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L’armée et Expo.02 s’envoient en l’air

swissinfo: Six ‘Tigers’ sur fond d’arteplage swissinfo.ch

L'armée suisse, très présente à Morat, s'est fait remarquer vendredi dans le ciel neuchâtelois. Spectaculaire.

«Pas de commentateur!» a exigé Expo.02. Alors c’est sur un tapis de musique électronique, diffusé sur tout l’arteplage, que l’armée de l’air helvétique a procédé à une «démonstration». Et quand le rugissement d’un FA-18 vient se mêler à la rythmique d’un D’J, le résultat est, on s’en doute, retentissant. Expo.02, où quand la pédagogie s’efface derrière la volonté d’esthétisme et d’émotion.

Les forces aériennes suisses se sont déjà illustrées lors du spectacle d’ouverture (FA-18 et hélicoptères), le 23 mai dernier à Morat et ce vendredi à Neuchâtel, pour un mini-meeting qui sera d’ailleurs à nouveau présenté le 6 septembre prochain.

Rouge-blanc-bleu

Au programme, pour commencer, un FA-18 en solo, formidablement assourdissant. «Un seul, car c’est une démonstration en vol des performances de l’appareil; on n’en montre qu’un à la fois, c’est une règle dans l’aéronautique» précise Jacques-Henri Addor, chargé de la communication du DDPS (Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports).

A propos, le FA-18 aurait-il des points communs avec Expo.02? Au hasard, il coûte cher, il ne sert à rien et tout le monde a pourtant du plaisir à le regarder… «Cela n’engage que vous, répond Jacques-Henri Addor en riant. Je pense que dans un concept de sécurité élargie, qui va au-delà de nos petites frontières et de nos petites montagnes, et qui inclut une collaboration internationale, de tels avions ne servent à rien quand tout va bien. Mais dans un autre contexte, en cas de menace terroriste par exemple, ils pourraient devenir utiles… »

Après les passages répétés du FA-18, un groupe d’éclaireurs parachutistes tombe du ciel. Suivront encore le «Team PC-7» (neuf Pilatus PC-7), et pour conclure, les figures impeccables des six Tigers de la Patrouille suisse, fuselage rouge à croix blanche sur fond de ciel bleu immaculé. Plein les yeux, plein les oreilles, et même plein les naseaux: l’odeur du kérosène parvient jusqu’au sol.

L’armée s’engage et s’expose

L’armée a largement participé à la construction d’Expo.02, par le biais des troupes du génie, comme elle participera également à son démantèlement. Au cours de la période d’exploitation, elle est également au front, si l’on peut dire, notamment par l’engagement de soldats de la route ou de représentants de la protection civile.

Au-delà de cet engagement pratique, c’est à Meyriez., juste à côté de Morat, que l’armée helvétique s’expose. Au travers d’une exposition intitulée «Werft», «Chantier naval» en français, qui réunit plusieurs départements fédéraux. Une réflexion franchement conceptuelle à propos de la politique de sécurité, et cela dans un sens très large.

Plus singulier: à côté du très chic hôtel-restaurant «Vieux Manoir», et dans une esthétique qui tient du camp retranché et du tissu de camouflage, un «bistro militaire». Ainsi qu’un vaste pavillon présentant plusieurs activités de l’armée. Et cela en marge d’Expo.02, car pour les organisateurs de la manifestation, l’armée, sous cette forme-là, n’était pas franchement la bienvenue ‘intra muros’.

Une demande de la population

Du franchement cérébral (à l’expo) au pragmatisme total (hors expo), donc. Un contraste qu’admet volontiers Jacques-Henri Addor: «Werft est dû à un groupe de réflexion, qui s’est préoccupé du contenu, et qui était plutôt constitué d’intellectuels. Mais l’armée se devait d’être présente à Expo.02 en tant que telle. Et dans ce cadre-là, on ne voulait pas faire un déploiement d’armes comme en 64 à Vidy, mais montrer plutôt ce que l’armée représente comme trait d’union avec la population et les autorités civiles».

Aller boire un verre dans un bistro militaire, l’idée peut pourtant paraître saugrenue. Et bien non: «Chaque jour, on y fait trois fois le chiffre d’affaire qui avait été envisagé à l’origine!» se réjouit Jacques-Henri Addor.

De cette présence multiple à l’expo et en marge de l’expo, qu’attendent les autorités militaires? «Je crois que c’est davantage la population qui attend quelque chose de l’armée, même si certains ne s’y intéressent pas du tout, ce qu’on peut comprendre. Mais il y a beaucoup de gens qui sont intéressés à savoir ce que l’armée est aujourd’hui.»

Et Jacques-Henri Addor d’ajouter: «Le Suisse lambda sait qu’il entretient à grands frais une armée, et il veut la voir dans une exposition nationale. Il est vrai que l’armée n’avait guère sa place dans un grand concept très artistique comme celui d’Expo.02, sinon par le biais d’une exposition type ‘Weft’. Mais il fallait également tenir compte de la volonté de rencontrer l’armée que les Suisses ont la plupart du temps».

A noter également qu’à Meyriez, le DDPS propose également des expositions temporaires: la première, inaugurée ce vendredi, est consacrée aux mines antipersonnelles et au déminage. Suivront l’ONU, la Paix et la coopération pour la sécurité nationale.

swissinfo/Bernard Léchot

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