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Déclinaison de ‘traces’ dans les musées biennois

Variation sur le thème de la trace, l’installation «Weg mit dem Wänden» de Marion Leyh. swissinfo.ch

Vagabondage thématique entre art contemporain et histoire de la région, réflexions artistiques et clins d’œil…

«Musées.03 Spuren-Traces», c’est le titre de l’exposition très polymorphe que proposent plusieurs institutions culturelles biennoises.

Expo.02 devait être éphémère, ne rien laisser de matériel derrière elle. Ce fut le cas. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’a pas laissé de traces. Ainsi à Bienne.

En 2002, en marge de l’exposition nationale, une «Nuit des musées» avait été organisée dans la ville bernoise. Forts de cette expérience, le Centre PasquArt (art contemporain), le Musée Neuhaus (histoire de la région) et le Musée Schwab (archéologie), piliers du «quartier des musées» à l’ouest de la cité, ont décidé de se réunir à nouveau cette année.

Avec un projet plus large cette fois-ci: décliner un thème commun, chacun à sa façon. Un type de pari qui a déjà été lancé à Neuchâtel en 2000 («La grande illusion»), puis à La Chaux-de-Fonds cette année, sur le thème de l’eau.

Associés aux trois musées, plusieurs autres institutions tiennent lieu de partenaire, des Journées photographiques de Bienne à Filmpodium en passant par l’Office de la culture de la ville.

De l’émulation à la dilution

Pourquoi cette mode de la thématique commune, et qu’y trouvent donc les musées? «C’est une façon de s’ouvrir au public», répond Philippe Lüscher, conservateur du département art et illustration au Musée Neuhaus.

C’est-à-dire de brasser les publics, de pousser les fidèles de l’art contemporain vers des lieux réputés plus conservateurs, et réciproquement. C’est aussi une émulation, une sorte de concurrence positive: «Cela créée une dynamique entre les différentes institutions», constate Philippe Lüscher.

Les inconvénients de la démarche: l’impression d’une thématique-prétexte, d’une certaine dilution, d’autant plus lorsque le thème abordé est aussi vaste que « traces», déclinable à l’infini… Car, soyons honnêtes: existe-t-il un seul musée au monde qui ne propose autre chose que des «traces», qu’elles soient artistiques, sociologiques ou historiques?

Traces modernes

Au Centre PasquArt, l’exposition se décline sous le titre «La trace de l’art – la trace dans l’œuvre d’art». Construite autour d’œuvres contemporaines issues de la Collection de la Ville de Bienne, elle propose plusieurs angles d’approche.

L’œuvre en tant que trace des techniques utilisées par l’artiste, ou trace de l’artiste lui-même, ou trace des différents courants de l’histoire de l’art. Plus original peut-être: les traces du temps sur les œuvres d’art, avec ces auréoles, ces taches, ces déchirures qui corrompent un dessin ou une toile, et en même temps, lui confèrent une patine non dénuée de charme.

A noter la présence de deux installations: le bucolique et gentillet «INIT-Le Penseur» de Philippe Hinderling («semer des pensées laisse forcément des traces») et le plus spectaculaire «Weg mit dem Wänden» de Marion Leyh, milliers de déchirures de journaux créant une étrange galerie.

La photo est également présente à travers les travaux de trois artistes: Christian Helmle, Martin Möll, et Christian Schwager. Ce dernier s’étant intéressé aux traces laissées par… l’armée suisse, empreintes de chenilles et autres barrages anti-chars («Panzerland»).

Plongée dans le passé

Alors que le centre d’art contemporain expose donc assez «classiquement» de nombreuses œuvres, le Musée Neuhaus se permet une belle dose d’originalité en mêlant histoire et fiction.

En 1995, le musée a acquis une luxueuse horloge, fabriquée vers 1730-1740. Que sait-on de cet objet? Pas grand chose. Sinon le nom de l’antiquaire à qui il a été acheté, et le nom de son fabricant, Hans-Ulrich Haas. Entre deux, environ 260 années de mystère.

Alors l’équipe du musée a inventé. En une longue enfilade de pièces, meublées et décorées grâce aux collections du musée, on parcourt l’histoire fictive des acquéreurs successifs et l’histoire bien réelle de la région. Que ce soit la fuite du Prince-Evêque de Bâle à Bienne en 1792, l’émigration vers les USA et le Canada au 19e siècle ou la crise horlogère de la fin du 20e.

«C’est une réflexion sur notre quotidien dans les musées, sur notre travail. Chaque objet pourrait faire l’objet d’une enquête de ce type-là», précise Philippe Lüscher. Oui. Et c’est également une façon particulièrement ludique de jouer de ‘traces’, réelles et imaginaires, pour raconter l’histoire et l’évolution d’une société.

swissinfo, Bernard Léchot

– Dès cette semaine et jusqu’en octobre, le Centre PasquArt et le Musée Neuhaus de Bienne proposent différentes expositions sur un thème commun: les traces.

– Le Musée Schwab, en retard pour cause de rénovation, n’entrera dans le jeu que le 7 septembre.

– La thématique, très large, permet d’aborder des angles aussi bien artistiques qu’historiques ou sociologiques.

– De nombreux ateliers, visites guidées et autres rencontres sont organisés parallèlement aux expositions.

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