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La presse suisse note les «occasions manquée» du G8

La chancelière Angela Merkel et quelques-uns de ses hôtes à la fin du G8 Keystone

A l'issue du Sommet, la presse suisse tire ce constat: une fois de plus, les chefs d'Etat des huit grandes puissances n'ont pas répondu aux attentes avec des décisions concrètes.

A Heiligendamm, le G8 a promis des milliards à l’Afrique, trouvé un compromis minimum sur le climat mais pas sur la question du Kosovo.

La presse allemande dressait samedi un bilan plutôt positif du sommet du G8 qui s’est achevé vendredi à Heiligendamm, dans le nord-est. Elle souligne surtout le succès personnel de la chancelière Angela Merkel.

Par contre les commentaires de la presse suisse (pas d’éditorial dans la presse romande de samedi) sont plus mitigés. C’est ce que montrent ces quelques titres peu enthousiastes: «Une occasion manquée», «Utile, mais discutable dans la forme», «Photo de groupe avec Poutine», «Palabres à Hypocriteville», «Poussif et cahotique».

Reconnaissance de l’opinion

Le «Corriere del Ticino» a choisi, pour sa part, de parler du verre à moitié plein. Si les positions initiales n’ont pas changé à Heiligendamm, «les pays membres ont atteint un compromis acceptable». «Ce sommet ne se classe pas parmi les occasions perdues, même si, pour parler comme le président français Sarkozy, ‘on aurait pu faire mieux’.»

Pour le «Corriere», la grande nouveauté est la reconnaissance du rôle de l’opinion publique. «Aujourd’hui, de plus en plus de leaders sont influencés par les grands thèmes développés par ce que les analystes appellent la ‘nouvelle superpuissance émergente’, soit l’opinion publique. Et c’est réconfortant.»

L’Afrique et le climat

Pas d’accord, le «Tages Anzeiger» estime au contraire qu’une occasion a été ratée, notamment à propos de l’Afrique. «Les pays du G8 n’ont pas su mettre à profit leurs discussions pour transformer leur constat en une aide concrète, basée sur une collaboration avec les forces réformatrices d’Afrique et un suivi.»

Le journal zurichois conclut: «Le G8 pense encore et toujours à ses propres intérêts – garder leur influence politique et l’accès aux matières premières – plutôt qu’à sauver l’Afrique.»

De son côté, la «Basler Zeitung» relève que, si les membres du G8 se sont rendus à ce Sommet «avec de nobles objectifs», et parmi eux la chancelière allemand Angela Merkel, celle-ci «n’a réussi sur aucun point».

Le jugement du quotidien bâlois est sans appel: «Comme cela ne fait pas très longtemps que le réchauffement et l’injustice menacent, les puissants de ce monde pensent qu’ils peuvent continuer à s’en tirer avec leurs belles promesses et leurs déclarations d’intention. Non sans mesquinerie, chacun pense d’abord à soi, et aucun n’est prêt à procéder à des réductions sérieuses. Ce qui ne l’empêche pas de l’exiger des autres haut et fort.»

Bush et Poutine

La «Neue Zürcher Zeitung» s’intéresse surtout au président russe, estimant que «Poutine est sorti encore renforcé par les molles réactions occidentales à ses humeurs guerrières».

Le quotidien alémanique imagine que Vladimir Poutine veut «arracher quelque chose à Bush avant les élections de 2008 – en Russie comme en Amérique». «tout nouveau président américain doit se profiler avec fermeté face à Moscou, alors que le sortant, soucieux de son image dans les livres d’histoires, est mieux disposé.»

Et la «NZZ» de conclure que, si Bush veut vraiment protéger les intérêts américains et occidentaux, «il doit absolument entreprendre quelque chose de concret. Sur la question du Kosovo et de l’Iran.»

Rendez-vous altermondialiste

Comme d’autres, la «Luzerner Zeitung» évoque les milliers d’altermondialistes «parfaitement organisés» et dont la majorité cherche à mettre à profit cette visibilité unique avec ce vœu pieu: «après tout, les chefs d’Etats sont élus et ne devraient plus avoir peur de faire entendre la voix du peuple».

Enfin la «Berner Zeitung» revient sur une question récurrente: l’absence de grands pays tels que le Brésil, la Chine ou l’Inde du club du G8. Et de se demander: «Pourquoi le G8 ferait-il des progrès tant qu’il en est ainsi?»

Et le journal bernois de regretter que, «comme les autres, ce sommet sans décisions concrètes a enterré les attentes et les espoirs des citoyens, exprimés par les 200 ou 300’000 jeunes du monde entier venus manifester pacifiquement et joyeusement qu’ils attendaient plus que des discours vertueux.»

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Le sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres du G8 s’est tenu du 6 au 8 juin à Heiligendamm, dans le nord de l’Allemagne.

Le G8 comprend l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, les Etats-Unis, le Canada (depuis 1976) et la Russie (depuis 1998). De son côté, la Commission européenne est représentée à toutes les rencontres.

«Croissance et responsabilité», c’est ainsi que la présidence allemande du G8 2007 a défini cette édition du Sommet.

Les travaux du G8 ont porté notamment sur l’organisation de l’économie mondiale et le développement de l’Afrique.

Le gouvernement suisse a essayé cette année de faire passer ses positions en matière de politique climatique à Heiligendamm, lors d’une rencontre avec les ministres européens de l’environnement à Essen et Heiligendamm.

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