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Les Suisses en force dans les festivals étrangers

Sophie Hunger, l'artiste suisse la plus demandée du moment. Keystone

Les musiques actuelles suisses sont particulièrement bien représentées cet été dans les festivals étrangers. Un succès en hausse ces dernières années, que les experts de la branche mettent sur le compte de la professionnalisation de l'encadrement des artistes.

Une dizaine de dates dans toute l’Europe en juillet-août pour le collectif helvétique basé à Berlin Bonaparte (électro-indie-rock) et pour le trio genevois Mama Rosin (rock cajun), ou encore une tournée américaine estivale pour les Fribourgeois d’Amagortis (metal): c’est une partie du palmarès réjouissant qu’affiche l’organisme Swiss Music Export (SME) sur son site internet.

Mais l’artiste suisse la plus demandée du moment est sans conteste Sophie Hunger. La jeune Bernoise fait découvrir au public étranger ses chansons folk-pop-blues lors d’une vingtaine de concerts estivaux cette année, notamment au festival de Glastonbury, un géant britannique.

L’été 2010 est une excellente cuvée en matière de présence suisse sur les scènes internationales, confirme Marc Ridet, directeur de la FCMA (Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles). Selon lui, la reconnaissance de la musique helvétique a passablement augmenté ces dernières années: «Ce n’est que depuis environ 5 ans que les étrangers vont écouter des groupes juste parce qu’ils sont suisses».

Peut-on dès lors conclure que la musique helvétique est devenue un label en soi, comme celle d’autres petits pays tels que la Belgique ou le Danemark? Philipp Schnyder von Wartensee, le directeur du festival m4music du Pour-cent culturel Migros – une plateforme d’information et d’échange visant la promotion des musiques actuelles suisses -, nuance.

Selon lui, la musique suisse, même si elle a gagné en crédibilité, «n’est pas encore considérée comme une marque qui a du poids à l’étranger». En effet, «la Suisse n’est pas un pays à longue tradition d’exportation de musique».

Une initiative conjointe

Pour expliquer la présence en hausse ces dernières années des musiciens helvétiques sur les scènes internationales, les spécialistes sont plusieurs à citer la mise en place de structures de soutien professionnelles comme SME. Cette initiative conjointe de Pro Helvetia, du Fonds des producteurs phonographiques, de la SUISA, de la FCMA, du Pour-cent culturel Migros et de la Fondation des interprètes SIS a été lancée en 2003.

Auparavant, la carrière internationale de certains artistes suisses comme Yello, Gotthard ou encore Stephan Eicher était «le fruit du hasard», souligne Jean Zuber, le directeur de SME. «Aujourd’hui, elle est due à une professionnalisation accrue». Et de préciser que les groupes qui s’offrent les services d’un agent, dont le nombre ne cesse de croître, réussissent généralement mieux à s’exporter.

Mais pour espérer décrocher un contrat avec un festival étranger, les artistes doivent non seulement être bien encadrés mais aussi pouvoir justifier d’une musique de «qualité exceptionnelle», note Philipp Schnyder. C’est pourquoi les musiciens suisses qui évoluent dans des «niches» sont particulièrement présents hors des frontières.

Après Gotthard et Krokus

Ainsi, à l’instar de leurs prédécesseurs Gotthard, Krokus ou encore Samaël, quelques artistes metal suisses cartonnent en Europe, voire outre-Atlantique. C’est le cas de Triptykon et surtout de Eluveitie, qui enchaîne les concerts internationaux depuis quatre ans. Côté électro, Filewile s’est fait sa place à l’étranger dans le sillage des célèbres Yello.

Leur succès, ces artistes helvétiques n’en jouissent pas forcément dans leur propre pays. «Certains groupes se font d’abord connaître à l’étranger et ne décrochent des contrats dans des festivals suisses que dans un second temps», fait remarquer Barbara Canepa, de Pro Helvetia.

Un paradoxe qui pourrait trouver son origine dans le multiculturalisme helvétique. Il est en effet parfois plus difficile pour un artiste de se produire dans une autre région linguistique qu’à l’étranger.

Patricia Michaud (ATS) et swissinfo.ch

Les Suisses incontournables de l’été: Sophie Hunger et Bonaparte. Âgée de 27 ans, la première s’est taillé en trois albums un joli succès en Suisse, puis à l’étranger. La Bernoise compose elle-même la plupart de ses chansons folk-pop-blues, chantées en anglais, allemand ou suisse-allemand.

Etabli à Berlin, Bonaparte est un collectif indie-rock-électro dont le seul membre permanent est le Suisse Tobias Jundt. Ce dernier est accompagné sur scène de jusqu’à 20 musiciens, qui s’adonnent à des performances déjantées.

Parmi les autres musiciens suisses qui se vendent particulièrement bien dans les festivals internationaux figurent The Hillbilly Moon Explosion. Les compositions de ces Zurichois, qui oscillent entre rockabilly, R&B et garage, ont donné lieu à trois albums.

Quant aux Genevois de Mama Rosin, ils constituent «le seul vrai exemple romand qui marche bien à l’étranger», selon le directeur de la FCMA Marc Ridet. Le trio propose un rock cajun, chanté dans un français basique.

Dans un registre plus électro, les Suisses qui séduisent les programmateurs étrangers sont notamment les Bernois de Filewile et la Zurichoise Oy, gagnante 2010 du tremplin pour les Eurockéennes de Belfort.

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