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La taxe poids lourds doit augmenter

Les camionneurs suisses demandent que seuls les véhicules étrangers paient l'augmentation de la taxe. Keystone

Ecologistes et cheminots persistent et signent: la hausse de la redevance poids lourds (RPLP) de 10% doit entrer en vigueur, comme prévu, en janvier 2008.

Pour l’Association suisse des transporteurs routiers (Astag), cette augmentation pénalise le transport et donc l’économie suisse.

«L’Astag veut le beurre et l’argent du beurre», a riposté Pierre-Alain Gentil député socialiste et président du Syndicat du personnel des transports (SEV), mardi devant les médias à Berne.

«Les transporteurs routiers ont obtenu les 40 tonnes. Ils doivent en contrepartie payer la redevance poids lourds (RPLP) et son augmentation, comme cela a été prévu de longue date. Ils tentent de rompre le compromis obtenu. C’est inacceptable», a poursuivi M. Gentil.

Report en 2011

L’Astag demande que la hausse de la RPLP soit reportée en 2011. Vendredi encore, le gouvernement invitait le parlement à rejeter deux motions demandant ce report.

Le montant maximum de la RPLP doit être fixé à 325 francs dès 2008, soit une hausse de 10%. L’Astag a lancé une pétition contre la hausse de la RPLP, qui sera «transportée» à Berne le 17 juin. Elle demande que seul le trafic immatriculé à l’étranger en transit à travers les Alpes soit frappé par l’augmentation de la RPLP.

Pivot de la politique des transports

La taxe poids lourds liée aux prestations (RPLP) – calculée en fonction du poids et des kilomètres parcourus – est l’un des éléments les plus importants de la nouvelle politique des transports de marchandises mise en place depuis une dizaine d’années par la Confédération, sur la base d’une décision populaire.

En 1994, la majorité de la population avait en effet accepté, à la surprise générale, l’«Initiative des Alpes». Dès lors, le gouvernement devait intervenir pour protéger l’espace alpin des effets négatifs du trafic de transit, promouvoir les transports publics et transférer le trafic marchandises de la route au rail.

En 1998, le Conseil fédéral proposait ainsi d’introduire la RPLP et de réaliser les grands projets ferroviaires, parmi lesquels le Gothard et le Lötschberg, pour 30 milliards de francs. Les deux propositions ont été acceptées par une nette majorité des votants.

Opposition de l’UE

Outre les oppositions internes, issues essentiellement des transporteurs routiers, la RPLP s’est aussi heurtée aux réticences de l’Union européenne (UE).

Ce n’est qu’après d’intenses négociations que la Suisse a réussi à faire accepter à Bruxelles le principe de cette nouvelle taxe, qui est finalement entrée en vigueur en 2001. En contrepartie, le gouvernement suisse a accepté d’augmenter de 28 à 40 tonnes la limite maximum de poids pour les camions traversant la Suisse.

Une fois oubliées les critiques initiales, la nouvelle politique suisse dans le secteur du trafic lourd a convaincu progressivement toujours plus de pays européens. En particulier après les tragédies survenues dans les tunnels du Mont-Blanc en 1999 et du Gothard en 2001.

Résistances internes

Si la polémique s’est calmée depuis longtemps du côté européen, en Suisse, en revanche, l’Association des transports routiers (ASTAG) a lancé ces dernières semaines une nouvelle campagne contre l’augmentation de la RPLP, décidée par Berne et Bruxelles.

Sur la base de l’accord sur les transports terrestres, entré en vigueur en 2002 avec le premier paquet des accords bilatéraux, la taxe pour le transit des 40 tonnes à travers la Suisse devrait augmenter à 325 francs dès 2008, lors de l’ouverture du Lötschberg qui permettra d’alléger le trafic marchandises.

Pour l’ASTAG, qui lancera une pétition le 17 juin, cette augmentation représente «une nouvelle curée sur le porte-monnaie des Suisses». Selon Carlo Schmid, président de l’ASTAG, la taxe s’est révélée inutile jusqu’ici, puisque le trafic marchandises à travers la Suisse n’a pas diminué depuis l’introduction de la RPLP.

L’association demande donc de renoncer à l’augmentation prévue pour les transporteurs suisses et d’introduire une nouvelle taxe frappant uniquement le trafic de transit international, de frontière à frontière.

swissinfo

– 1994: 52% des Suisses acceptent l’initiative populaire «Pour la protection des régions alpines contre le trafic de transit».

– 1998: 57% des votants se prononcent en faveur de la Taxe poids lourds liée aux prestations (RPLP) et 63% approuvent le projet de financement des grands projets ferroviaires pour 30 milliards de francs.

– 2001: Entrée en vigueur de la RPLP et levée du plafon de 28 tonnes pour les camions (34 tonnes autorisées jusqu’à fin 2004, puis 40 tonnes dès 2005).

– 2005: Première augmentation de la RPLP. Cette année-là, elle rapporte 1,2 milliard de francs à la Confédération.

Le trafic de marchandises à travers la Suisse a doublé en 20 ans.
En 1980, 90% des marchandises étaient transportées par rails. En 2005, cette proportion est tombée à 65%.
La proportion reste toutefois supérieure à celle des autres pays de transit alpin, comme l’Autriche et la France, où elle atteint les 20%.

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