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Syndrome des Balkans: la Suisse emportée par la polémique européenne

Le CICR a déjà effectué un test sur trente délégués. Les résultats n’ont pas montré d’effet. Keystone

La mort de six militaires italiens porte à douze le nombre de décès parmi les soldats ayant servi en ancienne Yougoslavie. Elle relance la controverse en Europe et la Suisse ne se montre pas indifférente.

«Nous n’allons pas rester de bois face à cette nouvelle situation», confirme à Berne Philippe Zahno, porte-parole de l’Etat-major général. Alors que l’Europe entière s’inquiète du sort de ses soldats, les autorités helvétiques semblent vouloir se pencher à nouveau sur la question du «Syndrome des Balkans».

Selon nos autorités, les 153 soldats de la Swisscoy, basés au Kosovo, ne courent cependant pas de grand risque. Ce contingent n’est en effet pas stationné dans une région touchée par les bombes mises en cause.

Quant aux 420 bérets jaunes, qui ont soutenu le travail de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe entre juillet 1996 et décembre 2000, ils sont arrivés en Bosnie après les hostilités.

De plus, une expertise réalisée en juillet par une équipe du laboratoire AC (atomique, chimique) de Spiez conclut à une absence quasi totale de danger. Sauf en cas de longue exposition près de débris contenant de l’uranium appauvri.

Ce laboratoire participe, par ailleurs, à l’élaboration d’un rapport de l’ONU financé principalement par la Suisse. Berne a investi 375 000 francs dans ce travail.

La controverse qui secoue actuellement l’Europe est apparue suite au décès de six militaires italiens en mission dans l’ancienne Yougoslavie. Tous ont été frappés de tumeurs foudroyantes. Selon leurs proches, ils ont succombé au «Syndrome des Balkans».

Avec le décès de cinq soldats belges et d’un portugais, cela porterait à douze le nombre de victimes de cet étrange syndrome. Quatre Français souffrent par ailleurs de leucémie.

Au cœur de la polémique, l’uranium appauvri utilisé par l’OTAN pour recouvrir certains projectiles. Moins radioactif que l’uranium, ce métal est en revanche extrêmement dense et capable de percer les blindages les plus épais, tel que celui des chars.

Mais l’explosion libère aussi une fine poussière dans laquelle se trouvent des particules radioactives et des métaux lourds suspectés d’être dangereux pour l’organisme.

Ces armes ont été utilisées entre 1994 et 1995. Les avions américains auraient alors déversé près de 11 000 de ces projectiles sur la Bosnie. L’Alliance a également reconnu avoir tiré plus de 30 000 obus à uranium appauvri lors de la campagne de l’OTAN au Kosovo, au printemps 1999.

Mais les données semblent vagues. Du coup, l’Italie demande à l’OTAN des informations et des explications sur l’utilisation dans les Balkans de ces munitions.

Cette demande est appuyée par la France, la Belgique et le Portugal. Et la Commission européenne a souligné jeudi qu’elle partageait leurs préoccupations. Elle examine actuellement les moyens à sa disposition.

Finalement, Madrid a annoncé la semaine dernière son intention de faire subir des examens médicaux aux 30 000 militaires espagnols qui ont servi dans les Balkans depuis 1992. Le Portugal, la Finlande et la Turquie ont la même intention. En Suisse, un nouveau concept de tests est actuellement à l’étude.

De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déjà effectué un test sur un échantillon de trente délégués. Les résultats n’ont pas montré d’effet. «Nous ne pouvons cependant en tirer des conséquences définitives sur la situation», précise Vincent Lusser, attaché de presse de la zone Europe au CICR.

Mais une généralisation de cette procédure n’est pas prévue. «Ces tests sont relativement difficiles à mener et nous n’avons pas de raison de nous alarmer», explique Vincent Lusser.

L’institution donne par ailleurs une consigne claire à ses employés, celle de ne pas s’approcher des sites touchés par des frappes.

Le ton est le même au Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). Basée à Genève, l’organisation internationale propose un test médical à tous ses employés. Seules deux personnes, sur plusieurs centaines, y ont recouru. Les résultats n’ont rien décelé.

«Sur place, nos employés ne sont pas inquiets, les informations n’étant pas concrètes, estime Chris Janowski, porte-parole du HCR. Les experts ne sont pas d’accord entre eux sur le danger de ces armes, mais il se passe probablement quelque chose, et il faut donc se montrer prudent».

Caroline Zuercher

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