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Les débats télévisés passionnent le public

Le journalise Urs Leuthard, présentateur d'Arena. SF DRS/Daniel Ammann

En prévision des élections fédérales, la télévision alémanique a débattu très sérieusement quatre soirs de suite, la télévision romande a tenu un débat-fleuve agrémenté de sketches.

Une approche très différente, pour un résultat identique: l’audience est excellente.

Le générique avait beau être le même, la Télévision suisse romande (TSR) et la Télévision alémanique (SF DRS) en sont restées ces dernières semaines à des approches très différentes de l’information politique.

Les débats diffusés la semaine dernière n’auraient pu être plus dissemblables. La TSR a opté, mercredi, pour un grand débat de deux heures et demie, avec saynètes humoristiques et consultation des téléspectateurs par SMS.

SF DRS de son côté est restée la sobriété même avec quatre «Arena» de suite: politique familiale mardi, politique sociale mercredi, politique économique jeudi et discussion entre les présidents de partis vendredi.

Risque de lasser?

A une époque où les chaînes rivalisent de programmes légers ou bêtifiants pour satisfaire les goûts du public, où l’on prête au citoyen un désintérêt croissant pour la chose publique, le pari semblait risqué.

La chaîne n’a-t-elle pas eu peur d’assommer le téléspectateur ou même de le lasser?

«L’expérience de 1999, où nous avions déjà organisé quatre débats de suite, a montré que ce n’était pas le cas», répond le rédacteur en chef Ueli Haldimann.

«Mais, ajoute-t-il, nous avons quand même supprimé deux ‘Arena’ du vendredi, celle précédant la série et celle de vendredi prochain, pour ne pas surcharger le programme.»

La preuve par l’audimat

Le rédacteur en chef souligne aussi le côté pratique de ce choix. «Pour des raisons financières, il est évidemment avantageux de pouvoir utiliser le même studio.»

«En outre, poursuit-il, ‘Arena’ est une formule qui marche très bien, pourquoi vouloir inventer quelque chose de nouveau si ce qui existe fonctionne?» Ce qui n’empêche pas le responsable de songer à un renouvellement pour 2007.

Mais dans l’immédiat, les résultats lui donnent raison: diffusées à partir de 22h20, les «Arena électorales ont réalisé entre 25% et 27,3% de parts de marché, vraisemblablement encore plus pour l’édition de vendredi soir.

En comparaison avec les programmes habituels de ces soirs-là, l’audience est comparable (26% pour la case documentaire du lundi soir), voire meilleure. Quant à l’ «Arena» classique du vendredi soir, elle comptait, en 2002, 28% de parts de marché en moyenne.

Diffusion trop tardive

Le journaliste Urs Leuthard, présentateur de l’émission, est lui aussi convaincu du bien-fondé de la formule.

«Malgré le risque inhérent à une diffusion à des moments inhabituels, en dehors du vendredi, nous avons de bons échos. Manifestement, il y a un réel besoin pour ce type de débats. La seule critique qu’on nous a faite concerne l’heure de diffusion, trop tardive.»

La libérale genevoise Barbara Polla, qui a participé au grand débat de la TSR mercredi et à sa première «Arena» jeudi, se dit «très impressionnée par les moyens très modestes du plateau en tant que tel, en contraste avec l’efficacité de l’émission.»

«Urs Leuthard met en valeur la politique et les politiciens, ce qui est suffisamment rare pour être souligné! Ce genre d’émissions permet vraiment aux téléspectateurs de se faire une idée sur les visions, les objectifs et les personnalités des partis», conclut la libérale.

27,6% pour la TSR

Quant à la TSR, elle peut également se targuer d’un vrai succès d’audience: le débat de mercredi a retenu 162’000 spectateurs, soit 27,6% de parts de marché.

On est loin des 50% du «Mayen 1903», mais loin aussi des 7 à 8% réalisés pour les différents débats dans les cantons, qui ont retenu, par la force des choses, les téléspectateurs locaux essentiellement.

Pour ne pas ennuyer?

N’empêche: avec ses sketches et ses questions SMS, la TSR avait-elle peur que le téléspectateur romand ne s’ennuie, avec du débat politique pur?

«Pas du tout. Les sketches sont là pour relancer l’intérêt au milieu d’un débat potentiellement aride», répond André Crettenand, chef du Département de l’actualité.

«Et cela a marché, se félicite-t-il, puisque les gens sont restés jusqu’à la fin des deux heures et demie d’émission et que 15’000 personnes ont envoyé un SMS!»

Une idée reçue contredite

Pour André Crettenand, ces taux d’audience sont surtout réjouissants car ils «contredisent l’idée reçue selon laquelle les Suisses se désintéressent de la politique.»

La TSR ne peut en tout cas pas prétendre seule à la palme de l’analyse politique humoristique: dimanche prochain, SF DRS dépêchera à Berlin deux correspondants un peu particuliers.

Le cabarettiste Viktor Giacobbo et son complice Mike Müller, «convaincus que les élections fédérales influencent fondamentalement l’Allemagne et sa politique» proposeront leur analyse depuis la Porte de Brandebourg de Berlin…

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

– La Télévision suisse romande (TSR) a diffusé mercredi 8 octobre un grand débat de 2 heures et demie sur les thèmes clés des élections fédérales 2003. Résultat: 27,6% d’audience, ou 162’000 spectateurs, restés jusqu’à la fin.

– Avant cela, la chaîne romande avait aussi diffusé des débats cantonaux et des émissions «Face aux partis», à 20 heures.

– La Télévision alémanique (SF DRS) a également mis les partis «sur le gril».

– En revanche, plutôt qu’un seul grand débat, elle a choisi de diffuser quatre débats de suite, du 7 au 10 octobre.

– Malgré l’heure tardive (90 minutes d’émission à partir de 22 h 20), l’audience a à chaque fois dépassé les 25% de parts de marché.

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