses.

Né en 1953, Daniel Rossellat grandit dans la campagne nyonaise sur les bords du Lac Léman. Il est animateur culturel et abandonne rapidement ses études d’ingénieur.

Il se lance dans le monde du spectacle en 1974, et participe deux ans plus tard au lancement du «First Folk Festival», qui deviendra plus tard le «Nyon Folk Festival», puis le Paléo en 1986.

En une trentaine d’année, le Paléo Festival de Nyon est devenu le plus grand événement musical open air de Suisse et l’un des importants rendez-vous européens de l’été.

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