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Enigma Helvetia, un hymne à la créativité suisse

Max Bill et les autres: à Lugano, Enigma Helvetia ouvre les portes sur l'art de la Suisse moderne.

Pour raconter l'art, les rites et les mythes de la Suisse moderne, les instigateurs de l'exposition «Enigma Helvetia» ont osé un amalgame inattendu. C'est ainsi qu'un sac en bâche de camion recyclée, le livre de Heidi ou une sculpture de Jean Tinguely trônent côte-à-côte.

Dans une exposition, qui réunit pour la première fois, le Musée cantonal d’art et le Musée d’art moderne de Lugano, les commissaires ont délibérément choisi de mêler l’art avec un grand «A», à la production industrielle et artisanale helvétique, entre le 18e et le 19e siècle.

La créativité suisse jouit d’une excellente réputation au-delà des frontières du pays. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les agences de communication des grandes capitales européennes s’arracher les créateurs issus d’écoles d’arts visuels, comme l’Ecal à Lausanne ou la Zürcher Hochschule der Künste à Zurich.

Or, cette tradition ne date pas d’hier. Preuve en est le foisonnement de photographies, affiches, tableaux, sculptures, miniatures, tapisseries, vidéo, installations, produits industriels et autres objets design, exposés dans les salles du Musée d’art cantonal de Lugano et du Musée d’art moderne, non loin de là, également sur les rives du lac Ceresio.

Titre trompeur

«Enigma Helvetia, arts, rites et mythes de la Suisse moderne», est un titre prometteur et intriguant. Mais que celles et ceux qui se rendraient à Lugano dans l’espoir de découvrir une nouvelle clé de lecture ou un regard novateur sur la culture et la mythologie helvétiques se ravisent, l’intitulé de la manifestation est quelque peu trompeur.

Le parcours proposé retrace surtout l’identité de ce petit pays qu’est la Suisse, avec pour toile de fonds, les conflits, les bouleversements sociaux et l’envolée industrielle qui ont marqué un siècle d’histoire moderne.

Avec ses centaines d’objets, qui vont de la dentelle de Saint-Gall à «La Mariette aux fraises» d’Albert Anker, en passant par les chemins de fer miniature et des meubles signés Le Corbusier, l’exposition luganaise se présente comme un inventaire inédit, qui témoigne des particularismes culturels helvétiques, avec des œuvres parfois teintées d’humour et souvent proches de la perfection.

Brassage artistique

Une sorte de fourre-tout artistique? «Certainement pas, mais j’admets que c’est le danger qui nous guettait au départ, car le projet est très vaste», explique Marco Franciolli, directeur du Musée d’Art cantonal de Lugano et l’un des quatre commissaires de l’exposition.

«Comme c’était la première fois que les deux musées les plus importants du Tessin travaillaient ensemble autour d’un même thème, nous avons pensé qu’il serait sympathique de livrer un regard sur la Suisse, vu du sud des Alpes. Et, c’est cette vision qui nous a aidés et guidés dans nos choix», souligne Marco Franciolli. (audio)

Quant au large éventail d’œuvres pluridisciplinaires sélectionnées, l’expert précise: «Nous n’avons pas voulu privilégier un seul angle, comme celui de présenter une Suisse idyllique ou, à l’inverse, de dire que les Helvètes sont tous névrosés, parce qu’ici, tout est propre et en ordre».

«Le but était de présenter une vision du quotidien dans ce pays. Cela peut paraître banal à première vue, mais le résultat est très surprenant, puisque que c’est tout ce mélange d’apports culturels qui forme finalement cette chose qu’est l’identité culturelle suisse», ajoute encore le Tessinois.

Envergure européenne

Les efforts conjugués du Musée cantonal d’art et du Musée d’art moderne (MDAM) doivent donner une visibilité et une envergure internationales à l’événement.

Ces deux institutions font partie intégrante du nouveau Pôle culturel luganais, projeté par le Dicastère de la culture de la ville – qui comprend également le Musée des Cultures – afin de valoriser les arts visuels et de la scène, soit la musique, le théâtre, l’art moderne et contemporain, l’histoire et les autres cultures.

A l’horizon de 2012, la ville de Lugano disposera aussi d’un véritable centre culturel digne des grandes capitales européennes. Ce «Centro culturale» sera abrité dans un édifice prestigieux, en construction sur le périmètre de l’ex Hôtel Palace, sur les rives du lac Ceresio. Et, il sera dirigé par l’équipe d’experts du Pôle culturel luganais.

swissinfo, Nicole della Pietra à Lugano

Lugano au centre de la Suisse: du 27 avril au 17 août 2008, le Musée cantonal d’art et le Musée d’art présentent une exposition de rayonnement international «Enigma Helvetia. Arts, rites et mythes de la Suisse moderne».

Cette exposition est dédiée au rapport complexe qui, de la fin des années 1980 à aujourd’hui, a caractérisé la production artistique, l’histoire, la culture et l’imaginaire de ce laboratoire unique et singulier qu’est la Suisse.

Le Musée cantonal d’art se consacre notamment au sentiment de la montagne, à l’invention du paradis, au mythe de Heidi, à la verticalité et à l’horizontalité, à l’épopée des transports.

Le Musée d’Art moderne se consacre aux mythes fondateurs, aux silences et aux solitudes, à Armand Schultness, à Dada & Co, à Made in Switzerland, à Bill et Tinguely ainsi qu’à la précision et à la miniaturisation.

Les quatre commissaires qui cosignent «Enigma Helvetia» (Cristina Sonderegger, Pietro Bellasi, Marco Franciolli et Carlo Piccardi) ont choisi de répartir les lieux d’exposition selon un parcours cohérent et propre à chacun des deux musées luganais.

Ainsi, en plein cœur de la ville, le Musée Cantonal d’Art sert d’écrin aux œuvres qui évoquent le territoire, l’environnement et le paysage et qui vont du témoignage photographique de la construction des premiers tronçons d’autoroutes aux affiches publicitaires nostalgiques, qui vantaient les mérites du tourisme en Suisse.

Quant au Musée d’Art moderne (MDAM), situé à quelques centaines de mètres de là, sur les rives du lac Ceresio, il se concentre sur les rapports entre l’individu et la société. On peut y admirer une série de travaux, sans rapport direct entre eux, mais qui évoquent des qualités biens suisses, comme la précision technique avec l’horlogerie suisse, ou encore, le génie du design avec des pièces signées Le Corbusier, notamment. L’exposition est à voir jusqu’au 17 août 2008 à Lugano.

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