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Vous avez dit durable?

Le Sommet mondial sur le développement durable s'est clos par l'adoption d'une Déclaration finale et d'un Plan d'action.

De ces dix jours à Johannesburg, on gardera quelques images qui sont autant de clés pour comprendre l’évènement. Commentaire.

Premier indice: la dispersion, dans un rayon de plusieurs kilomètres, des différents espaces du Sommet.

Ici les conférences, là les expositions, ailleurs le Waterdome, plus loin encore les ONG.

Par contre, le monde de l’économie ne s’est pas gêné. Il était dans ses murs.

Une marque automobile squattait même la seule place un tant soit peu conviviale du Sommet.

De toute évidence, cet éparpillement rassurait les organisateurs.

Le monde hétéroclite des ONG n’allait pas perturber le bon ordre. Le dialogue avec la société civile était déprogrammé.

Rien de nouveau sous le soleil

Autre signal: c’est dans un haut-lieu du luxe et des affaires que l’on allait parler lutte contre la pauvreté et accès à l’eau potable pour les centaines de millions de gens qui en sont encore privés.

C’est là aussi, où l’on a pour habitude de tout planifier selon les règles du management, que certains avaient décidé de biffer tout objectif précis, daté et contraignant.

Mais ce n’était guère mieux dans le Village Ubuntu censé animer un espace d’«humanité».

Passée la petite rue aux allures de kermesse bantoue, c’est le Nord de la planète, dans la grande tente d’exposition, qui battait pavillon et qui faisait miroiter ses bonnes actions pour le développement.

Paroles, paroles

Après une mise en train plutôt désordonnée, soudain le Sommet change de rythme et d’ampleur avec l’arrivée des notables de la planète, ceux du moins qui ont jugé bon de se déplacer.

Commence alors l’interminable défilé à la tribune où chacun, petit ou grand, a le même temps de parole mais ne fait que passer, ne prend en tout cas pas le temps d’écouter les autres. Ce qui ne l’empêchera pas ensuite de vanter les mérites du dialogue.

Pendant ce temps, les délégués, ceux qui négocient, vont s’épuiser jour et nuit à défendre un petit mot par-ci, une virgule par-là, avec le sentiment que l’avenir de l’humanité en dépend.

Qu’en restera-t-il?

D’où les questions qui finissent par marteler les esprits. Faut-il encore organiser pareils rendez-vous démesurés s’ils sèment autant de frustrations et convainquent si peu les opinions?

Que reste-t-il de la crédibilité d’un forum de gouvernements où les uns font tout pour gommer les engagements passés et les autres n’ont cesse de tenter de sauver ce qui peut l’être?

Va-t-on, peut-on, longtemps encore alimenter la mauvaise humeur des ONG, qui, laissées pour compte, préféraient mercredi matin tourner le dos à la Conférence pour rejoindre la rue?

Non, définitivement non. Ce genre de Sommet n’est pas vraiment un modèle de développement durable.

swissinfo/Bernard Weissbrodt

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