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Entre les livres, le rêve et la réalité

Quand une jeune visiteuse apprend à fabriquer du papier recyclé... swissinfo.ch

Au Salon du livre de Genève, il y a la «Chasse au trésor», mais aussi Henri Dès ou Mike Horn... Lorsqu’on est enfant, mille raisons d’écarquiller les yeux.

Parcours fléché en compagnie de jeunes visiteurs, et d’adultes pour qui le mot «enfance» a un sens.

A l’entrée de la vaste halle, une garderie accueille les – très – jeunes visiteurs. Mais les enfants n’ont pas besoin d’être très âgés pour être happés par le vrai Salon. Tout est d’ailleurs fait pour qu’ils s’y sentent invités, au même titre que leurs aînés. De toute façon, le livre n’est pas nécessairement un truc de vieux, ils l’ont bien compris.

«Je lis beaucoup. Des romans, et puis des magazines», dit Aurélie, âgée d’une douzaine d’années. Morgan, 10 ans, confirme: «J’aime bien les livres! Les BD surtout, ‘Les Tuniques Bleues’ ou ‘Lucky Luke’». Ludovic, 8 ans, a quant à lui «vu un petit peu le Salon africain», et «acheté le numéro 45 des ‘Tuniques Bleues’» qui, décidément, ne vieillissent pas.

Loan, 12 ans, d’origine italienne, a déjà ce qu’on pourrait appeler une conscience sinon politique, en tout cas culturelle: «Je suis aussi venu parce que l’hôte d’honneur, c’est l’Italie, et l’ambassadeur a encouragé les profs à dire aux enfants de venir. Je lis surtout en français, mais aussi des BD en italien. Et je me suis acheté le 1er roman en italien que je vais lire!»

Moins de chance pour Floriane: «Tout ce que j’ai vu, c’était trop cher. J’aurais voulu acheter un truc sur les illusions d’optique… mais je n’ai que 20 francs!» La réalité, c’est aussi cela.

Henri Dès et les Pieds Nickelés

Il y a les achats, mais également les événements mis sur pied pour les enfants. Ainsi, cette année, une exposition consacrée à Henri Dès. «Je ne suis pas l’initiateur de ce genre de choses», constate le chanteur, présent au vernissage. «En fait, ça me gênerait presque! Je me dis ‘est-ce que c’est vraiment mérité, tout ça? Est-ce qu’on fait une exposition sur quelqu’un qui est encore vivant?’»

Vivant, il l’est encore, indéniablement: le 25 septembre sortira un nouvel album constitué d’adaptations françaises de tubes américains des années 70. Ainsi «Reggae Nights» deviendra «Fais des nattes» et «Born to be Alive» se métamorphosera en «Il faut que tu t’laves». Tout un programme. Et une tournée romande, puis française, suivront.

Dans le cadre de cette exposition, quelles sont les images de sa trajectoire qui le touchent particulièrement? «Celles des écoles qui portent mon nom, bien sûr. Et puis le coin Olympia, que je trouve assez sympa».

Puisque nous sommes là pour parler enfance, quels sont les livres qui ont marqué le petit Henri? «Les Pieds Nickelés», répond-il immédiatement, en éclatant de rire. «Et Tarzan, ajoute-t-il. Mon père m’apportait de temps en temps, le samedi à midi, un livre de Tarzan; ça me faisait vraiment rêver».

«Mais je ne lisais pas beaucoup de ‘vrais’ livres. Je me souviens tout de même de Robinson Crusoë… Un livre avec de grosses lettres. Dès qu’il y avait une image, je la regardais pendant des heures, parce que cela me faisait entrer dans l’histoire».

Trésor et poubelles


Chaque année depuis 17 ans, les enfants ont la possibilité de participer à la ‘Chasse au trésor’. Munis d’un plan, ils doivent répondre à des questions qui les renvoient de stand en stand, découvrant ainsi le Salon.

Thème de cette édition: le tri des déchets… Aïe! Moins exotique que ‘La route des épices’, comme ce fut le cas une année. «On a tenté de rendre ce thème ludique, tout de même», relève Marie-José Broggi, l’organisatrice de ce jeu de piste.

La préoccupation écologique n’a pas toujours été au cœur de ce jeu. «Au début, c’était l’aventure pour l’aventure. Les enfants devenaient les héros du salon, se l’accaparaient! Et depuis huit ans, nous travaillons avec l’Office fédéral de l’Environnement qui nous aide, et qui a trouvé en nous un support pour relayer son propos».

On comprend le soucis didactique. Mais les enfants ont-ils le même plaisir avec un thème aussi éducatif? «Etonnement, cela marche avec tous les thèmes. C’est d’ailleurs paradoxal que dans un monde où l’Internet et le virtuel ont pris un essor extraordinaire, le simple fait de parcourir un lieu avec un plan et un crayon, et d’arriver à un endroit qu’on aura cherché de façon un peu frénétique, marche aussi bien», s’enthousiasme Marie-José Broggi.

A propos, en 17 ans, le comportement des enfants a-t-il changé? «Non, pas vraiment. On voit parfois qu’il y a des problèmes d’orthographe. On se rend compte qu’ils sont de plus en plus assistés: quand ils ont des choix, des questions ouvertes, ils sont parfois empruntés, ils préféreraient avoir des réponses carrées. Sinon, ils sont vifs, rapides… Mais il n’y a pas de vrai changement.»

Regarder et imaginer

Il y a les activités formatées pour les enfants. Et il y a les personnages qui, de facto, les envoûtent. C’est le cas de Mike Horn, présent au Salon pour dédicacer son livre consacré à l’expédition «Arktos».

S’il draine évidemment moins d’enfants qu’Henri Dès, ceux qui sont présents le dévorent des yeux. L’aventurier a-t-il une explication? «Les enfants rêvent et je suis aussi un rêveur! Mais pour les enfants, c’est extrêmement dur de réaliser leurs rêves, alors que moi, à mon âge, je peux les réaliser. Et ça les fascine», dit-il.

Avant d’ajouter: «Je suis un peu un ‘exemple’ pour les enfants. Parce que je leur démontre qu’on n’a pas besoin de passer des heures au bistrot, qu’on n’a pas besoin de fumer des pétards: on peut faire des aventures et avoir une vie remplie de beaucoup d’émotions!»

Bloquons le temps un instant, et faisons-lui faire marche arrière… Si Mike Horn avait dix ans aujourd’hui, dans quel coin du Salon filerait-il, vers quels livres? «Le premier livre que je me suis acheté, c’était un atlas. Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas un livre. Mais un atlas, c’est un des plus beaux livres que tu peux trouver au monde. Tout simplement parce que tu n’as pas besoin de lire. Tu peux regarder et imaginer».

La poésie est souvent nichée dans le réel, dans le concret. Le tout est de savoir l’y repérer.

swissinfo, Bernard Léchot à Genève

– Le 19e Salon international du livre et de la presse se tient à Geneva-Palexpo du 27 avril au 1er mai.

– C’est dans ce cadre que se tiennent également Europ’Art, le Salon de l’Etudiant, celui de la Musique, le tout récent ‘Salon africain du livre, de la presse et de la culture’ et le ‘Village alternatif’.

– De nombreuses expositions sont proposées, à commencer par «Bonaparte et l’Egypte», qui souligne les formidables conséquences scientifiques et culturelles de la Campagne d’Egypte.

– Hôtes d’honneur: en tant que pays, l’Italie. En tant que région, Rhônes-Alpes.

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