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Picasso: 68, année érotique

Picasso, «Suite 347», N° 43 ou le cirque vu par l’artiste. Collection J. Planque

Le Cabinet cantonal des Estampes, au Musée Jenish de Vevey, propose une exposition intitulée «Picasso: les 347». Une vaste série de gravures, reflets particulièrement chauds d'un été 68.

Cette année-là, Pablo Picasso a 87 ans. Il vit à Mougins. Et entre le 16 mars et le 5 octobre, il grave 347 eaux-fortes, qui seront tirées l’année suivante à 50 exemplaires.

Un heureux collectionneur, Jean Planque, conseiller de la Galerie Beyeler à Bâle, possédait la série complète, numérotée 28/50. Suite à son décès il y a trois ans, les gravures de la Fondation Jean et Suzanne Planque ont été déposées au Cabinet cantonal des Estampes de Vevey.

«Picasso a fait de la peinture et de la sculpture, mais aussi de la gravure, et depuis toujours. Déjà en 1905, il a signé la série des saltimbanques», constate la commissaire de l’exposition, Nicole Minder.

Cet été 68, c’est une véritable frénésie qui s’empare de lui. Multipliant les techniques, du simple trait au grattage forcené, il va illustrer plusieurs thèmes qui parcourent l’ensemble de son oeuvre. Le peintre et son modèle, le cirque, la Célestine, un personnage issu du roman «Calixte et Mélibée», de Fernando de Rojas, un personnage qui apparaît déjà dans sa période bleue. Le tout fortement érotisé.

Ainsi, la vieille Célestine a tout l’air d’une drôle d’entremetteuse. Au cirque, les danseuses sont nues et disponibles. Et quand le peintre se tient face à son modèle, le modèle s’offre à lui, jambes largement ouvertes.

L’érotisme culmine dans une série de 25 gravures qui déclinent le thème de «Raphaël et la Fornarina»… N’a-t-on pas dit que Raphaël serait mort de «frénésie érotique»? Là, le pinceau toujours à la main, le peintre copule allègrement avec son amante, sous l’oeil d’un voyeur égrillard: le pape en personne.

C’est cru, c’est drôle, et on l’imagine aisément, choquant pour certains. «Picasso, à son âge, pouvait se permettre ça. Il est provocateur, il n’a plus de barrières, c’est vrai. Mais en même temps, il y a un côté ludique, l’envie simplement de s’amuser» constate Nicole Minder.

A 87 ans, le vieux Picasso avait indéniablement la main ferme, une imagination débordante, un goût toujours aussi prononcé pour la sexualité et beaucoup d’humour. Lorsqu’on sort de cette exposition, on se sent donc d’humeur joviale… et plein d’espoirs pour l’avenir.

Bernard Léchot

«Picasso: les 347», à voir au Musée Jenish, Av.de la Gare 2, Vevey, jusqu’au 9 septembre.

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