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Le chic et choc des Deschamps

Photo du spectacle "La Cour des Grands". Agence Brigitte Enguerand

En partenariat avec La Comédie de Genève, le Grand Théâtre accueille dans sa salle de la place Neuve «La cour des grands».

Dernier né de la célèbre compagnie française Jérôme Deschamps, ce spectacle d’un comique fin ravit le public.

Au début des années 1980, il y eut le choc Deschamps provoqué sur les scènes françaises par la compagnie du même nom que fondent Jérôme Deschamps et son épouse Macha Makeïeff.

Le couple, devenu aujourd’hui célèbre, surprend alors le public par ses spectacles où évoluent des paumés rigolos. Anti-héros toujours à l’affût d’un succès avorté par leurs maladresses.

Le chic Deschiens

Puis, il y eut le chic Deschiens que Canal+ a entretenu en proposant à ses téléspectateurs (de 1993 à 1996 et entre 2000 et 2001) un feuilleton, signé Jérôme et Macha, où les «champs» étaient défrichés par des «chiens» sans scrupules.

Ce fut alors un succès public porté par un comique cruel et attendrissant dont les deux metteurs en scène ne se sont jamais départis.

A partir du 19 janvier, on retrouve donc ce comique-là dans «La cour des grands», dernier né des Deschamps présenté au Grand Théâtre de Genève en partenariat avec La Comédie.

Après la brutalité du destin qui s’abattait sur les personnages des «Pensionnaires» (l’avant-dernière création de la compagnie), voici la grâce qui adoucit le sort de ceux qui peuplent «La cour des grands».

Ces «grands» enfin détenteurs des plumages qu’ils ont tant cherché à acquérir. Trophées et coupes s’exhibent ainsi dans leur maison, hissant haut le pavillon de la reconnaissance sociale.

Et qu’importe si leur chez-soi garde les traces de la déglingue (murs aux couleurs passées, mobilier fané…), pourvu qu’ils se sentent valorisés par les victoires. Celles qui calment le malaise. Et pansent les plaies narcissiques des gens simples dotés malgré tout d’une grande force.

Cette même force que Macha Makeïeff reconnaît aux figurines qu’elle expose à la Galerie de la Comédie de Genève, en complément du spectacle.

«Il y a, confie-t-elle, entre mon exposition et le théâtre que je fais une continuité. Comme les personnages de scène, ces figurines sont porteuses d’une humanité que je ne cesse d’interroger.»

Que nous racontent donc ces minuscules poupées de faïence, ces animaux empaillés, cette tête de Christ alanguie ou ce sofa blanc fleuri comme un lit mortuaire?

«Ils nous disent, répond Makeïeff, notre capacité d’émerveillement et de renoncement; notre inquiétude et notre bonheur d’être au monde, pris entre l’extase de vivre et la douleur de disparaître.»

swissinfo, Ghania Adamo

«La cour des grands». Genève, Grand Théâtre. Du 19 au 21 janvier. Tel: 022/418 31 30. Exposition “L’Amour des choses”. Galerie de la Comédie de Genève; du 17 janvier au 14 février.

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