Des perspectives suisses en 10 langues

Fribourg: gare aux migraines!

Exemple de performance très physique due au new-yorkais Spencer Tunick. Spencer Tunick

A Fribourg, début vendredi de la 19e édition du Belluard Bollwerk International (BBI). Pendant une grosse semaine, ce festival propose des événements artistiques tous azimuts, choisis en fonction d'une désarçonnante interrogation posée par les organisateurs: «Reste-t-il quelque chose à faire?»

Le Belluard est une magnifique forteresse médiévale au centre de la ville de Fribourg… On y imaginerait aisément des trouvères, ou éventuellement une représentation de Shakespeare, brutale et lyrique. Voire du rock gothique. Mais le BBI, lui, vit ailleurs: dans le monde de l’avant-garde.

Au cœur de cette édition 2001: une réflexion face à la surconsommation artistique et la récupération des projets les plus pointus. En effet, selon les propos tenus à l’ATS par Gabrielle Gawrysiak, membre du comité de programmation, «même les choses les plus radicales et dérangeantes sont récupérées par un certain mercantilisme, par les sponsors et les médias».

«Reste-t-il quelque chose à faire?», se sont donc demandés les programmateurs. Cette année, en huit jours plutôt que quinze, comme c’était le cas les années précédentes, et sous l’égide d’un nouveau directeur, Olivier Suter, une vingtaine d’événements artistiques seront présentés dans les domaines de la danse, de l’art scénique, de la musique, de la vidéo et de la performance-installation.

Côté arts visuels, on pourra notamment découvrir l’attraction «Impacts» du Fribourgeois Jean-Damien Fleury et de la Zurichoise Nika Spalingerou, ou le «Robogun» du Parisien Philippe Mestre. Dans le domaine des «live arts», l’Allemande Angie Hiesl présente des personnes âgées «suspendues» à la façade d’un immeuble, à plusieurs mètres au-dessus du sol. Voilà qui interpelle.

Jean-Daniel Berclaz revisite la tradition de la peinture de paysage et invite au «vernissage d’un point de vue». Quant au new-yorkais Spencer Tunick, il propose une performance collective en tenue d’Adam et Eve, dimanche à 05h15. Les tuniques roses, en quelque sorte.

Le BBI a indéniablement le mérite de l’ouverture, de la curiosité et de l’interdisciplinarité. Et tout aussi indéniablement les inconvénients de l’hermétisme et d’une forme de jusqu’au-boutisme élitiste. «Reste-t-il quelque chose à faire?» Suspense. Remarquez, les organisateurs ne prétendent pas apporter de réponses, mais faire des propositions…

Et le public, dans tout ça? Face à une interrogation si terriblement affriolante, ne risque-t-il pas de répondre par l’affirmative… et de se rendre au cinéma, par exemple?

Bernard Léchot

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision