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La vie et l’œuvre très riches d’Albert Chavaz

Albert Chavaz, «Emma à la pomme», 1942.

Albert Chavaz faisait partie des dix peintres que présentait la Fondation Gianadda à ses débuts, en 1979.

Il y est à nouveau exposé pour le centième anniversaire de sa naissance. « La couleur au cœur, selon le commissaire de l’exposition.

Albert Chavaz n’était pas un peintre valaisan de naissance, lui qui avait vu le jour dans une famille de boulangers à Genève et avait suivi l’école des beaux-arts de cette ville. Arrivé en Valais dans le contexte de la décoration de l’église de Fully, dans les années trente, il s’était installé à Savièse, s’y était marié et y avait eu six enfants.

Ceux-ci ont participé à la genèse de cette exposition, tandis que des personnalités qui ont connu le peintre livrent leurs souvenirs dans le catalogue.

Modèles, interlocuteurs, amis, ils se plaisent à évoquer la vitalité de l’artiste, son goût certes des couleurs, mais aussi de la convivialité. Les photographies, qui occupent une paroi, témoignent de l’humour du peintre, de son sens de l’amitié, de sa présence naturelle, de sa curiosité aussi, pour l’art sacré et l’expression populaire, pour les gens de rencontre, pour les travaux et les jours.

Portraits et paysages

L’exposition débute par de premiers portraits et autoportraits, images d’enfants et de jeunes gens, natures mortes encore marquées par un certain goût de la mise en scène («Boules japonaises», 1932) et des contrastes assez vifs.

Suivent des travaux plus neutres, plus réalistes, où le peintre explore davantage la subtilité des nuances, approfondit la psychologie de ses modèles. Et ce sont des visions de la femme, brossée dans les grandes lignes, offrant le large jeu de couleurs de ses vêtements, le tailleur, d’une blancheur élégante, de «Madame Marlène» (1932), jusqu’à la robe bleue sur les formes de «Catherine en espérance» (1980), en passant par les habits sombres de «La servante Ulysse» (1940).

En face, les paysages se révèlent discrets, traversés d’angles et de diagonales, occupés par des façades de maisons, des arbres larges. Des dessins, des gouaches, des gravures complètent l’ensemble, gravures dont Pietro Sarto retrace l’élaboration. Ainsi de cette aquatinte représentant des poissons: «Une des toutes belles planches qu’il a gravées pour un album représente des truites. Il nous expliquait: ‘Quand elles sortent de l’eau, elles ont toutes les couleurs mais ça dure très peu’. Il réinventait la couleur des truites qui viennent d’être pêchées, c’est pour ça qu’on les appelle arc-en-ciel. Ensuite
l’arc-en-ciel disparaît.»

Collection personnelle

Une salle est réservée à une partie de la collection personnelle d’Albert Chavaz, des œuvres qu’il avait acquises ou reçues.

Qu’il s’agisse du paysage lacustre de Courbet, du tableau brodé d’Alice Bailly ou d’une composition abstraite d’Angel Duarte, ou encore d’une «Allégorie» peinte par Alexandre Cingria, ces pièces s’inscrivent dans le contexte très personnel du goût de l’artiste, un goût pour les ciels chargés, pour les ambiances feutrées, pour une réalité décantée, épurée, où l’anecdote disparaît au profit de l’évidence des formes.

swissinfo, Laurence Chauvy

Rétrospective conçue par Jacques Dominique Rouiller, «Albert Chavaz» est visible à la Fondation Giadanna à Martigny jusqu’au 9 mars 2008. Ouvert tous les jours de 10h à 18h.

Né en 1907 à Genève, Albert Chavaz entre à l’école des beaux-arts et se lie avec Emile Chambon, Emilio Beretta, Paul Monnier, qui forment le «groupe des Pâquis».

Après de nombreux séjours à Paris, où il fréquente la Grande Chaumière, il est appelé en Valais par Edmond Bille et mène dès lors sa carrière dans ce canton.

Il réalise de nombreuses décorations, fresques, vitraux, mosaïques, souvent sur des sujets religieux.

Autour d’une œuvre très riche, qui se monte à plusieurs milliers de peintures, dessins, carnets, il meurt en 1990. Son atelier à Savièse demeure en l’état depuis lors, avec ses bibelots, maquettes de vitraux, crucifix, pinceaux, gravures et dessins.

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