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Picasso, fil après fil

Enjambant les siècles, le fameux taureau tricorne de Martigny côtoie les toiles de Picasso swissinfo.ch

«Picasso, sous le soleil de Mithra», c'est donc le titre de la nouvelle et magnifique exposition que propose la Fondation Gianadda, à Martigny. Décidément, l'intérêt autour de l'artiste espagnol ne fléchit pas...

Cet été en Suisse, Picasso est partout. Le Musée Jenish, à Vevey, expose les «347», série de gravures qu’il exécuta en 1968. La Fondation de l’Hermitage, à Lausanne, dévoile plusieurs toiles et sculptures du Maître tirées de la collection Jean Planque.

L’hiver et le printemps dernier, faut-il le rappeler, le Musée du Jeu de Paume drainait les foules grâce à son «Picasso érotique», un événement monté par Gérard Régnier, directeur du Musée Picasso à Paris, également commissaire de l’exposition que présente jusqu’au 4 novembre la Fondation Gianadda (voir notre article «Le taureau, de Mithra à Picasso»).

«Je crois que l’œuvre de Picasso, aujourd’hui, atteint à sa véritable grandeur. On découvre qu’elle est beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, beaucoup plus savante également que ce qu’on pouvait croire. On est en train de tirer les fils d’une tapisserie incroyablement riche, fil après fil… Vous avez cité trois expositions, mais il y en a une vingtaine chaque année dans le monde», constate Gérard Régnier.

«Picasso est le seul artiste dans l’art moderne à avoir pu comprendre et faire revivre la puissance du monde archaïque et en particulier du culte de Mithra » a écrit en substance Georges Bataille. A Martigny, c’est donc le fil de la spiritualité chez Picasso que Gérard Régnier s’est intéressé à dérouler.

«Après Picasso érotique, j’avais envie d’aborder l’autre volet: un Picasso tourné vers le sacré, vers la mort, et vers le rituel, le sacrifice. Les deux expositions sont à mes yeux les deux volets d’une même démarche, qui consiste précisément à redonner à l’Oeuvre la richesse de son iconographie.»

A Paris, on a pu découvrir le Picasso érotomane aussi convaincu que pratiquant. A Vevey, on fait connaissance avec le vieux Picasso, boulimique de travail lors de l’été 68. A Martigny, on s’étonne de cet artiste révolutionnaire puisant son inspiration chez les anciens, et dont un pan de l’œuvre s’éclaire à la lumière du culte de Mithra.

On est loin des expos fourre-tout, qui permettent au public de ne retenir que les grandes évidences – la période bleue ou l’invention du cubisme…

A l’occasion de cette exposition, la Fondation Gianadda publie un superbe catalogue qui inclut les reproductions de toutes les œuvres présentées à Martigny. Ainsi que les contributions de plusieurs spécialistes, dont Annie Caubet, Chargée du Département des antiquités orientales au musée du Louvre, François Wiblé, archéologue cantonal du Canton du Valais, et bien sûr Gérard Régnier, également connu en tant qu’auteur et critique d’art sous le nom de Jean Clair.

Bernard Léchot

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