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La ‘nymphe Ancolie’ de Max Ernst revisitée

Max Ernst, «La nature à l'aurore – chant du soir».

Pour la première fois depuis des décennies, une exposition offre à nouveau en Suisse un vaste panorama de l'œuvre protéiforme de Max Ernst.

Cet accrochage au Musée Tinguely à Bâle est l’occasion de procéder à la restauration, en public, d’une œuvre conservée dans notre pays depuis sa création, en 1934.

Max Ernst est, parmi les surréalistes, l’un des plus inventifs, quant au style, aux techniques et aux thèmes abordés. Un vrai magicien!

Le Musée Tinguely de Bâle lui rend hommage, à travers une œuvre qu’on peut dire méconnue, car connue pendant plusieurs décennies sous ses seuls aspects décoratifs. Intitulée «Pétales et jardin de la nymphe Ancolie», elle fut peinte en 1934 pour le bar-dancing du Théâtre Corso à Zurich.

Détachée du mur pour lequel elle avait été conçue et entreposée au Kunsthaus de Zurich dès la fin des années cinquante, elle déménage au Musée Tinguely, dans le cadre d’une vaste exposition dédiée au peintre, accompagnée d’une restauration publique de l’œuvre. Celle-ci restera à Bâle, en «prêt permanent».

Vie secrète

Elle est ici entourée d’environ 150 peintures, sculptures, collages et frottages, liés par leur thème, végétal et animal, à l’œuvre centrale. Soit des forêts enchantées, aux allures de villes englouties, des oiseaux baptisés Loplop qui figurent l’artiste lui-même, des feuilles qui deviennent papillons et des nymphes qui courent après leur longue chevelure.

Chez Max Ernst, la nature est animée d’une vie secrète, qui reflète la vie intérieure des humains, des poètes en particulier. Grand spécialiste de l’univers de Max Ernst, Werner Spies a apporté sa contribution à cette manifestation au Musée Tinguely. Il en a profité pour rappeler l’admiration que vouait Jean Tinguely à Max Ernst, tous deux ayant occupé des ateliers voisins à Paris dans les années cinquante.

Au fil de l’exposition, et de la restauration, la peinture «Pétales et jardin de la nymphe Ancolie» devrait retrouver les bleus de son fond originel, et les tonalités très vives des pétales rouge sang des fleurs mises en scène.

Celles-ci, d’une forme étrange et suggestive, recouvrent les jambes et le mystère de la fameuse nymphe, que surmonte une forme d’oiseau. Allusions, sous les dehors spectaculaires, ornementaux, à l’inconscient et aux pulsions qui nous habitent.

swissinfo, Laurence Chauvy

Né en 1891 près de Cologne, Max Ernst est venu pour la première fois en Suisse en 1917, à Bâle, où il a exposé aux côtés de Klee, Kandinsky et Kokoschka.

Mais c’est à Paris, auprès des surréalistes, qu’il côtoiera les peintres et les écrivains les plus proches de ses propres préoccupations.

En 1934, lié à la Suissesse Meret Oppenheim, Max Ernst, s’inspirant d’une planche botanique, réalise la décoration du dancing du Théâtre Corso à Zurich, qui restera en place pendant vingt ans, derrière les couples de danseurs et les convives.

L’artiste, qui avait émigré aux Etats-Unis pendant la guerre, reviendra s’établir à Paris, où il s’éteindra en 1976.

L’exposition «Max Ernst, dans le jardin de la nymphe Ancolie» est visible au Musée Tinguely (Paul-Sacher-Anlage 1) à Bâle jusqu’au 27 janvier. Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h.

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