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Là-haut sur la montagne, des photographes…

Travail du photographe Marco Volken. MAS

Jusqu’à l’automne, le Musée alpin suisse (MAS) à Berne lève un coin de voile sur sa vaste collection de photos de montagne et de voyage. Une première.

Au moment de célébrer ses cent ans, le MAS souhaite devenir un carrefour de tous les débats qui concernent la montagne.

Un peu par la force des choses et de sa longue histoire, le Musée alpin suisse a accumulé une collection de photographies insoupçonnée à l’extérieur de ses murs. Pas moins de 160’000 plaques de verre, d’épreuves originales, de diapositives, de négatifs, de vues stéréographiques se rapportant à la montagne et aux voyages en climats froids.

Aux dires du musée, il s’agirait même de la plus importante collection de ce type en Suisse. Elle «revêt une importance européenne selon des milieux compétents», assure Urs Kneubühl, directeur du MAS.

A cent ans, la vénérable institution a décidé de se redessiner. Elle présentera sa nouvelle stratégie en avril seulement, mais il est déjà acquis que la photographie occupera une place centrale dans son travail.

D’où cette exposition intitulée «L’éternité et l’instant – la photographie de montagne et de voyage de 1860 jusqu’à nos jours».

«C’est la première fois que nous mettons la photographie au centre et que le public peut découvrir une partie de notre collection, explique Urs Kneubühl. Il s’agit ici de la pointe de l’iceberg.» Une pointe presque aussi vaste que l’histoire de la photographie elle-même.

Douze photographes helvétiques

Sur les 250 photographes impliqués dans sa collection, le MAS en a choisi douze. Dont quatre aujourd’hui en activité. Le concept: un sujet par auteur, trois thèmes récurrents – la nature, la culture et l’humain – et 70 agrandissements.

Au début était la glace. Ou plutôt les glaciers de l’aîné Jules Beck (1825-1904), hauts lieux touristiques en ce milieu de 19e siècle. Puis viennent les femmes alpinistes en action – une rareté! – de Paul Montandon et les portraits quasi-ethnologiques des gens du Haut signés Franz Rohr.

Mort en 1963, Paul Louis Mercanton a participé en 1921 à une expédition sur l’île norvégienne de Jan Mayen. Objectif: édifier une station météorologique et procéder à un relevé géodésique. Le Lausannois en est revenu avec une série de diapositives sur verre colorées à la main remarquables d’irréalisme suggéré.

Outre les duos photographiques-souvenirs d’Ernst Lautenschlager et les neiges immaculées en format 6X6 de Robert Schönbächler, le MAS présente le travail d’Eva Isenschmid (1948-1974), guide frustrée par le machisme social de l’époque mais vraie photographe de reportage au regard épanoui.

Le dernier carré des photographes présentés à Berne ont en commun d’être des contemporains. La photo moderne leur est passée sous les yeux.

Acrobatique, Marco Volken capte une télécabine en surplomb du paysage. Patrice Schreyer saisit les artistes de la glisse pour de parfaites images de pub. Thomas Ulrich donne chair à la dureté des frimas et aux conditions extrêmes régnant tout au sud de la Patagonie.

Loin du regard ethnologique

Contre-point à tous ses collègues, Giosanna Crivelli parie sur le grain du paysage, sur l’émotion qui se dégage des structures géomorphologiques. Ses photos en deviennent abstraites. Nues, elles ramènent à l’humain singulier plutôt qu’à celui presque calibré par le regard ethnologique de nombre de ses prédécesseurs.

C’était hier et aujourd’hui. Mais le MAS assure qu’il continuera demain à bâtir la mémoire de la montagne en images. Mieux même – nouvelle stratégie aidant – il fera entrer dans ses murs l’actualité avec un grand A. L’idée: devenir un carrefour de débat.

«Le rôle de la montagne en Suisse, les relations entre le Plateau, le moyen pays et les régions de montagne sont une question importante pour l’avenir de notre pays, explique Urs Kneubühl. Nous voulons aussi participer à cette discussion.»

swissinfo, Pierre-François Besson

«L’éternité et l’instant – la photographie de montagne et de voyage de 1860 jusqu’à nos jours» est présentée jusqu’au 25 octobre au Musée Alpin suisse à Berne.
Elle montre le travail de douze photographes suisses, dont quatre sont aujourd’hui en activité.
Aux dires du MAS, sa collection est la plus importante sur le sujet en Suisse. Elle comprend 160’000 objets photographiques.

– Outre sa collection de photos, le Musée alpin suisse (MAS) possède 20’000 objets divers. Dont la plus grande collection au monde de reliefs montagneux, une importante collection de skis, des affiches touristiques, des cartes de géographies, des tableaux.

– Lancé sur l’initiative de la section bernoise du Club alpin suisse (CAS), le MAS a ouvert ses portes en 1905. Il est actuellement financé pour 42% de son budget par des fonds publics.

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