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L’amnistie fiscale italienne tétanise le Tessin

De nombreuses banques comme la BSI, l'ancienne Banca della Svizzera Italiana, craignent l'amnistie fiscale italienne. swissinfo.ch

La première amnistie fiscale italienne a déjà fait sortir des coffres des banques du Tessin 30 à 40 milliards de francs.

La nouvelle «Legge finanziaria 2003» (loi financière 2003) pourrait être tout aussi meurtrière pour la Suisse italienne, déjà frappée par une chute du tourisme.

La lettre aux actionnaires, signée le 13 août dernier par Marcel Ospel, le président du Conseil d’administration de l’UBS, est sans ambiguïté. Elle parle d’un «reflux net de 3,8 milliards de francs, conséquence de l’amnistie fiscale décrétée en Italie». C’est déjà une grosse somme pour une grande banque.

De plus petits établissements financiers, davantage tournés vers la clientèle de la Péninsule, ont eux aussi essuyé une chute des avoirs confiés par leur clientèle italienne. 4,5 milliards de francs pour la BSI, l’ancienne Banca della Svizzera Italiana, 2,9 milliards pour la Banca del Gottardo, actuellement en vente, et qui peine à trouver un repreneur.

«Les banques de la Suisse italienne ont perdu 30 à 40 milliards de francs avec la première amnistie fiscale», s’inquiète Franco Ambrosetti, président de la Chambre de commerce et de l’artisanat du Tessin.

Et d’ajouter: «la nouvelle amnistie, qui débute le 1er janvier 2003, risque de faire également de gros dégâts. Qu’attend le gouvernement pour créer une task force»?

Modeste pénalité pour les fraudeurs

Depuis de nombreuses années, le canton vit essentiellement du secteur tertiaire: la finance d’un côté, le tourisme de l’autre. Or, les deux mamelles du Tessin tarissent. Cette année, le nombre de visiteurs a dégringolé de 25% par rapport à 2001.

Quant aux banques, les fiduciaires, les cabinets d’avocats d’affaires, elles vivent essentiellement de la manne italienne. Par peur du communisme, par manque de confiance dans leur monnaie, et pour ne pas payer d’impôts, beaucoup d’Italiens fortunés planquaient leurs économies à Lugano ou à Locarno.

Or, moyennant une modeste pénalité de 2,5%, les fraudeurs avaient jusqu’au 15 mai 2002 pour rapatrier leurs économies. Le gouvernement Berlusconi donne une nouvelle chance aux retardataires. La seconde amnistie fiscale s’étendra du 1er janvier au 30 juin 2003, avec, cette fois, une pénalité de 4%.

Filiales italiennes de banques suisses

Les 56 établissements financiers installés au Tessin attendent avec inquiétude cette nouvelle opération qui pourrait leur coûter 1000 à 1500 postes de travail.

Les banques, toutefois, ne se sont pas laissées manger la laine sur le dos. Elles ont pris les devants en créant des filiales en Italie, afin d’«accompagner» leurs clients italiens chez eux.

Un exemple? La BSI a mis sur pied une banque dans la Péninsule, la Banca BSI Italia, en avril 2002, dont le siège est à Milan.

«Cette implantation locale nous a permis de récupérer environ 50% provenant des transferts dus à l’amnistie fiscale italienne», souligne Gerald Robert, directeur de la BSI. Même scénario à la Banca del Gottardo, qui a pu reprendre 1 milliard de francs (sur les 2,9 milliards perdus) grâce à sa filiale italienne de Bergame.

«Malgré tout, ce sont des emplois définitivement perdus pour le Tessin», conclut Franco Ambrosetti.

swissinfo/Ian Hamel

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