Des perspectives suisses en 10 langues

Les incertitudes de l’après-Arafat

La mort de Yasser Arafat a fait les gros titres de la presse suisse de vendredi. swissinfo.ch

La presse suisse salue la figure historique de Yasser Arafat. Mais après sa disparition, les commentateurs balancent entre craintes et espoirs pour la paix.

Pour la plupart des médias suisses, la balle est maintenant dans le camp israélien.

Les journaux suisses de vendredi reconnaissent qu’avec Yasser Arafat, c’est un acteur majeur de politique proche-orientale qui s’en est allé. Mais pas pour autant question de verser dans le panégyrique.

Les commentateurs se montrent très critiques sur le rôle du leader palestinien.

«Pour avoir trop duré, trop fait le vide autour de lui, pour n’avoir pas osé aller trop loin, Arafat ne rejoindra pas le panthéon des icônes universelles», écrit par exemple La Liberté.

«Les séquences ont été si diverses, les rôles joués et les personnages successifs si désaccordés qu’ils permettent les rhétoriques les plus contradictoires – l’éloge funèbre pour les uns, le réquisitoire ou la déploration des occasions perdues, pour les autres», renchérit La Tribune de Genève.

Avec une photo de l’épouse de Yasser Arafat, Blick fait même dans la provocation. «Sa veuve sait-elle où sont ses milliards?», se demande ainsi le quotidien populaire alémanique.

Quelques fragiles espoirs

Une chose est en tout cas évidente pour tous les commentateurs: la mort du vieux combattant marque un nouveau départ dans la politique au Proche-Orient.

«Laissons l’Histoire juger son œuvre. Pour l’heure, la disparition du leader palestinien semble déjà marquer un tournant au Proche-Orient. Avec, à la clé, des incertitudes certes, mais également quelques fragiles espoirs», estime 24 Heures.

Même constat au Tages Anzeiger, pour qui la disparition de Yasser Arafat permet à la région d’en arriver à l’«heure de vérité». Mais pour parvenir à la paix, il faut qu’Israéliens et Palestiniens puissent s’entendre. Or, les deux partenaires n’ont pas le même poids à la table des négociations, fait remarquer le quotidien alémanique.

Dans le camp israélien

Pour les médias suisses, l’avance du processus de paix repose en grande partie sur Israël. «Autant le dire, une fois un gouvernement légitime reconstitué à Ramallah, la balle sera dans le camp israélien», écrit Le Matin, le quotidien populaire romand.

Même son de cloche pour 24 Heures: «La balle est donc aussi dans le camp des Israéliens, privé de l’alibi Arafat, qui ne pourront pas se contenter d’un simple retrait de Gaza. A moins de vouloir favoriser le camp des extrémistes palestiniens.»

Au Tessin, La Regione s’interroge également sur le rôle des Israéliens dans le processus de paix: «Que peut donc être la paix de Sharon? Il n’a jamais rien voulu savoir d’Oslo, le Camp David, de Taba ou de l’Initiative de Genève.»

«Arafat mort, reste Sharon», constate pour sa part le Corriere del Ticino. Mais pour ce journal, le premier ministre israélien ne représente pas un «obstacle à la paix».

«Bien qu’il soit vu comme un faucon associé historiquement aux colonies israéliennes – un des principaux obstacles à la paix – la réalité est bien différente. Sharon n’est pas un dogmatique», affirme le Corriere del Ticino.

Le temps des héros est passé

Mais les Palestiniens auront bien sûr aussi une part de responsabilité dans l’évolution du processus de paix.

«La question est aussi de savoir si les Palestiniens seront en mesure d’utiliser la dynamique née de la mort d’Arafat à leur profit», juge le Bund.

«Arafat n’est pas mort en martyr, mais – comme d’autres – de maladie et de vieillesse. Désormais, le travail politique doit effacer l’époque des héros et des mythes», conclut la Berner Zeitung.

swissinfo, Olivier Pauchard

– La cérémonie funèbre en l’honneur de Yasser Arafat a lieu vendredi en fin de matinée au Caire.

– La Suisse y est représentée par le ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.

– Le cercueil sera ensuite conduit dans le Sinaï, puis transporté par deux hélicoptères jordaniens à Ramallah, en Cisjordanie.

– Yasser Arafat y sera enterré avant le coucher du soleil.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision