Zimmermann & de Perrot, dans l’air du temps
Les deux artistes zurichois présentent au Théâtre de Vidy-Lausanne leur dernière création «Gaff Aff».
Portrait d’un acteur et d’un musicien zélés, chez qui tout va très vite.
Dans le grand hall du Théâtre de Vidy, Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot débarquent en trombe. Dans une heure à peine, ils vont jouer «Gaff Aff», leur dernière création qui marie théâtre, cirque et musique.
Ils sont donc pressés mais nullement angoissés, sachant d’avance que le public sera conquis. C’est leur talent qui leur vaut cette certitude, du reste guère fanfaronne.
A leur actif, quatre spectacles seulement («Gopf», «Hoi», «Janei» et «Anatomie Anomalie») et déjà une renommée internationale qui leur ouvre les portes des meilleures scènes européennes. Rien que pour «Gaff Aff», 90 dates de tournée sont prévues. Avec ça, difficile de ne pas être motivé.
Deux météorites détachés du ciel
Dans le hall du théâtre donc, les deux artistes ressemblent à deux météorites détachés d’on ne sait quel ciel.
«Nous essayons de rester dans le présent, lancent-ils vivement. Nous ne sommes pas des nostalgiques. Notre monde est celui de la vitesse et notre génération celle du vidéo-clip, du zapping, de l’image recyclée… »
Et d’ajouter: «’Gaff Aff’, c’est un spectacle sur le jetable: tout le décor est en carton. C’est aussi une démonstration sur la fragilité de ce monde qu’on essaie de nous vendre à coups de publicité mensongère. Tous les produits vantés sont censés nous libérer. Mais en réalité, ils ne font qu’accélérer notre aliénation.»
Image surréaliste
Martin Zimmermann a 36 ans, Dimitri de Perrot, 30 ans. Fraîcheur et agilité au service de deux corps dézingués. Zimmermann & de Perrot: c’est désormais le nom de leur compagnie.
En 2005, elle s’appelait MZdP, un sigle à leur image, un brin surréaliste. C’était du temps où le duo était un trio, avec la présence de Gregor Metzger (ancien danseur chez Maurice Béjart). Ce dernier les a quittés il y a une année. Pourquoi?
«Comme ça, répondent-ils, c’est la vie. On se rencontre, on se sépare».
Reste donc Martin, le mime et l’acrobate, celui qui a fait ses classes chez Buster Keaton et Chaplin. «Je me revendique d’eux, ils m’ont beaucoup inspiré dans mon travail», déclare-t-il.
Reste aussi Dimitri, le compositeur, dont la musique se rapproche du tempo de notre monde épris de vitesse. Lui, c’est le roi des platines.
On l’appelle d’ailleurs «le platiniste». C’est sur du vinyle qu’il grave ses sons. Lesquels rythment les spectacles du duo. Il joue en live avec des disques. Toujours des disques en guise de décor. Ils sont d’ailleurs devenus la marque de fabrique de Zimmermann & de Perrot.
swissinfo, Ghania Adamo
«Gaff Aff», au Théâtre de Vidy-Lausanne, jusqu’au 19 novembre.
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