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L’amnistie fiscale n’effraie pas encore la Suisse

L'amnistie fiscale pourrait être le point fort de Gerhard Schröder. Keystone

Gerhard Schroeder envisage de prononcer une amnistie fiscale. A terme, la Suisse pourrait faire les frais d'un exode de capitaux.

Mais les banques suisses restent sereines. Ecore flou, le projet du Chancelier allemand ne permet pas de mesurer ses effets.

L’annonce des grandes lignes de la réforme de la fiscalité de l’épargne en Allemagne marque le premier point fort de la nouvelle législature de Gerhard Schroeder.

A l’instar du système helvétique, le Chancelier souhaite mettre en œuvre un système de retenue à la source de 25% sur les revenus de l’épargne pour inciter les Allemands à épargner sur leurs terres.

Récupérer 300 milliards d’euros

L’enjeu est de taille. Selon les chiffres les plus récents, près de 300 milliards d’euros détenus par des ressortissants allemands sont gérés à l’étranger.

En outre, les ressortissants allemands désireux de rapatrier leurs avoirs bénéficieront d’une taxation unique de 25% durant l’année 2003 et de 35% de janvier à juin 2004.

La loi d’amnistie sera présentée au Parlement au début de l’année prochain, avec effet rétroactif au premier janvier 2003. Il est encore trop tôt pour mesurer avec précision les répercussions qu’aura cette mesure sur la place financière helvétique.

Les deux grandes banques suisses, déjà présentes sur le marché allemand, ne devraient pas souffrir exagérément.

Leur forte diversification géographique leur permet de se réapproprier la gestion des fonds une fois que ceux-ci ont retrouvé leur pays d’origine (gestion on shore). La position des banques privées reste plus préoccupante.

Des conséquences floues

«Pour des raisons de proximité et d’affinités linguistiques, le risque de perdre des parts de marché est plus élevé pour les banques privées de la région zurichoise», estime pour sa part Marie-Luce Telley, analyste de la banque Lombard Odier Darier Hentsch (LODH) à Zurich.

De manière générale, la réforme allemande n’a pas jeté l’effroi dans le monde helvétique de la gestion de fortune.

«Sans connaître tous les détails du plan d’amnistie, il reste très difficile d’évaluer précisément ses répercussions sur les banques suisses», a souligné Regina Anhorn, analyste de la banque LODH à Zurich.

Un soutien surprenant

Aussi paradoxal que cela paraisse, la refonte des règles concernant la fiscalité de l’épargne en Allemagne pourrait même servir les intérêts helvétiques.

L’adoption d’un système similaire à celui pratiqué par la Confédération, qui plus est par un des pays les plus influents de l’Union européenne, confère un poids accru à la position helvétique dans les négociations qu’elle mène actuellement avec ses principaux concurrents internationaux.

Les propos tenus au nom de l’Association suisse des banquiers l’attestent. Pour son porte-parole, James Nason, «l’Allemagne est un Etat souverain indépendant et la Suisse ne penserait pas une minute à lui dicter sa politique en matière de fiscalité de l’épargne. Au même titre, la Suisse attend de ses partenaires internationaux qu’ils respectent aussi sa souveraineté».

Même si les armes de ses adversaires ont changé, la Suisse continue de défendre le bien-fondé du secret bancaire.

swissinfo/Jean-Didier Revoin

La Suisse possède 1/3 du marché mondial de la gestion de fortune.
L’amnistie fiscale italienne a drainé près de 44 milliards de francs hors des frontières helvétiques.
Le gouvernement allemand souhaite récupérer près de 442 milliards de francs gérés hors des frontières.

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