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Des vignerons interpellent Pascal Couchepin

Le blues des vignerons suisses. Keystone Archive

Le conseiller fédéral Pascal Couchepin est invité à prendre des mesures urgentes pour sauver la viticulture suisse. Des vignerons réclament une réduction des importations de vin. Une revendication qui paraît irréalisable. Car, la Suisse est liée par des accords internationaux.

«Aujourd’hui, on importe un litre et demi de vin étranger pour un litre produit en Suisse, déplore Willy Cretegny, viticulteur genevois. La situation est d’autant plus inéquitable que les vins étrangers sont souvent produits à moindres coûts et, par conséquent, vendus à très bas prix sur le marché suisse».

La mise en place d’un contingent

Fort de ce constat, des viticulteurs vaudois et genevois ont fait le déplacement à Berne. «Nous exigeons la mise en place d’un contingent d’importation équivalant au quota de production suisse, souligne Willy Cretegny. Autrement dit un litre pour un litre.»

Actuellement, la législation suisse autorise l’importation, à un tarif préférentiel, de 170 millions de litres de vin par année. Au-delà de cette limite, les importations sont soumises à des taxes supplémentaires.

«Ce système pourrait être conservé à condition d’abaisser les limites de base, explique Willy Cretegny. Cela permettrait d’éviter un déferlement de vins à bas prix sur le marché suisse.

Accords internationaux

Du coté de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), qui a reçu les plaignants, le discours est clair. Les quotas d’importation ont été discutés au niveau international dans le cadre des accords du GATT et de l’OMC. Il est donc quasi-impossible de les remettre en cause, en un seul tour de main.

A cela s’ajoute le fait que la filière vitivinicole suisse n’est pas la seule à connaître des problèmes. La consommation de vin est en baisse dans la plupart des pays industrialisés. «Le marché étranger affiche un excédent de l’ordre de 30 à 40 millions d’hectolitres. Ces conditions ont logiquement conduit à une baisse des prix sur l’ensemble des marchés.»

Dans ce paysage agité, tous les interlocuteurs s’accordent à le dire: les vignerons suisses sont en mauvaise posture. «Les prix payés au vigneron ne couvrent déjà plus le frais de production, tempête Willy Cretegny. Si l’on n’intervient pas, 30% à 40% des viticulteurs suisses devront mettre la clef sous le paillasson.»

Pessimisme excessif

Vision trop pessimiste, répond l’interprofession du vin. Ce groupement de professionnels, qui réunit des producteurs et des commerçants de toutes les régions de pays, admet volontiers que la filière vitivinicole suisse est en difficulté. Mais, elle se refuse à parler de problèmes structurels.

Les récoltes exceptionnelles, celle de 1999 notamment, ont engorgé le marché, explique en substance Thierry Walz, président de l’interprofession du vin. Selon lui, en soignant la qualité et en produisant modérément, les vignerons suisses devraient sortir de l’impasse.

«Actuellement, nous estimons que la production excédentaire suisse représente 20%, affirme Thierry Walz. La situation reste gérable si les cantons acceptent de limiter leur production.»

Mais les cantons – tout comme l’interprofession du vin – ne tirent pas toujours à la même corde. Ainsi, un abaissement généralisé des limites de rendement a été balayé ce printemps. En Suisse romande, les principaux cantons producteurs se sont tout de même mis d’accord pour négocier une baisse.

Une réponse d’ici au 4 septembre

Le Valais ne produira plus que 1,2 kilo au mètre carré contre 1,4 auparavant. Genève et Vaud se limiteront eux à 1,25 kilo au mètre carré. Une démarche qui vise à diminuer les volumes de vin suisse tout en améliorant leur qualité.

«Depuis des années, on nous tient le même discours, soupire Willy Cretegny. Nous avons baissé nos rendements et amélioré notre qualité. Mais notre situation ne s’est pas améliorée. Aujourd’hui nous exigeons que Berne adopte des mesures urgentes».

La délégation de vignerons genevois et vaudois attend une réponse de Pascal Couchepin d’ici au 4 septembre.

Vanda Janka

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