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Delon, comme au cinéma!

Le fauve meurtri est de retour! Image tirée du film "Frank Riva"

Le festival «Cinéma tout écran» a présenté, en avant-première mondiale, le premier épisode de «Frank Riva», avec Alain Delon.

Quand la télévision du présent joue avec talent des codes du cinéma du passé.

Entrer dans une salle de cinéma pour aller voir un polar avec Alain Delon à l’affiche, c’est un peu comme s’asseoir dans une machine à remonter dans le temps.

Cap sur les années 70 et 80, à l’époque des «Pour la peau d’un flic», «Ne réveillez pas un flic qui dort», «Flic Story» et autres déclinaisons du mot commercialement magique, à l’époque en tout cas.

Et pourtant, pour «Frank Riva», réalisé par Patrick Jamain, c’est un accident de parcours. Car cette série en trois épisodes est bel et bien destinée au petit écran. La diffusion du premier épisode, «L’homme de nulle part», a lieu ce jeudi à la Télévision suisse romande, et vendredi sur France 2.

Hymne à Delon

Alain Delon, domicilié à Genève depuis fort longtemps, et citoyen helvétique depuis quelques années, n’a pas fait le déplacement à «Cinéma tout écran». Mais un aréopage de collaborateurs était là pour évoquer cette aventure.

«Nous avons conçu cette série comme un hommage au film noir, et un hommage à la carrière d’Alain Delon. Vous verrez que le film est parsemé sinon de citations, mais en tout cas de clins d’œil à ce qu’il a fait auparavant», explique Philippe Setbon.

Le scénariste de «Frank Riva» était présent à cette avant-première en compagnie notamment de l’actrice franco-suisse Mireille Darc, qui joue également dans la série.

Mais les années ayant passé, le héros s’étant buriné, c’est un Alain Delon plus profond, plus dense, que les concepteurs de «Frank Riva» ont voulu illustrer.

«On a aussi essayé de montrer une autre facette de lui, qu’il a peu donnée dans le film policier, mais plutôt dans des films comme ‘Notre histoire’ ou ‘Le Professeur’, c’est-à-dire une facette fragile de son personnage», ajoute le scénariste.

Du sur mesure, donc. Et Mireille Darc de préciser: «Alain étant le protagoniste principal de la série, il a donné le ton et l’ambiance au tournage». On s’en doutait un peu.

Le monde a changé

L’amorce de ce premier épisode: l’ex-commissaire Frank Riva, qui s’était illustré dans les années 70 dans la lutte contre la ‘french connection’, vit en exil et dans l’incognito depuis 25 ans. Filant des jours heureux quoique taciturnes aux Bahamas, c’est un coup de fil qui va le ramener à Paris.

Car dans la Ville-Lumière, le commissaire Rezzoni a été abattu lors d’une fusillade entre policiers et trafiquants de drogue. Et Riva a une raison toute particulière de venir trouver une explication à cette affaire.

Après 25 ans d’absence, Riva semble quelque peu déphasé. Au même titre que Delon lui-même, qui, il y a quelques années déjà, déclarait en substance ne plus se sentir concerné par le cinéma français d’aujourd’hui.

Alors les répliques fusent, jouant du double sens: «Le monde a changé à un point que tu ne peux pas imaginer», lui dit un truand. «A nos âges, on ne change plus. On s’aggrave», fait remarquer Alain-Frank-Delon-Riva à l’un de ses jeunes collègues.

Sobriété

Sur fond de trompette bouchée nostalgique et de rues parisiennes by night, le héros solitaire va enquêter, débrouiller les fils de l’intrigue, et parallèlement, ceux de son passé.

Le tout sur un rythme relativement lent, sans scène d’action décoiffante, ni castagne à l’hyper-violence branchée. Sobriété d’effets qui a pour résultat de mettre davantage en valeur le jeu rentré de Delon, lèvres serrées, sourires rares et regard sombre.

Montrer aussi «une facette fragile de son personnage», disait Philippe Setbon. Il serait peut-être plus juste de parler de fissure, de blessure, que de fragilité. Car Delon, qui, on l’aura compris, joue autant Alain Delon que Frank Riva, tient toujours davantage du fauve meurtri que du bibelot en porcelaine.

swissinfo, Bernard Léchot, Genève

– La 9e édition du Festival «Cinéma tout écran» se tient à Genève jusqu’au 9 novembre.

– Vouée principalement aux films d’auteurs produits pour et par la télévision, cette manifestation propose également une compétition intitulée «International series, collections & long dramas». C’est dans ce cadre que «Frank Riva» est présenté.

– Pour l’heure, trois épisodes ont été tournés. Le premier, «L’homme de nulle part», est diffusé ce jeudi à la Télévision suisse romande, et vendredi sur France 2.

– Après «Fabio Montale», «Frank Riva» est la deuxième série qu’Alain Delon tourne pour la télévision.

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