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Les trois romances de Kossakovski

Victor Kossakovski, cinéaste russe de l’amour. Service de presse de Visions du réel

Au Festival du documentaire à Nyon, le cinéaste russe, Victor Kossakovski, décline l'amour en trois romances. Celle d'une vieillesse à Jérusalem. Celle d'un mariage russe. Et celle d'un premier chagrin d'amour dans un jardin d'enfants de Saint-Pétersbourg.

En un film et trois tableaux, Victor Kossakovski rappelle que les blessures d’amour n’attendent pas le nombre des années pour qui voit le jour sur cette terre.

Mieux encore, le cinéaste russe gratifie son public – salle nyonnaise pleine à craquer – d’une prouesse technique remarquable: celle d’avoir réussi à immortaliser sur la pellicule des temps forts et des sentiments intimes de la réalité profonde du genre humain.

Ainsi, pour filmer l’amour, Kossakovski a commencé par le crépuscule d’un couple russe d’origine juive. Pavel et Lyalya ont en effet décidé de vivre leurs derniers jours à Jérusalem. La ville de tous les extrêmes. Là où l’on va même mourir pour mieux renaître.

Pavel est paralysé dans son lit. Mais son épouse Lyalya lui remet ses lunettes, lui donne à manger et le promène, parfois, en chaise roulante dans les rues de la cité trois fois saintes.

Souvent, Lyalya se met à pleurer devant le mur de sa maison. Mais, très vite, elle se reprend: «le monde est si beau, se dit-elle, Dieu existe sur terre…»

Puis, changement de décor: un jeune couple se marie en 1999 dans un bourg de Russie. Quoi de plus ordinaire. Or, pour Kossakovski, c’est l’occasion de filmer une avalanche de discours convenus et de vœux à l’emporte-pièce.

Dans une ambiance éthylique et faussement enjouée, les nouveaux époux jouent docilement leur partition. Comme un duo de clowns tristes.

Le mariage de Sergueï et Natacha porte en germe le désenchantement perceptible sur les visages de leurs aïeux.

Puis vient le troisième et dernier volet de la trilogie qui se déroule dans un jardin d’enfants de Saint-Pétersbourg. Là, Katia aime Sacha. Qui, lui, aime aussi Macha, Arina, Ksioucha…

Cette société enfantine contient en elle tous les ferments du monde des adultes: amours, trahisons, amitiés qui se nouent et se dénouent.

La cruauté tranquille de Sacha n’est que le reflet de son embarras devant la passion qu’il suscite. Tandis que le chagrin de l’inconsolable Katia fait figure d’icône du martyre amoureux. Ce jardin d’enfants où, déjà, le contour des adultes se dessine.

Emmanuel Manzi

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