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Expo.02, l’album (11): Etre mouton ou ne pas l’être

Quand le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel rend visite à l’arteplage swissinfo.ch

Critiquer l'expo ou y adhérer? Y aller ou ne pas y aller? Question importante, pour ceux dont le positionnement relève surtout d'une attitude.

L’année écoulée a été marquée par Expo.02. Album-souvenir en 12 images étonnantes.

«Soubdain, je ne sçay comment, le cas feut subtil, je ne eus le loysir le considerer: Panurge sans aultre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bellant. Tous les aultres moutons, crians et bellans en pareille intonation, commencerent soy jecter et saulter en mer apres, à la file.»

«La foulle estoit à qui premier y saulterait apres leur compaignon. Possible ne estoit les en guarder, comme vous sçavez etre du mouton le naturel, tousjours suyvre le premier, quelque part qu’il aille.»

Vous n’avez pas tout compris? Pas grave. Chacun connaît l’histoire des moutons de Panurge, que Rabelais raconte dans Pantagruel (Quart Livre, chapitre VIII, pour être précis).

Il y a moutons et moutons

Près de 10,3 millions d’entrées. Un Suisse sur deux environ qui s’est rendu à l’exposition. Selon les sondages, un taux de satisfaction très élevé sur le site (90%) et, dans le pays, une large majorité de citoyens favorables à la tenue d’une autre exposition nationale d’ici un gros quart de siècle (79%).

Pour dire qu’Expo.01. puis 02, avait été la cible de toutes les railleries et de toutes les critiques, le bilan apparaît comme pour le moins positif. A noter que la presse n’a pas suivi un chemin très différent: le 21 octobre, les médias étaient, dans leur grande majorité, dithyrambiques.

Un mouton jeté à l’eau des Trois-Lacs, puis dix, puis cent, puis mille, puis, simple effet de masse et de marketing, trois millions et quelque?

On pourrait le penser. Cependant, en suivant un peu la vie d’un arteplage, on constatait qu’ils étaient nombreux – les individus, pas les moutons – à y revenir, à y faire la fête, à métamorphoser un lieu, pourtant nouveau et artificiel, en leur lieu.

Il y eut les autres aussi, bien sûr. Ceux qui, jusqu’à la dernière minute, résistèrent. Parce qu’ils étaient contre le principe. Ou parce qu’ils n’étaient pas pour. Parce que c’était trop popu. Ou parce que c’était trop intello.

Ou simplement parce que le refus jusqu’au-boutiste est aussi une forme de posture. Une façon de se convaincre qu’on se distingue de la masse, tout en se conformant finalement à une attitude également clanique.

Au lieu de relever du groupe «visiteurs», on relève alors du groupe «neinsager», du groupe «je-m’en-foutiste», du groupe «obstiné», voire éventuellement du groupe «Genevois». Les quatre n’étant pas forcément incompatibles.

Dur, dur, de ne pas être grégaire.

swissinfo/Bernard Léchot

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