Des perspectives suisses en 10 langues

Justice fantôme pour une femme

Nadège Beausson-Diagne est la «Femme fantôme». Mario Del Curto

Au Théâtre de Vidy-Lausanne, le Britannique Michael Batz met en scène une pièce de sa compatriote Kay Adshead.

Une jeune comédienne noire sert avec ardeur un texte émouvant sur les demandeurs d’asile politique.

Son passage sur la petite scène de Vidy aura donné la parole aux prisonnières d’opinion, aux requérantes d’asile en Occident, à toutes les victimes d’exactions politiques qui n’ont jamais pu parler.

Elle est Africaine, elle s’appelle la Jeune Femme. Sous cet anonymat se lit la dimension symbolique de son personnage, ici incarné par Nadège Beausson-Diagne. La comédienne est dirigée par Michael Batz qui met en scène «La Femme fantôme», une pièce de la jeune dramaturge écossaise Kay Adshead.

Celle-ci y va de sa plume poétique et lucide, qui rappelle par moments l’écriture de son compatriote Harold Pinter. Le grand Pinter connu pour ses prises de position politiques radicales (on pense à deux de ses textes «One for the road» et «Ashes to Ashes»).

Le monologue du souvenir

Comme lui, Kay Adshead, talent prometteur, refuse le sentimentalisme et opère par chocs: ressentiment et espoir, amour et solitude, rêves et frustrations…

Le tout servi dans un long monologue où s’entrecroisent une vingtaine de personnages et autant de consciences que la comédienne, accompagnée d’un musicien (Julien Goualo), anime comme dans un souvenir.

Le souvenir, justement, est au cœur de ce spectacle. Espace circulaire drapé d’un rideau de tulle métallique qui donne à la scène l’aspect d’une photo tramée, usée par le temps.

Comme est usée cette Jeune Femme africaine, journaliste de son état, que l’on voit apparaître derrière le rideau puis y disparaître une heure et demie plus tard.

Entre-temps, elle aura essayé, à l’ombre du passé, de construire le présent sur une terre d’asile, la Grande Bretagne. Mais en vain.

Entre-temps aussi, le metteur en scène aura cristallisé, dans une esthétique gris fer, la nausée de cette «Femme fantôme» qui se découvre absente à la place où elle devrait être.

swissinfo, Ghania Adamo

«La Femme fantôme», Lausanne, Théâtre de Vidy, jusqu’au 13 décembre.
Tél: 022.619. 45.45.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision