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Marco Müller, ou Venise à la sauce cannoise

Marco Müller, de Locarno à Venise. Keystone

La 61e Mostra de Venise a ouvert ses portes mercredi. Une manifestation dirigée dès cette année par Marco Müller, qui fut directeur du Festival de Locarno pendant neuf ans.

Il apporte de nouveaux horizons et un cortège de stars à la Mostra, le plus ancien festival du film en Europe.

Cette 61e édition de la Mostra est la première que dirige l’italo-suisse Marco Müller, qui remplace Moritz de Hadeln… Suisse également, celui-ci avait tout comme Marco Müller dirigé le Festival international du film de Locarno.

La nomination de Marco Müller par le conseil d’administration de la Biennale de Venise, en mars dernier, avait d’ailleurs suscité quelques vagues. Pas tant à cause de la personnalité de Marco Müller qu’à cause de l’éviction de Moritz de Hadeln.

Une éviction politique selon certains, la personnalité de Marco Müller étant «plus appropriée» aux yeux de l’administration Berlusconi que celle de Moritz de Hadeln.

Quoi qu’il en soit, Marco Müller a été nommé pour quatre ans. Sinologue, expert du cinéma oriental, il a dirigé le Festival de Locarno de 1991 à 2000.

A son actif également, la création de la Fondazione Montecinemaverità à Locarno, et un travail assidu de producteur – dans le cadre de la Fabrica, du groupe Benetton ou pour le compte de ses propres sociétés «Downtown Pictures» en Italie et «Riforma Film» en Suisse.

Influence cannoise

«La programmation ne peut être que le résultat d’un mélange entre le festival ‘nouvelle collection d’art contemporain’, le festival ‘spectacle tout en étant un peu insolite’, et le festival ‘découverte’. Ça faisait longtemps que ce mélange était pratiqué avec beaucoup de bonheur par le seul festival de Cannes et on a essayé de le copier», confie Marco Müller dans un entretien à l’AFP.

Et le nouveau directeur de la Mostra d’enfoncer le clou en mentionnant la forte présence de films américains cette année: «Jamais on a eu autant de films américains à Venise, une vingtaine. Ce cinéma est représenté par les films les plus surprenants, ceux qui arrivent à garder un espace de manœuvre, un cinéma personnel et novateur.»

Un relookage du festival qui passe aussi par la présence, dans la course au Lion d’Or, d’un film d’animation («Howl’s moving castle» du Japonais Hayao Miyazaki), ou par la venue d’une pléiade de stars: John Travolta, Meryl Streep, Tom Cruise, Nicole Kidman, Johnny Depp, Emmanuelle Béart, Denzel Washington, Jon Voight ou Valeria Bruni-Tedeschi sont de la partie.

Mais Marco Müller n’est pas exactement un ‘fan’ transi. Cette pleine gondole de vedettes répond à un calcul bien précis: «Il est évident que tous les films profitent de la présence des stars. On ne peut s’imaginer que les responsables des pages spectacles (des journaux) multiplient les pages sur le festival sans des photos et des interviews de stars».

«Finalement, cela profite au cinéma d’auteur marocain comme aux grandes pointures du cinéma mondial», conclut-il.

Temps forts



Parmi les 21 films en compétition pour le Lion d’Or figure, pour la première fois à Venise depuis 15 ans, un film suisse: «Tout un hiver sans feu» de Greg Zglinski. Et trois œuvres françaises sont présentes: «L’intrus» de Claire Denis, «5×2» de François Ozon, et «Rois et reine» d’Arnaud Desplechin.

Les Européens se taillent d’ailleurs la part du lion: la moitié des films en compétition proviennent du Vieux Continent (également trois Italiens, un Britannique, un Espagnol, un Allemand, un Grec, et un Russe).

Cette Mostra est également l’occasion de découvrir la dernière oeuvre de Wim Wenders («Terre d’abondance») sur l’Amérique traumatisée post-11 septembre et la fresque de Mike Leigh sur la vie d’une «faiseuse d’anges» dans l’Angleterre des années 50 («Vera Drake»).

Les Etats-Unis et l’Asie se partagent l’autre moitié des films en compétition, avec notamment «Birth» de Jonathan Glazer avec Nicole Kidman en tête d’affiche, ou encore «Café Lumière» du Taïwanais Hou Hsiao-hsien.

De grosses productions sont également présentées hors compétition, au premier rang desquelles «Le terminal» de Steven Spielberg, avec Tom Hanks, projeté mercredi en ouverture du festival, mais aussi «Manchurian Candidate» de Jonathan Demme, «Collateral» de Michael Mann, «She Hate Me» de Spike Lee, «La demoiselle d’honneur» de Claude Chabrol ou «The merchant of Venice» de Michael Radford.

A noter que, outre «Tout un hiver sans feu», la Suisse est également représentée à Venise à travers deux coproductions minoritaires «Confituur» de Lieven Debrauwer, présenté dans la section «Journées des Auteurs», et «La femme de Gilles» de Frédéric Fonteyne, dans la section «Venise Mezzanotte». Deux cinéastes belges.

swissinfo et les agences

La 61e Mostra de Venise se tient du 1er au 11 septembre.
Le jury de la compétition est présidé par le réalisateur britannique John Boorman, assisté de sept personnalités.
Durant cette Mostra, deux «Lion d’or» spéciaux seront attribués: l’un au vétéran portugais Manoel de Oliveira pour l’ensemble de sa carrière, l’autre à l’Américain Stanley Donen, le réalisateur de «Chantons sous la pluie» (1952).

– Marco Müller est né en 1953 à Rome. Il est d’origine suisse par son père. Etudes de sinologie et d’anthropologie en Italie.

– Critique et historien du cinéma, il devient créateur et/ou directeur de festivals dès 1978: Turin, Pesaro, Rotterdam, Locarno (de 1991 à 2000), Venise.

– Créateur de la Fondazione Montecinemaverità à Locarno, il est également producteur de films – dans le cadre de la Fabrica, du groupe Benetton ou pour le compte de ses propres sociétés.

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