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Deep Purple aux arènes

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Déferlement sonore et virtuosité technique, Deep Purple a allumé la première soirée du 12e festival Rock Oz’Arènes, à Avenches. Après 35 ans de parcours, la maîtrise et le sourire ont remplacé la rage originelle.

Arènes archi-combles pour cette première nuit (trois soirées, dont celle-ci, étaient ‘sold-out’ avant même le début du festival). Echauffement avec les Bernois de Patent Ochsner, car Rock Oz’Arènes cherche également à attirer le public de Suisse alémanique.

Un pop-rock sympathique, mais peu personnel pour qui ne comprend pas le «Bärntutsch». Quant au chanteur vedette, Büne Huber, sa présence un peu pataude ne permet pas de soulever l’enthousiasme des non-convertis.

Après une heure de spectacle et trente minutes de transition, les choses sérieuses peuvent commencer. L’intro de «Highway Star», batterie implacable et basse qui roule, annonce la couleur.

Un peu d’Histoire

Le 20 avril 1968, Rod Evans, Ritchie Blackmore, Jon Lord, Nick Simper et Ian Paice, jouent pour la première fois ensemble sur scène sous le nom de «Round About». Cela se passait au Brøndby Pop Club de Copenhague. Il y a donc… 35 ans.

De retour chez eux, en Grande-Bretagne, les cinq musiciens décident de changer de nom et deviennent «Deep Purple». Deep Purple # 1, préciseraient les aficionados… Car en 2003, nous en sommes à Deep Purple # 8, soit la 8ème mouture de la formation.

Celle qui marqua l’Histoire de façon indélébile, c’est Deep Purple # 2, entre 1969 et 1973. Rythmique monumentale du batteur Ian Paice et du bassiste Roger Glover, virtuosité et inspiration du guitariste Ritchie Blackmore et de l’organiste Jon Lord, et là-haut, tout là-haut, la voix inimitable de Ian Gillan.

C’est cette équipe-là qui a fondé les bases du hard-rock avec des titres comme «Black Night», «Speed King», «Highway Star», ou bien sûr «Smoke on the Water», composé lors de l’incendie du Casino de Montreux en 1971.

Des hymnes qui ont évidemment tous fait partie de la prestation avenchoise. Avec en guise de clin d’œil amical, le passage rapide sur scène de Claude Nobs, patron du Jazz festival de Montreux: le fameux «funky Claude» de «Smoke on the Water».

«Rock credibility»

Pendant longtemps, la ‘rock credibility’ était liée à la filiation que le rock devait nécessairement entretenir avec le blues, son côté «rough» et authentique. D’où l’amour des rock-critics pour les Stones plutôt que pour les Beatles, pour Led Zeppelin plutôt que pour Deep Purple.

Il est vrai que Deep Purple n’a jamais suivi une voie unique, et s’est permis, notamment sous la houlette de Blackmore et de Lord, de s’inspirer davantage de Beethoven ou de Bach que de Robert Johnson.

Plus de 30 ans après l’album mythique «Machine Head», malgré les brouilles, les embrouilles, les reformations, les déformations, Deep Purple, composé aujourd’hui de Ian Gillan, Roger Glover, Ian Paice pour les anciens, de l’Américain Steve Morse à la guitare et Don Airey aux claviers pour les plus récents, reste néanmoins une extraordinaire machine musicale.

Mais alors que l’incroyable guitariste Steve Morse a apporté une vraie touche personnelle au groupe, solos hallucinés et rythmes tranchants, Don Airey se contente de se couler habilement dans le moule Jon Lord.

Ian Gillan, jovial, souriant et pieds nus, est quant à lui en pleine possession de sa voix (n’a-t-il pas été récemment convié par Pavarotti en personne pour un spectacle à plusieurs voix?), et l’association rythmique Paice-Glover est plus efficace que jamais.

«Bananas»

En matière de répertoire, Deep Purple version festival ne prend guère de risques. La grande majorité des titres joués mercredi soir relèvent du ‘golden age’ 1969-1973, avec deux incursions en 1984 (deux titres de l’album «Perfect Strangers»). Triomphe assuré.

Deep Purple fait donc l’impasse sur les 19 dernières années écoulées (!), qui ont vu pourtant la création de quelques perles… Mais voilà, ces perles sont restées discrètes, et Deep Purple cherche manifestement à souligner ici son passé le plus prestigieux.

Par contre, le groupe annonce la couleur de son prochain album, «Bananas» (à paraître le 25 août) en en jouant deux titres. A l’écoute de «Haunted» et surtout de «I’ve got your Number», on constate que l’inspiration de «Bananas» est manifestement très proche de celle qui caractérisa Deep Purple époque «Machine Head».

Cohérence d’un répertoire, diront les uns. Manque de renouvellement, diront les autres. Il suffit de choisir son camp.

swissinfo, Bernard Léchot à Avenches

– Le Festival Rock oz’Arènes vit cette année sa 12e édition et se tient jusqu’à samedi.

– Organisé dans le cadre de l’amphithéâtre romain d’Avenches, il propose une programmation résolument rock.

– Mercredi, ce sont les Bernois de Patent Ochsner qui ont ouvert le bal, suivis de Deep Purple.

– Suivront Placebo et Beck (jeudi), Sum 41 et Dionysos (vendredi), Manu Chao et Keziah Jones (samedi).

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