
Adolf Ogi donne à l’ONU l’image d’une Suisse solidaire

Adolf Ogi n´a pas manqué son rendez-vous avec l´histoire suisse. Premier des présidents de la Confédération à s´adresser à l'ONU, il espère que ses successeurs pourront bientôt faire de même avec un vrai statut d´Etat membre.
Dans la grande assemblée politique des Nations Unies, la Suisse n’a en effet qu’un statut d’observateur. Pourtant, elle partage les mêmes valeurs que l’Organisation: la paix, la stabilité, la démocratie et le respect des droits de l’homme. Il y a là une sorte d’incohérence, d’anomalie, pour ne pas dire d’anachronisme qu’Adolf Ogi ne cherche pas à expliquer.
«La paix, la sécurité et le bien-être sont l’affaire de tous … la Suisse veut relever ces défis avec vous», dit-il aux gouvernants de tous horizons présents à New York à l’occasion du Sommet du Millénaire, en s’excusant presque de ne pas être membre à part entière de leur cénacle.
Prudemment, il annonce que cette situation pourrait changer très bientôt: «le peuple suisse se prononcera sur l’adhésion à l’ONU en 2002». Adolf Ogi sait avec certitude qu’il traduit ainsi la volonté unanime du gouvernement suisse de corriger cet état de choses.
On devine, entre les lignes, qu’il aimerait en dire plus. Mais, politique intérieure oblige, il doit retenir son tempérament optimiste. Il ne veut pas heurter les sensibilités contraires, surtout à quelques jours d’un vote qui devrait servir de révélateur. On saura le 24 septembre quelle image les citoyens de ce pays se font aujourd’hui de l’étranger qui s’installe chez eux.
Au même moment, à New York toujours, les chefs des quinze Etats membres du Conseil de sécurité tenaient leur sommet à eux. Ils votaient, à l’unanimité, une résolution qui appelle à de profondes réformes de l’ONU pour qu’elle soit plus efficace dans ses opérations de maintien de la paix.
C’est un thème auquel Adolf Ogi est évidemment très sensible puisqu’en Suisse il porte la responsabilité de la défense et de la protection de la population. Depuis les événements du Kosovo, on connaît aussi son engagement en faveur d’une action crédible des soldats suisses sur le terrain.
Dans ce domaine, en Suisse comme aux Nations Unies, il faut innover car, dit-il, le droit international classique ne suffit plus. Le Président de la Confédération va encore plus loin en demandant que l’on se préoccupe aussi de guérir les blessures de l’histoire et en donnant en exemple les efforts de réconciliation intérieure déployés en Afrique du Sud.
Enfin, Adolf Ogi se souvient des propos qu’il avait déjà tenus à Genève lors du Sommet social du mois de juin: «la sécurité humaine passe aussi par la lutte contre la pauvreté et les inégalités, c’est une de nos priorités, parce que les fruits de la globalisation doivent profiter au bien de tous».
Le président de la Confédération ne tombe pas dans les travers des discours de fête nationale. Sa tribune et son auditoire l’obligent à beaucoup de simplicité et d’humilité, ce qui chez lui est une sorte de seconde nature. Quand il appelle les États, y compris la Suisse, à innover pour relever tous ces défis, et qu’ils doivent le faire «ensemble, c’est-à-dire collectivement», il dit sa conviction profonde et non seulement un texte de circonstance.
Bernard Weissbrodt

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