Le retour des sorcières, en Suisse aussi

Elles réinvestissent nos écrans et nos salles comme si, soudain, une envie de bûcher se ravivait dans le show business. Un exemple : la nouvelle directrice de la Comédie de Genève inaugure sa première saison avec "Sorcières", une oeuvre de Joël Pasquier.

Télévision, cinéma, musique et théâtre : elles réinvestissent nos campagnes, nos écrans et nos salles comme si, soudain, une envie de bûcher se ravivait dans le show business. Un exemple : la nouvelle directrice de la Comédie de Genève inaugure sa première saison avec “Sorcières”, une oeuvre de Joël Pasquier:

Pour ouvrir sa première saison à la tête de la Comédie de Genève, la nouvelle directrice, Anne Bisang, a commandé une oeuvre à l’auteur français Joël Pasquier. Résultat : une comédie historique, «Sorcières», à l’affiche jusqu’au 17 octobre. La pièce est inspirée par la mésaventure de Rolette Revilliod, l’avant-dernière sorcière brûlée vive à Genève. Elle avait été exécutée à Jussy en 1626, après plusieurs années de procès (et de tortures). Une condamnation bien réelle au coeur d’une fiction en forme de comédie.

Hasard ou calcul, l’arrivée de cette mise en scène d’Anne Bisang, baptême devant un public forcément sceptique dès qu’une nouvelle tête se présente, correspond à une recrudescence du personnage de la sorcière dans la culture actuelle. Des chanteuses Cher ou Mylène Farmer au succès phénoménal du film «Le Projet Blair Witch» (littéralement : Le projet de la sorcière de la forêt de Blair) qui est en passe de rapporter trois mille fois son budget de 50 000 dollars, les carabosses sont partout. A la télévision où la série très prisée «Charmed» remplace de façon plus glauque (quoique adolescente) le souvenir de la mythique «Sorcière bien aimée». Finis les tours de passe-passe d’Elizabeth Montgomery, les mimiques de son mari Jean-Pierre et les claquements de doigts miraculeux : les sorcières modernes déchaînent autrement les éléments, font tonner le ciel, s’écarter la terre. Fin de millénaire? Bugettes de l’an 2000? Ultime revanche du féminisme ou contre le féminisme? Tout et le reste, sinon qu’on préférera toujours un tournant de millénaire marqué par les sorcières plutôt que par les élucubrations d’un Paco Rabanne qui ne menacent que lui.

Thierry Jobin

Genève, Comédie. «Sorcières» de Joël Pasquier. Mise en scène d’Anne Bisang. Jusqu’au 17 octobre, à la Comédie de Genève. Représentations: mardi, vendredi et samedi à 20h00, mercredi et jeudi à 19h00, dimanche à 17h00, lundi relâche. Prix: 33 francs. Location, tél.: [phone].