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Le mariage du petit et du grand écran

Détail de l’affiche 2002 de la manifestation. swissinfo.ch

Du 21 au 27 octobre se tient à Genève la 8e édition de «Cinéma tout écran», qui s'intéresse au cinéma de fiction produit par et pour la télévision.

Un festival précurseur à l’origine, que les réalités économico-artistiques ont largement rattrapé.

Il fut un temps où le cinéma et la télévision se regardaient en chiens de faïence. Un temps où les artistes qui réalisaient de vrais films méprisaient les tâcherons qui faisaient des téléfilms.

Et où les tâcherons en question rigolaient bien, sachant qu’en une diffusion, ils touchaient bien plus de spectateurs que moult cinéastes dont les oeuvres seraient projetées quelques jours seulement dans une ou deux salles de troisième zone.

Et puis les temps ont changé. Les chaînes de télévision sont devenues des partenaires incontournables. Sans elles, le cinéma non hollywoodien n’existerait quasiment plus, en Suisse comme ailleurs.

Et des festivals aussi prestigieux que Cannes ou Locarno n’hésitent plus à programmer en compétition des films de télévision. Entre téléfilms de qualité ou films (co)produits par la télévision, le fossé s’est sérieusement comblé.

De l’innovation à la reconnaissance

Sur l’impulsion de son fondateur et directeur, Léo Kaneman, «Cinéma tout écran» a été le premier festival européen à oser se centrer sur le cinéma produit par et pour la télévision.

Une démarche qui, à l’origine, avait parfois irrité. Aujourd’hui, alors qu’en Suisse le «Pacte de l’audiovisuel» illustre clairement l’engagement de SRG-SSR Idée suisse dans le soutien au 7e Art helvétique, «Cinéma tout écran» a gagné en respectabilité.

Une respectabilité qui se traduit notamment par des chiffres: partie en 1995 sur un budget de 250 000 francs, la manifestation genevoise peut compter aujourd’hui sur une enveloppe qui dépasse le million (1 150 000 francs pour être précis).

Le soutien de la Confédération, de l’Etat de Genève comme de la Ville viennent en effet d’être doublés.

Autre signe de reconnaissance: c’est dans le cadre de cette 8e édition que les chaînes canadiennes, francophone (Radio Canada) et anglophone (CBC), vont venir fêter leur 50ème anniversaire.

En compétition

La Compétition Officielle propose cette année quatorze films en provenance du monde entier (Estonie, GB, Croatie, Israël, Chine, Japon, France, Allemagne, Canada, Palestine, Pays-Bas… et Suisse).

Deux films helvétiques y seront présentés: «Dilemma» de Tobias Ineichen et «Des épaules solides» de Ursula Meier. Très attendu: en première mondiale, «Jim la nuit» du Français Bruno Nuytten, produit par Arte.

Le Jury, présidé par le producteur français Pierre-Henri Deleau, décernera trois prix (interprétation, réalisation, film). Parmi les jurés figure la chanteuse et comédienne québécoise Carole Laure, qui, par ailleurs, présentera hors compétition «Les Fils de Marie», son premier film en tant que réalisatrice.

Plusieurs catégories

Parmi les nouveautés, il faut également signaler «Demain et tous les jours après» du Français Bernard Stora avec Edouard Baer et Hélène Filières ou «Brother’s Keeper» de John Badham.

Et une avant-première, «Kedma» du réalisateur israélien Amos Gataï, qui sera à Genève. La projection du film sera suivie d’une discussion en présence de Serge Toubiana, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, qui publiera prochainement un ouvrage sur Amos Gitaï.

Les «séries» sont un des pôles essentiels de la fiction télévisuelle. «Cinéma tout écran» leur consacre également une section. Laquelle «se propose de montrer aussi bien des séries qui ont l’ambition de devenir cultes, que des oeuvres qui proposent un regard singulier sur les réalités quotidiennes», disent les organisateurs.

En marge de cette section se tiendra un colloque, «Séries en perspective», au cours duquel les responsables des chaînes européennes et internationales (RAI, BBC, ZDF, France Télévision et NBC) viendront confronter leurs points de vue sur la production de ce format, propre à chaque pays.

A noter également une rétrospective de l’œuvre du cinéaste canadien Atom Egoyan, un déferlement de courts-métrages (tous réunis pour une ‘Nuit du court-métrage’ le vendredi 25), et une section «Téléfilms suisses». Pour la deuxième année consécutive, un jury élira le ‘Meilleur Film Suisse de Télévision’ de l’année.

swissinfo/Bernard Léchot

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