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Les joies du patriotisme

La croix blanche est devenue très tendance. Keystone Archive

Les symboles nationaux sont toujours plus à la mode. Le 1er août, ils prennent une dimension patriotique. Aux côtés des traditionnels discours commémoratifs.

Effet Expo.02, effet de mode ou simple réaction à la cascade de malheurs qui ont touché leur pays, les Suisses semblent jouer depuis quelques mois «l’union sacrée». Autour des symboles nationaux.

La croix blanche, frappée sur des T-shirts rouges, des pull-overs, des montres et autres sacs à main, est ainsi devenue un véritable article «tendance» pour une bonne partie de la jeunesse du pays.

Et cela plus pour surfer sur la «vague logo» que par pur sentiment patriotique, affirment certains spécialistes de la mode.

Des jeunes au micro

Pour autant, l’engagement d’une partie de la jeunesse est réel. Puisqu’elle participe concrètement à l’édition 2002 de la fête nationale dans au moins 200 municipalités.

Des jeunes y ont en effet un rôle d’orateur. Et ce, à l’initiative du Conseil Suisse des Activités de Jeunesse (CSAJ) et de son projet «01-08-02.ch… et les jeunes ont la parole ».

Un jour pour la patrie

Pour eux, ce sera un petit moment de gloire et de sentiments patriotiques à passer aux côtés des élus locaux. Sous le drapeau, juste avant les traditionnels feux d’artifices.

L’occasion, peut-être, de se rappeler que le premier août n’a été décrété fête nationale qu’en 1891 seulement.

Tout le monde a en tête le Pacte de 1291 entre Uri, Schwyz et Unterwald – sur la prairie du Grütli – comme acte fondateur du pays.

Il s’agit d’un mythe qui relève d’une volonté politique destinée à réconcilier la Suisse avec sa démocratie et à insuffler une dynamique identitaire.

31 juillet ou 1er août?

Celle-ci ne s’attache plus, aujourd’hui, au respect strict de la tradition. Au point que plusieurs communes choisissent depuis quelques années de célébrer l’événement un jour à l’avance.

Comme à Bâle, par exemple, où les feux d’artifice illuminent le ciel du 31 juillet. La logique est très simple: les citoyens ayant congé le 1er août, il leur est plus aisé de veiller tard à la lumière des lampions lorsqu’ils peuvent se reposer le lendemain.

A moins, bien sûr, qu’ils ne fassent partie des plus de 200’000 «bruncheurs» attendus dans près de 450 exploitations fermières.

Pour la dixième année consécutive, des familles paysannes organisent un brunch à la ferme et proposent de déguster une multitude de produits agricoles.

Regarder vers l’avenir sans ridiculiser le passé

Pour sa part, Expo.02 entend respecter la coutume. Celle des engins pyrotechniques officiels explosant le jour J au-dessus des différents arteplages.

Mais si les organisateurs de la manifestation restent fidèles à la tradition, ils se sont par contre laissé un peu dépasser par la publicité accompagnant une programmation théâtrale déjantée et provocatrice prévue sur l’arteplage de Bienne.

Appelé à s’interroger sur les valeurs suisses, le groupe alternatif bernois «400asa» fait monter la pression autour de sa pièce en invitant les Suisses à brûler passeports et drapeaux.

«C’est de l’antisuissisme primaire», affirme Ueli Windish, sociologue à l’université de Genève. Avant d’ajouter: «Une société ne peut pas aller de l’avant ‘ex nihilo’. On prend toujours appui sur des fondements pour les actualiser et les développer».

De ce fait, Ueli Windish pense que le patriotisme n’est pas ringard: «Aujourd’hui, nous devons regarder vers l’avenir sans bêtement ridiculiser le passé et renier nos fondements.»

«Nous avons, conclut-il, besoin de mobiliser toutes les énergies et les capacités extraordinaires qu’il y a dans ce pays pour définir une vision de l’avenir.»

Retour au Grütli

Le traditionnel discours prononcé sur la prairie du Grütli participe à ce retour aux valeurs fondamentales. Il ne reste qu’à trouver les mots justes pour dessiner les grands traits d’une Suisse au futur incertain.

Raison pour laquelle, le président de la Confédération Kaspar Villiger veut donner l’exemple. Dans son allocution à l’attention des Suisses de l’étranger, il adopte un ton résolument rassurant. Et souligne que l’état réel du pays est bien meilleur que ce que pensent les citoyens.

«Notre pays continue de disposer de beaucoup d’atouts, même s’il traverse à nouveau une phase durant laquelle son moral est moins bon que son état général, explique-t-il. Ce qui permet d’envisager l’avenir avec optimisme.»

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