
Les assureurs au creux de la vague, Allianz aussi

Comme ses concurrentes, Allianz Suisse est tombée dans le rouge en 2002. Elle annonce une perte de 170 millions contre un bénéfice de 96 millions en 2001.
Mais, pour cet assureur comme pour les autres, la situation devrait s’améliorer cette année.
«Les assurances ont réduit leur exposition sur le marché des actions. Elles ont également pris conscience de l’importance de leur rentabilité opérationnelle.»
En clair, pour l’analyste à la banque Ferrier Lullin, le secteur est sur la bonne pente. Plusieurs autres spécialistes contactés par swissinfo confirment l’optimisme prudent de Marc Effgen.
En 2002, les assureurs ont quasiment tous fini dans le rouge et mis leurs pertes sur le compte des marchés boursiers.
Une véritable ruée sur les actions
De tous temps, les assurances ont encaissé des primes et placé cet argent sur les marchés financiers, avec l’éventualité de devoir le reverser un jour à l’un ou l’autre assuré.
Mais, ces dernières années, elles ont pris des risques. Plutôt que d’opter pour des placements relativement sûrs mais peu rentables, elles ont acheté des actions. Beaucoup d’actions.
«Dans le secteur de l’assurance-vie, indique Marc Effgen, la part en actions des portes-feuilles atteignait 6% en 1990 et presque 25% dix ans plus tard. Et dans l’assurance non-vie, on est passé de 19% à 37,9%.»
Avec la chute des marchés boursiers, la valeur des portes-feuilles en actions a fondu. D’où dépréciations d’actifs et pertes.
Dorénavant, la part en actions dans les portes-feuilles ne dépasse plus 10%. Les primes finissent en cash ou s’investissent en obligations, moins risquées que les actions.
Un effondrement du marché des obligations n’est pas exclu. Mais les analystes en relativisent l’imminence et l’impact sur les assureurs, qui détiennent des obligations à l’actif et au passif.
Retour vers la rentabilité opérationnelle
Dans l’euphorie boursière, les assurances en avaient un peu oublié leur rentabilité opérationnelle, liée aux primes encaissées et aux sinistres remboursés.
Aujourd’hui, elles se battent contre les coûts. Et elles comptent sur des hausses de primes.
D’un secteur à l’autre, les perspectives varient. Selon les analystes, la situation est la plus critique dans l’assurance vie.
Dans ce secteur, la Confédération a imposé en janvier un taux d’intérêt minimal de 3,25% fixant la rémunération minimale des avoirs en prévoyance professionnelle.
«Un objectif, constate Marc Effgen, très difficile à atteindre avec les portefeuilles financiers actuels,» D’où les demandes réitérées de la branche d’abaisser ce taux minimal, voire de le supprimer carrément.
Dans le secteur de la réassurance, les hausses sensibles de primes ont déjà eu un positif sur la rentabilité opérationnelle.
Quant au secteur de l’assurance non-vie, il pourrait retrouver également les chiffres noirs cette année. Les analystes tablent, là aussi, sur les hausses de primes.
En confidence, un spécialiste zurichois dit s’attendre à une progression rapide de 3 à 5% de leur niveau.
Les résultats d’Allianz Suisse
Reste que 2002 restera comme une année noire pour les assurances. Y compris pour Allianz Suisse, qui a annoncé mercredi une perte de 169,5 millions.
Son plongeon s’explique par le recul des marchés financiers, selon le président de la direction Gerd-Uwe Baden. Qui met aussi en cause les déficits dans la prévoyance professionnelle.
En raison de la baisse des actions et du bas niveau des taux d’intérêt, le résultat financier d’Allianz Suisse a été divisé par deux à 144,4 millions de francs.
Pour leur part, les primes brutes encaissées ont reculé de 2% à 3,5 milliards de francs, une moitié dans l’assurance vie et l’autre dans le non-vie.
Côté emploi, la fusion de la Bernoise, d’Elvia et d’Allianz se paiera encore, comme déjà annoncé, par la perte d’une centaine d’emplois d’ici fin 2003, début 2004. L’an dernier, les affectifs ont reculé de 1,9% à 4404 personnes.
En 2002, la branche vie d’Allianz Suisse affiche un léger bénéfice de 500 000 francs (-95%), grâce à une «injection de bénéfice» équivalente à une augmentation de capital depuis la branche non-vie. Une décision stratégique pour éviter qu’un déficit ne nuise à la confiance du marché.
Par effet de siphon, la branche non-vie accuse une perte de 172,1 millions, après un gain de 78,8 millions en 2001.
swissinfo, Pierre-François Besson

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