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Szeemann for President!

Utopistes pragmatiques en rose et vert: Harald Szeemann et Marco Müller. swissinfo.ch

Le muséographe Harald Szeemann, directeur de la prestigieuse Biennale de Venise, a été nommé président de la Fondation MonteCinemaVerità, à Locarno, dont Marco Müller est le créateur et le directeur. Duo de choc.

«Harald Szeeman a été membre du Conseil de Fondation dès sa création», explique Marco Müller. «Et pour cause: la fondation s’appelle MonteCinemaVerità, allusion au Monte Verità, laboratoire des utopies. Ce lieu a été présenté, étudié, sillonné, par une personne en Suisse. Et c’est Harald Szeemann».

Le Monte Verità, qui domine Ascona, juste à côté de Locarno, a en effet drainé nombre d’artistes et d’intellectuels depuis le siècle dernier, qu’il s’agisse de Jung, de Bakounine, de Joyce, de Hesse ou de Klee, d’où son surnom de «colline des utopies», une colline sur laquelle Harald Szeemann s’est largement penché.

L’utopie réaliste de Müller

Lorsque Marco Müller est devenu le patron du Festival de Locarno, en 1992, il avait décidé de créer une structure qui lui permettrait d’aider financièrement le cinéma du Sud et de l’Est, tout en lui servant «d’observatoire».

En presque dix ans d’existence, la Fondation a soutenu une soixantaine de projets, soit en apportant le financement de base, soit en débloquant des aides d’urgence pour la finition de films. Des films qui ont d’ailleurs souvent rencontré leur public, et qui ont parfois été primés, que ce soit à Berlin, à Venise ou à Cannes.

Spécificité culturelle de la Fondation: elle fonctionne depuis sa création avec l’aide de capitaux publics (Direction du développement et de la coopération, structure du Département des affaires étrangères) et, depuis quelques années, avec également des fonds privés (United Colors Communication, émanation de Benetton, basée à Lugano)

Un lien réussi grâce à l’habileté de Müller, par ailleurs directeur d’une maison de production qu’il a créée en Italie, Fabrica Cinema, intégrée à Fabrica, le centre de recherche en matière de communication du groupe Benetton.

De Buache à Szeemann

En 1992, la présidence de la Fondation avait été confiée à Freddy Buache, alors directeur de la Cinémathèque suisse. Monsieur Cinéma passe donc le témoin à un homme que l’on sait plutôt lié au milieu des Beaux-Arts.

«J’ai une longue histoire avec le cinéma. Je suis de la génération de la Nouvelle Vague, qui a vu le premier programme de Langlois. Pendant ma période bernoise, j’ai invité beaucoup de cinéastes à la Kunsthalle, et cette année à la Biennale de Venise, nous avons proposé à des cinéastes de réaliser des films dans le cadre d’une exposition d’art» relève Harald Szeemann. Et d’ajouter: «En plus, comme il s’agit là de films de l’Est et du Sud, j’ai pensé que cela pourrait être une nouvelle aventure pour moi.»

«Harald Szeeman a fait dans l’art le même travail que Marco Müller dans le cinéma», remarque Giancarlo Olgiati, vice-président de la Fondation. Réaction de Müller: «Il faudrait plutôt dire que j’ai essayé de m’inspirer du travail de grands fabricants de manifestations artistiques, comme Harald Szeemann, pour essayer de contredire une vision un peu univoque, ou trop œcuménique de notre activité».

De son côté, qu’est-ce qu’ambitionne Harald Szeemann? «Que Müller garde son ambition. Et que je sois, en quelque sorte, le garant de son ambition. Szeemann, protecteur de Müller? «C’est cela. Encore que Müller soit assez grand; et assez rusé».

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