Expo.02 bradée
Vente aux enchères Expo.02 à Bienne: L'AMJ, l'Arteplage Mobile du Jura, a trouvé preneur à 160'000 francs ainsi que d'innombrables autres objets.
Mais un gros doute flotte sur le Monolithe, pourtant adjugé à un entrepreneur allemand pour 400’000 francs…
Dimanche et lundi, le Palais des Congrès de Bienne s’est transformé en salle des ventes. Au menu: 30’000 objets estampillés Expo.02 (dont 2’500 articles différents), du plus petit au plus impressionnant!
La vente aux enchères d’Expo.02 avait commencé il y a plusieurs mois sur Internet par le biais de la société ‘Used Market’. C’est ‘Trootswijk’, une entreprise basée en Hollande, qui s’est chargée de liquider les restes. De gros restes, d’ailleurs.
Le swing de l’AMJ
Ainsi l’AMJ, l’Arteplage Mobile du Jura, a été acheté par le Jazz Festival de Montreux pour 160’000 francs, avec toutes les installations qu’il comprend (scène, lumières, bar, etc.). Une bonne affaire pour la manifestation, car cette barge à gravier devenue bateau pirate avait coûté 3,6 millions à Expo.02.
La mise de départ était d’un million. Le commissaire-priseur a dû baisser les enchères à 500.000, puis à 300.000, enfin à 100.000 francs avant que la vente ne démarre.
Une transaction qui remplit de joie Juri Steiner, le chef de l’AMJ: «C’est Noël! Mon rêve a toujours été que l’AMJ ait une troisième vie. Le fait qu’il aille à Montreux, qui a un rayonnement mondial, c’est un cadeau, et une sorte d’ennoblissement, a posteriori, de ce projet».
Faux événement
Le temps fort de la vente de lundi aura été l’adjudication du fameux Monolithe flottant, principale «icône» d’Expo.02, un cube de métal rouillé de 34 mètres de côté, conçu et créé par l’architecte français Jean Nouvel.
Tension dans la salle… Pléthore de photographes et de cameramen… C’est un homme d’affaire allemand, Rolf Oberle, de Lahr, dans la région de la Forêt Noire, qui emporte le morceau pour le compte de la société de marketing Oberle A.G.
La mise de départ était de 2,2 millions de francs, soit 10% du coût réel du monument (22 millions). Mais les chiffres chutent rapidement, pour s’arrêter à 400’000 francs, le prix d’une – très – modeste villa.
Et c’est là que le bât blesse. Car peu après la vente, on apprenait que Nüssli Special Events à St-Gall, propriétaire de l’édifice, allait user du droit de veto qui est le sien. «Le prix proposé ne correspond pas à nos attentes, il est définitivement trop bas, nous ne vendrons pas le Monolithe à ce prix», indiquait à l’ats Stephan Rausch, chef de projet Expo.02 chez Nüssli.
Le suspense continue
La verrerie de Hergiswil, dans le Canton de Nidwald, également intéressée, avait pris le risque de ne pas venir à la vente aux enchères. Car elle souhaite obtenir toutes les autorisations nécessaires avant de décider d’un éventuel achat.
C’est donc – encore – le statu quo quant à l’œuvre de Jean Nouvel. L’annonce faite par l’entreprise Nüssli devrait en réjouir plus d’un. Ainsi Juri Steiner, qui après la vente du Monolithe, vente qu’on ignorait alors être ‘sous réserve’, déclarait: «C’est ce que je craignais qu’il advienne à l’AMJ. Que ce ne soit pas la valeur artistique ni le lien avec la Suisse qui soient d’abord pris en compte. Ils ont acheté le prix de la ferraille…»
Quelles sont néanmoins les motivations de Rolf Oberle? «Nous sommes très intéressés à l’architecture moderne, en particulier à Jean Nouvel», répond l’acquéreur. Oui, mais que veut-il faire du Monolithe? Il va «y réfléchir», et chercher un «bel endroit qui lui convienne».
Entre l’entreprise Nüssli et Rolf Oberle, des négociations sont désormais en cours. Une décision devrait être prise le 25 novembre.
Brouette et «Blinde Kuh»
En deux jours, ce ne seront pas loin de 3’000 personnes qui auront défilé au Palais des Congrès. Un tel cherchait une machine à fabriquer de la glace. Un tel un bar pour son établissement…
La gamme était vaste et les montants variés. Prix relativement élevés pour certains petits objets (180.- une brouette!), et plutôt modestes pour les constructions de taille: 6’500.- pour le bar du restaurant Mistral, à Neuchâtel. 19’000.- pour l’immense Halle de Cornaux. 14’000.- le pavillon «Blinde Kuh» de Morat…
D’autres objets n’on pas trouvé preneur, comme le ‘Mondial’, le lieu branché de l’arteplage d’Yverdon-les-bains, ou encore les catamarans solaires reliant Morat au Monolithe.
Palme de l’émotion à cet homme venu de Suisse centrale, et qui s’est rendu dix-sept fois à Expo.02… «J’espère trouver un souvenir qui m’aidera à me séparer de l’expo. A faire mon deuil», disait-il en riant tout de même. Il aurait peut-être mérité qu’on lui offre le Monolithe, non?
swissinfo/Bernard Léchot
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