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Professeur à 30 ans: une révolution aux Ecoles polytechniques fédérales

L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne devrait profiter de cette initiative. Keystone

Le système est américain. Et la Suisse est le premier pays européen à l´adopter. Pour freiner la fuite des cerveaux et dynamiser la recherche, les Ecoles polytechniques fédérales offrent désormais aux plus doués la chance de devenir professeur à 30 ans.

La «tenure track» (littéralement, «voie de promotion»), Patrick Aebischer n’a pas fait que d’en entendre parler avant de devenir président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Jeune doctorant à l’Université Brown de Providence (Etats-Unis), il a pu bénéficier, il y a quinze ans, de cette voie accélérée pour devenir, en quatre ans, professeur associé en Science médicale, section des organes artificiels.

Avec ses collègues zurichois, il est donc l’un des instigateurs de l’arrivée de ce système en Suisse. Jusqu’ici, en effet, un jeune professeur assistant doué qui voulait poursuivre ses propres recherches n’avait guère d’autre choix que d’attendre la fin de carrière de son «patron» ou de s’expatrier.

«Près de 600 scientifiques suisses de haut niveau travaillent dans les universités américaines rien qu’entre Boston et New-York», explique Francis Waldvogel, président du Conseil des EPF. C’est donc aussi pour freiner cette fuite des cerveaux que les Hautes Ecoles de Lausanne et de Zurich se mettent à l’heure américaine.

Actuellement, l’EPFL n’a guère plus de 16 assistants pour 160 professeurs. Alors que la proportion atteint un tiers dans les grandes universités anglo-saxonnes. La «tenure track» va, bien sûr, augmenter considérablement l’attrait de ces postes. D’autant que ces nouveaux assistants seront indépendants et jouiront de la liberté académique pour l’orientation de leurs recherches et la conduite de leur groupe.

Cela dit, les exigences sont très strictes. Le jeune assistant verra en effet ses performances évaluées en permanence selon une série de critères qui vont de la créativité scientifique à la qualité de l’enseignement, en passant par la publication des résultats et la recherche de moyens financiers à l’extérieur de l’Ecole. Et ce n’est qu’après quatre ou six ans que les meilleurs seront nommés à un poste de professeur extraordinaire ou de professeur ordinaire.

Egalement soucieux de féminiser un peu des carrières – qui en Suisse ne le sont pas encore assez – le Conseil des EPF a prévu un système d’«arrêt de la pendule», qui permet aux jeunes femmes d’interrompre leur cursus pendant une année à chaque grossesse.

L’introduction de ce système répond également à un besoin. Celui de rajeunir le corps professoral des EPF. D’ici quatre ans, 40 professeurs lausannois (sur 160) et 130 zurichois (sur 330) partiront à la retraite. La plupart d’entre eux devraient être remplacés par des «tenure tracks».

En clair, la relève sera assurée par les meilleurs étudiants d’aujourd’hui. Et par des petits génies venus de l’extérieur, en conformité avec la tradition des EPF, dont une bonne moitié des professeurs sont déjà des étrangers.

«On sait, par expérience, que la créativité d’un scientifique s’exprime surtout dans la première partie de sa carrière, affirme Patrick Aebischer. Grâce ä ce système, nous allierons les idées de la jeunesse et l’expérience de l’âge mûr. Nos Ecoles, déjà reconnues au plan international, ne pourront qu’y gagner encore en excellence».

Et Patrick Aebischer de rappeler que, l’an dernier, l’EPFL a été le berceau d’une bonne trentaine de «start-ups». Désormais, s’ils le désirent, les jeunes entrepreneurs de talent pourront – s’ils le désirent – poursuivre leurs travaux sans quitter l’Ecole.

Marc-André Miserez

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