En pleine crise, l’Irak rouvre son ambassade
Répondant à une requête présentée par Bagdad, la Suisse a autorisé l'Irak à rouvrir son ambassade à Berne qui avait été fermée en 1991.
La chose s’est faite sans fanfare. Elle n’en est pas moins spectaculaire dans le contexte actuel de crise.
Protocolairement, la procédure n’est certes pas tout à fait terminée. Mais, depuis plus de trois mois, le beau bâtiment que l’Irak possède à Berne dans le quartier chic du Kirchenfeld est de nouveau occupé par des diplomates dûment accrédités.
Interrogée par swissinfo, une porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) souligne que rien ne s’opposait vraiment à ce que Berne accepte la requête de Bagdad.
La Suisse n’a jamais rompu ses relations diplomatiques avec l’Irak. Et la présence à Berne de diplomates irakiens rendrait plus facile les contacts avec Bagdad.
Il ne faudrait cependant pas interpréter la décision suisse comme un signe (sous-entendu un signe politique). Ni comme un jugement sur la qualité des relations bilatérales.
Un bureau de liaison suisse à Bagdad
La Suisse n’a effectivement jamais rompu ses relations diplomatiques avec l’Irak. En revanche, elle a rappelé son ambassadeur en poste à Bagdad. Et elle a fermé son ambassade dans la capitale irakienne, pendant dix ans, après la guerre du Golfe.
Les relations au niveau des ambassadeurs n’ont jamais été rétablies. Mais, depuis janvier 2001, la Suisse est officiellement représentée à Bagdad par un ‘Bureau de liaison’ chargé notamment de tâches diplomatiques, consulaires, humanitaires et de coopération technique.
Ce bureau a aussi pour mission – et cela a été l’une des raisons invoquées à l’époque par le gouvernement suisse pour justifier sa création – de soutenir les entreprises helvétiques qui exportent vers l’Irak des produits pharmaceutiques, hospitaliers et alimentaires dans le cadre du programme de l’ONU ‘pétrole contre nourriture’.
Selon les informations recueillies par swissinfo, il était question en automne dernier d’élever le statut de ce bureau en nommant à Bagdad un chargé d’affaires. Mais, pour l’instant, ce projet a été abandonné. Pour des raisons de sécurité, l’effectif du Bureau de Bagdad est actuellement réduit à deux personnes.
Malentendu entre Berne et Bagdad?
En ce qui concerne le statut du nouveau chef de la mission irakienne à Berne, il n’est apparemment pas encore tout à fait éclairci.
Lorsqu’on appelle l’ambassade d’Irak, on est accueilli par une dame charmante, efficace et polyglotte qui précise que le chargé d’affaires – M. Louay Taleb – ne souhaite pas s’exprimer personnellement car il ne parlerait ni le français, ni l’anglais.
Au Département fédéral des Affaires étrangères, on souligne toutefois que l’Irak n’a pas, jusqu’ici, présenté une demande officielle d’accréditation à Berne pour un chargé d’affaires et on n’exclut pas qu’il y ait malentendu.
En revanche, une porte-parole du minsitère des affaires étrangères confirme que l’ambassade irakienne compte, depuis environ trois mois, «trois diplomates accrédités».
Et Daniela Stoffella d’ajouter: «Un quatrième diplomate sera très prochainement en place à Berne.»
Rappelons que la plupart des pays qui ont participé à la guerre du Golfe de 1991 ont rompu leurs relations diplomatiques avec Bagdad. C’est le cas de la France par exemple dont les intérêts sont actuellement représentés par la Roumanie.
Beaucoup d’autres pays occidentaux – dont l’Allemagne – entretiennent par contre des relations diplomatiques normales avec l’Irak. Même si le statut de ces relations a souvent été réduit après la guerre du Golfe (chargé d’affaires ou agent de liaison plutôt qu’ambassadeur).
swissinfo, Michel Walter
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