Grâce à Gucci, l´horloger suisse Bédat entre dans la cour des grands
Le groupe du luxe Gucci vient de prendre le contrôle de 85 pour cent du capital de Bédat & Cie, fabricant suisse d´horlogerie que l´on peut ranger dans le club du haut de gamme. Derrière ce mariage se profile une stratégie qui s´inscrit dans la durée.
Cette union illustre d’abord la volonté du groupe italien de jouer un rôle en vue dans le segment horloger. Il est propriété – contestée pour l’instant devant les tribunaux – de François Pinault.
Bédat vient renforcer le pôle horloger du groupe qui, outre les montres de mode Gucci, possède Yves Saint-Laurent et le joaillier Boucheron. Il lui manquait un produit plus technique, plus traditionnellement horloger, c’est aujourd’hui chose faite.
Ensuite, ce rachat signifie que le monde horloger de demain continue de se mettre en place, un monde qui sera dominé par les grands groupes, Swatch, Richemont, LVMH, Rolex et, peut-être, Gucci.
On l’a vu au cours de cette année, à travers les nombreux rachats de marques horlogères, chacun de ces groupes élargit la gamme des garde-temps qu’il entend mettre sur les marchés.
Parallèlement, ils manifestent la volonté de contrôler et de verticaliser la production. C’est ainsi que, discrètement, ils acquièrent leurs principaux fournisseurs de boîtes, de cadrans, de bracelets et de composants. C’est un premier pas qu’ils franchissent avant de jeter leur dévolu sur la distribution.
Cette évolution met également en lumière les difficultés de plus en plus grandes qu’auront, à l’avenir, les horlogers indépendants. Ils seront, à relativement court terme, condamnés à l’excellence, comme Patek Philippe, ou à devenir extrêmement inventifs afin de s’imposer dans des niches ou dans certains marchés spécifiques.
En tout état de cause, la voie solitaire deviendra de plus en plus un chemin de croix et le risque de disparition de marques moyennes devient de plus en plus aigu.
Eric Othenin-Girard
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