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Le patrimoine, témoin des moments-clés de la vie

Le Centre psychiatrique de Munsingen, canton de Berne... une autre approche du 'patrimoine'. NIKE/Verena Gerber-Menz

De la naissance à la mort, en passant notamment, par l’éducation, le travail ou le mariage, de nombreux édifices publics incarnent les étapes incontournables de nos vies. Pour leur 17e édition, les Journées du patrimoine proposent de redécouvrir la valeur des lieux et édifices qui ont rythmé notre existence.

L’austère bâtiment de l’école, dans lequel on a appris à lire et à compter; l’église de notre première communion; le jardin public, témoin notre premier baiser; la mairie où l’on a célébré notre union; l’hôpital qui aura vu naître notre premier enfant; ou le cimetière où reposent des proches ou un ami.

Les parcours de nos vies sont constellés de lieux et d’édifices, qui ont marqué des moments-clés et qui sont restés à jamais gravés dans notre mémoire. Ils ont même souvent contribué à modeler notre esprit, participant en quelque sorte à notre construction personnelle.

Ces lieux et ces ouvrages, théâtres de nos émotions, sont un peu comme les maillons d’une chaîne de vie. Et c’est à eux que sont consacrées cette année les Journées européennes du patrimoine, les 11 et 12 septembre prochains. En Suisse, plus de 240 sites seront ouverts au public durant cette fin de semaine. Ils seront animés par des visites guidées, des conférences, des représentations théâtrales, et d’autres événements.

Auxiliaires de la mémoire

Ecoles, mairies, églises, hôpitaux et cimetières. Mais aussi, archives, monuments, musées, parcs publics, dépôts de tram, carrières, usines d’incinération, crématoires et cimetières; autant de sites et de bâtiments publics qui nous rappellent à notre passé et qui constituent souvent des points de référence dans notre parcours personnel.

«Oublier son propre passé signifie perdre ses racines et à terme, son identité. Ces monuments, comme l’indique le sens étymologique du nom latin ‘monumentum’, sont en quelque sorte des auxiliaires de notre mémoire, et nous aident à nous souvenir», explique Hans Widmer, président du Centre national d’information pour la conservation des biens culturels (NIKE), et organisateur des Journées du patrimoine.

Mémoire individuelle, mémoire collective. Le thème du «cycle de la vie», retenu cette année pour les Journées du patrimoine, a pour but de sensibiliser la population à l’importance de ces monuments communs, qui sont à la fois le reflet du développement social et le miroir de notre époque.

«Ignorer les édifices historiques ne signifie pas seulement négliger sa propre mémoire, mais aussi les symboles de la cohésion sociale. Nous devons entretenir ce qui les unit. A défaut, nous risquons de sombrer dans une amnésie culturelle collective, et nous pourrions devoir constater un jour que ce qui nous divise est plus important que ce qui nous unit», prévient Hans Widmer.

Un regard inédit

Cette année, les Journées du patrimoine – qui permettent généralement de découvrir des sites plutôt inaccessibles, comme des résidences, des parcs privés ou des châteaux notamment – veulent nous faire découvrir des édifices qui nous sont familiers, mais qui restent souvent méconnus.

«Ce sont des sites partiellement fréquentés mais dont on ignore souvent la valeur historique et patrimoniale. Nous cherchons donc à proposer un regard inédit sur ces lieux et ces ouvrages qui méritent d’être revisités, puisqu’ils font partie généralement des passages obligés de notre vie», souligne Claude Castella, chef du service des Biens culturels du canton de Fribourg.

Ce regard inédit sera proposé à la population fribourgeoise à travers des visites guidées d’hôpitaux, d’anciens sanatoriums, d’écoles publiques, d’archives cantonales et de cimetières. Des lieux parfois accessibles toute l’année, mais dont seuls quelques rares habitants du canton connaissent véritablement les origines et l’histoire des décennies ou siècles passés.

«Nous souhaitons aussi mettre en exergue les cycles de vie de ces mêmes édifices, puisque une bonne partie d’entre eux ont subi des transformations ou même, ont changé de destination au fil du temps. C’est le cas notamment d’un hôpital qui abrite aujourd’hui des bureaux de l’administration publique ou d’écoles, transformées en résidences particulières», précise Anne-Catherine Page, collaboratrice scientifique du service et des Biens culturels du canton de Fribourg.

Grand intérêt

En Suisse, les Journées du patrimoine en sont à leur 17e édition. Le rendez-vous annuel attire désormais des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs cantons. C’est aussi un lieu de rencontre qui permet non seulement aux responsables de valoriser le patrimoine, mais aussi de souligner l’importance de la conservation du bien commun.

«Les gens sont très intéressés par l’histoire et la signification de qui les entoure», se réjouit Anne-Catherine Page. «Ainsi, nous avions récemment proposé une présentation des portes historiques de la cité médiévale de Fribourg. Nous pensions n’attirer que quelques personnes, puisque nous traversons cet endroit presque quotidiennement, sans véritablement le remarquer. Or, la population a fait la queue pour venir suivre notre visite guidée».

France. Les Journées européennes du patrimoine sont nées en 1984 en France, avec l’introduction des portes ouvertes des monuments nationaux.

1985. C’est en 1985, à l’occasion de la Conférence des ministres européens responsables des biens architecturaux, que l’ex ministre français de la culture, Jack Lang, avait proposé d’instituer les Journées européennes du patrimoine.

Europe. En l’espace de quelques années, plusieurs gouvernements européens ont adhéré à l’initiative. Et depuis 1991, les Journées du patrimoine sont soutenues par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne.

49 pays. Aujourd’hui, les Journées du patrimoine sont célébrées dans 49 pays européens et attirent chaque année quelque 20 millions de visiteurs.

Diversité. Le but de la manifestation est de sensibiliser la population à l’importance du patrimoine historique du continent, de favoriser sa conservation et de promouvoir la compréhension de la diversité culturelle en Europe.

1994. Membre du Conseil de l’Europe, la Suisse a adhéré en 1994 aux Journées européennes du patrimoine.

34 organisations. La manifestation a été organisée par les autorités cantonales et par le Centre national d’information pour la conservation des biens culturels (NIKE), qui regroupe 34 organisations spécialisées dans la protection du patrimoine national.

240 sites. Les visiteurs pourront accéder à plus de 240 sites, sélectionnés dans 26 cantons pour illustrer le thèmes des «cycles de la vie».

Traduction de l’italien: Nicole della Pietra

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