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La montagne miniature

Le relief du Cervin, réalisé par Xaver Imfeld pour l'Exposition nationale de 1896 à Genève.

Le Musée alpin suisse, à Berne, possède la plus importante collection au monde de reliefs montagneux. Jusqu'en février 2008, il consacre à ces représentations en trois dimensions une exposition intitulée «Construire des montagnes».

Nés au XVIIIe siècle, ces modèles réduits associant connaissances scientifiques et sens artistique ont connu leur heure de gloire à la fin du XIXe siècle.

«Le terrain accidenté de la Suisse se prêtait merveilleusement bien à la construction de reliefs. Avoir une vue aérienne des montagnes et vallées représentait un défi technique et artistique», indique Urs Kneubühl, directeur du Musée alpin suisse à Berne (MAS).

Cartes et reliefs se sont développés en parallèle au XIXe siècle, avec les débuts du tourisme en montagne. Mais alors que les premières sont utilisées couramment, les seconds sont, en raison de leur poids, tombés dans l’oubli auprès du grand public.

«Il s’agit pourtant de trésors culturels nationaux», relève le géographe. Aucun autre pays n’a construit autant de reliefs et d’une telle qualité que la Suisse, encouragée par le Club alpin et la Confédération.

Connaissance du terrain



Utilisés à l’origine à des fins militaires, notamment par Napoléon, les reliefs permettaient d’avoir une connaissance précise du terrain pour les manœuvres ou l’emplacement de fortifications. Ils ont ensuite servi à l’enseignement de la géographie et, dans les années 1930, dans le cadre de projets techniques, comme la construction de digues.

Le MAS, qui possède 270 reliefs, en a recensé 660 différents en Suisse. Il est à noter qu’un moule permet de réaliser trois ou quatre modèles identiques et qu’un exemplaire peut demander jusqu’à six mois de travail.

Au XIXe siècle, ces montagnes miniatures étaient construites par des topographes. Un volet de l’exposition est consacré à l’un des plus importants «sculpteurs» de reliefs mais aussi dessinateurs de panoramas et cartographes suisses de son temps, Xaver Imfeld (1853-1909).

On lui doit notamment un Cervin, montré à l’Exposition nationale de 1896 à Genève, des représentations de l’Oberland bernois (Exposition universelle de 1900) et de la Jungfrau (1908), tous visibles au MAS. Grand alpiniste, il a réalisé lui-même de nombreux relevés et esquisses en montagne.

Susciter des vocations



Détrôné par la simulation en trois dimensions sur ordinateur, l’art du relief se perd. Aujourd’hui, une poignée d’amateurs sculptent des reliefs pendant leurs loisirs et seul Toni Mair, un enseignant à la retraite, s’y atèle à plein temps.

Découpage du bois, création du moule en silicone, coulage du plâtre, démoulage, sculpture au biseau et peinture: une vidéo montre toutes les étapes de la construction d’une montagne. Toni Mair anime aussi, dans le cadre de l’exposition, des ateliers destinés aux enfants et aux adolescents.

Le MAS aimerait en effet susciter des vocations. Car la machine ne saurait remplacer la main de l’homme pour ce qui est de «la touche artistique, cette capacité à rendre les formes du terrain, les ombres, les couleurs en fonction de la saison», explique Urs Kneubühl.

Mais avant tout, la vingtaine de stations interactives et ludiques de l’exposition permettent aux jeunes – et moins jeunes – de tout savoir sur les courbes de niveau, l’altitude, l’échelle, l’ombrage des cartes. Et d’apprécier ces montagnes de plâtre pour leur caractère scientifique et esthétique.

swissinfo, Abigail Zoppetti à Berne

L’exposition «Construire des montagnes, participation à l’art du relief – sur les traces de Xaver Imfeld», au Musée alpin suisse à Berne, est à voir jusqu’au 10 février 2008.

Elle permet de découvrir une tradition typiquement suisse, tombée en désuétude.

Centenaire, le Musée alpin s’adresse en priorité aux enfants et adolescents.

La Suisse s’est distinguée dans la catégorie «Cartes et appareils de géographie et de cosmographie» lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, où ses cartes et reliefs remplissaient une salle.

Le Grand Prix a été attribué au Bureau topographique fédéral, pour la carte Dufour et l’«Atlas topographique de la Suisse». Le jury a relevé les «teintes donnant l’impression de relief», dues à l’ingénieur Xaver Imfeld.

Ce dernier a d’ailleurs reçu un Grand Prix pour ses reliefs de l’Oberland bernois et du Cervin, «des représentations parfaites de la nature», selon le jury.

Une médaille d’or a été décernée notamment à Messieurs Kummerly et Frey, lithographes du Bureau topographique fédéral, pour leurs «belles cartes de détail teintées», et à Albert Heim pour ses reliefs géologiques des environs du lac d’Uri et du Saintis.

L’argent salue Albert Barbey, président de la section des Diablerets du Club alpin suisse, qui a fait dresser par Xaver Imfeld une carte au 1/50.000 du massif du Mont Blanc.

Des médailles de bronze ont été remises à un certain Borel pour ses reliefs teintés, aux éditeurs bernoise Schmid & Francke pour leurs cartes d’enseignement et à la Direction de l’instruction publique de Bâle-Campagne pour ses cartes scolaires du canton.

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