Le 1er août polémique d’Expo.02

Le regard de 400asa sur la Suisse. expo02.ch

Le spectacle «août02» remet en question l'identité suisse, jeudi soir, sur l'arteplage de Bienne. Il s'annonce provocateur.

La pièce de théâtre «august02-août02-agosto02-avust02» défraye la chronique en Suisse depuis quelques jours. Car elle aborde la question fondamentale de l’identité suisse. Et cela de manière fort provocatrice.

Voici comment se présentent la troupe théâtrale «400 asa» et les créateurs de la pièce «août02», l’auteur des textes Kurt Bärfuss et le metteur en scène Samuel Schwarz, issus du milieu alternatif bernois.

Passeports à brûler!

Extraits du dossier de presse: «Nous en avons par-dessus la tête des drapeaux, des hymnes!» Et la compagnie théâtrale d’annoncer que «le patriotisme est une notion malsaine». «Brûlez votre passeport!»

Certes, la provocation fait partie des arts. Certes, l’art sert à remettre en question les schémas de pensées établis. Mais de tels propos ne sont-ils pas insultants et dangereusement provocateurs?

Sereins, la porte-parole d’Expo.02, Marina Villa, et son homologue des events, Philippe Racine, n’ont pas voulu se prononcer sur un éventuel renforcement des services de sécurité le soir de la représentation de la pièce de théâtre, le 1er août, sur l’arteplage de Bienne.

Ils affirment seulement que l’exposition nationale sera prête pour accueillir le conseiller fédéral Samuel Schmid et le président du comité directeur d’Expo.02, Franz Steinegger, dans leur discours précédant la représentation de la pièce.

Question de gènes?

Or, l’identité suisse est-elle une question de gènes ou une simple formalité administrative? «C’est justement pour trouver ce à quoi on reconnaît un Suisse, explique Marina Villa, que les auteurs de la pièce invitent les citoyens à se passer de leur passeport».

«Il y va de la question la plus importante de ce pays, renchérit Martin Heller, directeur artistique d’Expo.02. On nous a assez reproché que cette exposition n’était pas suffisamment politique. Et s’il y a une fête politique dans ce pays, c’est bien le 1er août, non?»

Mais que verra-t-on sur scène? Un savant fou cherchant et expérimentant les réminiscences typiquement helvétiques qui subsisteraient chez cinq singes cobayes «bonobos», autrefois citoyens helvétiques.

La pièce défraye la chronique

Pour Martin Heller, cela faisait longtemps que la presse n’avait plus de scandale à se mettre sous la dent concernant Expo.02.

«Dans le quotidien Le Matin du mardi 30 juillet, relève Martin Heller, le témoignage du père et du fils Walter et Samuel Schmid contient certainement une part de la vraie réalité helvétique».

«Car au-delà des deux mondes politiques qui séparent cet avocat de 68 ans et son fils metteur en scène de 30 ans, un amour les relie, les unit».

Images différentes

Tout au long de son mandat, Martin Heller a expérimenté combien l’exposition nationale véhiculait des images vraiment différentes entre la Suisse alémanique et la Romandie.

«A entendre parler les visiteurs s’en retourner des deux côtés de la Sarine, constate le directeur artistique d’Expo.02, il s’agirait presque de deux expositions. Tant les systèmes de références sont différents».

Ce qui amène Martin Heller à conclure que, si la Suisse veut survivre dans un monde qui évolue rapidement, «il faut se rendre compte qu’on ne peut avoir cette identité gratuitement, que c’est quelque chose qu’il nous faut travailler. D’où notre choix pour la pièce de théâtre «août02».

Reste qu’avec l’ensemble des festivités du 1er août sur les quatre arteplages, «c’est l’occasion rêvée de fêter de manière plus originale qu’à l’accoutumée la fête nationale».

D’autant qu’Yverdon-les-Bains met l’accent sur les cultures des montagnes, Neuchâtel sur les cultures étrangères, Morat sur les pays voisins et Bienne sur des groupes musicaux itinérants.

swissinfo/Emmanuel Manzi

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