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Mexique: Crimes et impunité dénoncés à l’ONU

Les habitants de l'Etat d'Oaxaca réclament la justice. Keystone Archive

Une délégation de la Commission internationale des juristes s'est rendue au siège genevois des Nations Unies. Elle dénonce des crimes des autorités dans l'Etat mexicain de Oaxaca, crimes restés impunis.

La Suisse suit l’évolution de la situation. Trois députés viennent d’ailleurs de rentrer d’un voyage d’observation sur place.

Consultant de Commission internationale des juristes (CIJ), Roberto Garretón était récemment à Genève. Le juriste chilien y a présenté son enquête sur la situation des droits de l’homme dans l’Etat d’Oaxaca au Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies.

«La répression des manifestations menées par l’Assemblée populaire des peuples de l’Oaxaca a de loin dépassé les formes normales de la répression de manifestations publiques, déclare-t-il. Les règles des Nations Unies, notamment en ce qui concerne l’usage des armes a feu, n’ont pas été respectées.»

«La répression de ces manifestations a provoqué 24 meurtres restés impunis, poursuit-il. De plus, il y a eu entre 500 et 700 détentions arbitraires. La plupart des gens emprisonnés ont maintenant été relâchés, mais il y n’y a pas eu un respect absolu du droit lors des procès.»

«Un peu d’espérance»

Cette situation interpelle la communauté internationale. «Pour apprécier le degré de préoccupation, il suffit de signaler que la Commission interaméricaine des droits de l’homme y a consacré trois sessions spéciales et que sont président s’est rendu dans l’Etat d’Oaxaca au mois d’août», souligne Roberto Garretón.

A Genève, le juriste chilien était accompagné de deux avocats: Isaac Torres Carmona, de la Ligue mexicaine de la défense des droits de l’homme et de Alba Cruz Ramos, du Comité du 25 novembre de Oaxaca. swissinfo a demandé à cette dernière quelle était l’importance de cette visite au siège genevois des Nations Unies.

«Nous croyons dans le système de justice international, répond Alba Cruz Ramos. Au Mexique – spécialement dans l’Etat d’Oaxaca – il existe une très grande défiance face aux organes judiciaire. Il n’y a pas de justice. Nous vivons dans une totale impunité de l’Etat.»

«Pour nous, accompagner Roberto Garretón représente un peu d’espérance, poursuit-elle. Dans le sens ou nous pouvons atteindre un peu de justice, faire connaître ce qui ce passe là-bas.»

La Suisse «attentive»

En Suisse ces violations des droits de l’homme ont été évoquées à la Chambre basse du Parlement à la fin de 2006. Le député socialiste Carlo Sommaruga avait demandé si le gouvernement avait l’intention d’intervenir face aux «violations flagrantes des droits de l’homme» dans un pays qui présidait alors le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Ministre des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey avait répondu que le gouvernement se montrait préoccupé par la situation dans l’Etat d’Oaxaca et que son ministère suivait «continuellement et avec attention le développement des événements au Mexique et en particulier à Oaxaca».

Plus récemment, une délégation suisse vient de rentrer d’un voyage d’observation sur le terrain. Celle-ci était composée de Maria Roth-Bernasconi (députés socialiste), de Josef Lang (député Vert alternatif), de Ulrich Siegrist (ancien député et fondateur du Forum libéral du centre) ainsi que de Roland Trauffer (vicaire général du Diocèse de Bâle).

«La situation des droits de l’homme est beaucoup plus précaire que ce que j’imaginais, déclare Josef Lang. Bien que d’opinions politiques fort différentes, nous avons finalement fait le même constat.»

swissinfo, Patricia Islas Züttel
(Traduction de l’espagnol: Olivier Pauchard)

Plusieurs organisations suisses de défense des droits de l’homme soutiennent depuis plus de dix ans le processus de pays dans l’Etat mexicain du Chiapas.

Elles ont étendu leurs activités à d’autres régions mexicaines en proie à des situations tendues: Oaxaca, Guerrero, Chihuahua ou Mexico.

Peace Watch Switzerland réalise une mission d’information sur les droits de l’homme au Mexique depuis la Suisse.

D’autres organisations, telles que l’Entraide protestante, Pain pour le prochain ou encore Caritas développent des projets d’aide directement au Mexique.

C’est dans ce cadre qu’elles ont organisé déjà sept voyages d’observation dans le sud du pays, des voyages auxquels participent des parlementaires ou des religieux suisses intéressés à connaître la situation dans le pays.

Ces organisations sont financées par des dons privés mais également par la Confédération suisse.

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