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Le Mamco, dix ans déjà!

Détail de l'exposition Mutual Agreement, Mamco, Genève du 17 octobre au 16 janvier 2005. Mamco

Installé dans le quartier des Bains, le Musée d'art moderne et contemporain est devenu, au fil du temps, un passage obligé dans la vie culturelle genevoise.

Espace alternatif, cette institution célèbre son dixième anniversaire et entame un nouveau cycle d’expositions. Tour d’horizon.

Un anniversaire se calcule d’abord en chiffres, du moins pour les maniaques de l’arithmétique. Un esprit poétique fonctionnerait autrement. Il dirait par exemple, en parlant des femmes, qu’une telle a 50 ou 60 printemps. Pour un esprit artistique, c’est encore autre chose: les années se fêtent par milliers de désirs.

C’est en tout cas la conviction de Christian Bernard. Directeur depuis 1994 du Mamco de Genève et un de ses créateurs, cet homme élégamment passionné célèbre, donc, les dix années d’existence de son établissement en lançant un clin d’oeil coquin à Don Giovanni, grand jouisseur devant l’Eternel.

A l’actif du héros de Mozart, mille et trois conquêtes féminines, comme le dit son valet Leporello. «Mille et trois plateaux», c’est aussi le titre du nouveau cycle d’expositions qui inaugure les festivités du Mamco, avec comme premier épisode «Constellations».

Pas de stars

Sous cette bannière étoilée, pas de vedettes néanmoins. Aux stars, le Mamco a toujours préféré les artistes qui brillent par leur force et leur maturité et qui sont parfois méconnus. Manière pour le musée de pointer sa curiosité, sa générosité, mais aussi de montrer sa spécificité.

Christian Bernard, avec lequel nous avons fait un petit tour d’horizon à l’occasion de cet anniversaire, confie: «Cet établissement, nous l’avons conçu comme un espace alternatif qui travaille à l’écart du «mainstream», indépendamment des pressions du marché. Dès le départ, notre objectif fut de demeurer attentifs à tout ce qui n’est pas immédiatement en vue».

Ce choix a son prix. On reproche au Mamco de vivre un peu en retrait, loin des grands événements artistiques qui apporteraient plus de brillance à cette institution. Reproche que Christian Bernard balaie d’une phrase: «Nous ne sommes pas là pour faire le «top ten» de la mondialisation de l’art».

Un rôle de catalyseur

Pour le directeur, l’objectif du musée se situe ailleurs. Il consiste à jouer, entre autres, le rôle de catalyseur sur la scène genevoise. «En dix ans, explique-t-il, nous sommes parvenus à transformer le paysage artistique en oeuvrant en étroite collaboration avec d’autres structures destinées à l’art moderne».

«Genève possède aujourd’hui une plate-forme très complète, avec des galeries privées, des associations ou des centres, comme celui consacré à l’image», ajoute Christian Bernard.

Autre objet de fierté: le mode de fonctionnement du Mamco. Dans le monde occidental, aucun musée d’art moderne ne procède de façon exclusivement thématique comme le fait cette institution. Depuis sa création, elle propose, en effet, à son public des cycles d’expositions comprenant chacun plusieurs épisodes et portant sur un thème précis.

Aucune frustration

Ce fonctionnement-là a forgé la réputation du musée, acquise en dépit des difficultés financières qui ont souvent freiné les ambitions du directeur.

«Je ne suis pas pour autant frustré, lâche ce dernier qui a d’autres raisons de rester optimiste. «Si je considère, dit-il, notre indice de notoriété, je constate qu’il est de 55%. Cela veut dire que plus de la moitié de l’agglomération genevoise sait que nous existons».

Soit, mais ne faut-il pas aussi élargir les frontières en ouvrant davantage les portes du Mamco aux artistes alémaniques, par exemple? D’aucuns regrettent que l’attention soit trop souvent accordée aux créateurs romands ou francophones.

«Faux, réplique Christian Bernard, nous invitons sans relâche des artistes internationaux. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes à la frontière
des pays latins. Il est donc important pour nous de témoigner de formes d’art que méconnaissent nos amis alémaniques et que minore le monde anglo-saxon ou germanique».

swissinfo, Ghania Adamo

«Mille et un plateaux». Premier épisode, «Constellations». Genève, Mamco, jusqu’au 16 janvier. Tel: 022 320 61 22

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