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Le point de vue abstrait de Georgia O’Keeffe

Georgia O'Keeffe, «Black Place I», 1944. ProLitteris, Zürich

Le Kunsthaus de Zurich expose une artiste connue essentiellement par les posters et les reproductions: l'Américaine Georgia O'Keeffe.

Environ 70 peintures, dessins et sculptures attestent la place, marginale, de l’artiste dans l’histoire de l’art du XXe siècle.

Le cas est curieux: le Kunsthaus de Zurich, par les bons soins de Bice Curiger, commissaire d’exposition, s’attelle à la tâche de rendre justice à une artiste éminemment populaire – outre-Atlantique: Georgia O’Keeffe (1887-1986), dont on connaît, par des reproductions surtout, les fleurs surdimensionnées et semi-abstraites, les vues des gratte-ciel et les compositions colorées.

Alors que ses peintures figurent dans les collections de tous les grands musées américains, Georgia O’Keeffe est dédaignée en Europe. C’est qu’elle n’a participé à aucun des mouvements picturaux qui se sont succédé au long du XXe siècle. Toujours en marge, toujours indépendante.

La force d’une rencontre

Née en 1887 dans une ferme à Sun Prairie, dans le Wisconsin, l’artiste a été lancée par son futur mari, le photographe Alfred Stieglitz, rencontré en 1916. Cette année-là, Stieglitz a exposé dans sa galerie new-yorkaise une série de fusains de O’Keeffe, dessins fort remarqués du cercle masculin gravitant autour du photographe pour leur qualité organique et sensuelle.

Stieglitz a apporté à la jeune artiste l’autonomie financière, il a mis en valeur, à travers les centaines de portraits qu’il a pris d’elle, son physique élancé et décidé, et il n’a eu de cesse de promouvoir son œuvre. Mariés en 1924, ils se sont installés au douzième étage de l’hôtel Shelton, d’où Georgia O’Keeffe a peint des vues de la ville.

Transfiguration du réel

L’artiste a toujours refusé de se situer parmi les partisans de la figuration, respectivement de l’abstraction. Pour elle, une toile figurative ne vaut que du point de vue de ses lignes et de sa composition, d’un point de vue «abstrait» donc.

Influencée par l’Art nouveau et par la tradition picturale de l’Extrême-Orient, elle est partie d’une situation, d’une vision, l’arrangement de ses cheveux sur l’oreiller par exemple, ou des ossements trouvés dans le désert.

Elle a transfiguré le réel, s’approchant des fleurs comme seules les abeilles le font, ou l’objectif du photographe, offrant de leur corolle une image tout en lignes sinueuses et en plages lumineuses. A sa mort, en 1986, ses cendres ont été dispersées dans ce Nouveau Mexique qu’elle aimait, où elle avait ses deux maisons

Laurence Chauvy

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