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Pourquoi Vaud et Genève collaborent de plus en plus

Keystone

Aiguillonnés par la Confédération, les autorités des cantons de Vaud et de Genève multiplient les collaborations pour répondre au fort développement du bassin lémanique. Explication à l'occasion de la présentation cette semaine du projet de RER franco-valdo-genevois.

En qualifiant l’année dernière le canton de Vaud de rupestre, le responsable genevois de la culture Patrice Mugny provoquait une belle polémique laissant penser que les deux cantons vivaient à l’heure du choc des civilisations.

Lors d’une conférence de presse commune cette semaine, les responsables vaudois et genevois des transports ont démontré le contraire.

«Entre Robert Cramer et moi-même, la collaboration fonctionne particulièrement bien», lance le Vaudois François Marthaler.

Avant de rappeler: «Suite à l’échec de la fusion des hôpitaux universitaires de Lausanne et de Genève dans les années 90, il a fallu se remettre d’un certain choc. Aujourd’hui, les collaborations entre Genève et Vaud se multiplient, même si cela se fait dans la discrétion.»

Le rôle de Berne

Le magistrat vaudois cite l’exemple de l’entretien du réseau autoroutier national. «Il n’y a pas si longtemps, les deux cantons se livraient des batailles pour déterminer les limites territoriales du travail des cantonniers. Aujourd’hui, l’entretien de l’autoroute Lausanne-Genève est marqué par l’échange de compétences, la détermination des spécialités et la coordination des opérations entre les deux cantons. La Confédération fait pression pour que nous soyons moins chers et plus efficaces. »

Le gouvernement suisse joue aussi le rôle d’aiguillon dans le projet de Réseau express régional genevois (RER). Ce réseau ferroviaire dont l’offre a été détaillée ce mardi par les deux magistrats implique en effet des collaborations multiples entre Vaud, Genève et la France voisine.

«Avec son Fonds d’infrastructure du trafic d’agglomération en guise de carotte – une idée géniale – le gouvernement suisse a provoqué d’importantes modifications aux projets d’urbanisme et de développement des agglomérations dans toute la Suisse», relève encore François Marthaler.

Rattraper le retard

De son coté, Robert Cramer souligne une autre raison majeure de regarder au-delà des limites cantonales. «Si l’on considère le développement démographique de la région franco-valdo-genevoise, il a dépassé toutes les prévisions. Cette région a une attractivité économique qui la place au 5 ou 6ème rang européen en matière d’augmentation démographique.»

Et de poursuivre: «Or nous avons un déficit en matière d’infrastructures. Nous cherchons donc à le combler en développant les transports publics. Ce qui ne suffira pas. Il faudra aussi développer les infrastructures de mobilité douce, compléter le réseau routier, construire des parkings d’échange. Et ce sans oublier les équipements hospitaliers, scolaires et les logements.»

Vers une métropole lémanique

Ces projets concernent en premier lieu chaque agglomération, en l’occurrence Genève et Lausanne. Mais ces impératifs locaux n’entravent pas le développement et la cohérence de la métropole lémanique, soit la région urbaine en formation le long du lac Léman.

C’est en tous cas l’avis de Robert Cramer: «Pour tous les éléments structurants de la métropole lémanique, un gros travail est accompli. Et les autorités genevoises et vaudoises se rencontrent régulièrement à ce sujet.»

C’est ainsi que Robert Cramer et François Marthaler collaborent intensément pour trouver des financements pour une 3ème voie ferroviaire entre Lausanne et Genève et accélérer la mise en route du projet.

«Les points de convergence et de spécialisation des deux pôles de la métropole lémanique ne font pas l’objet de rivalité. C’est la complémentarité qui s’impose», assure encore Robert Cramer.

Même son de cloche chez son homologue Marthaler: «Il n’y a pas de contradiction entre la perspective dessinée par la métropole lémanique et les projets d’agglomération de Genève, Lausanne, Montreux et Yverdon. Des chantiers qui sont de facto coordonnés.»

L’impact de la crise

Même la crise économique qui débute favorise ces projets et ces collaborations. C’est en tous cas la conviction de Robert Cramer : «La crise incite les collectivités publiques à avoir une vision anticyclique. Et ce en injectant de l’argent dans des grands projets d’infrastructure.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Sept ans. L’agglomération franco-valdo-genevoise disposera d’un Réseau Express Rapide à l’horizon 2016.

14 arrêts. Des trains circuleront tous les quarts d’heure entre Coppet (Vaud) et Annemasse (France) via la gare de Genève (Cornavin), sur un parcours émaillé d’une quinzaine d’arrêts.

France. Une fois par heure, la ligne sera prolongée jusqu’à Evian et Annecy (France). Chaque demi-heure, des trains plus directs relieront Annemasse à Nyon (Vaud) avec quatre arrêts intermédiaires.

Le double. Selon le projet dévoilé mardi, l’offre en trains régionaux va quasiment doubler par rapport à aujourd’hui.

CEVA. La mise en place du RER genevois dépend de la réalisation de la ligne Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (CEVA).

Début. Les travaux doivent démarrer cette année, si les dernières oppositions sont levées.

Croisements. Cette ligne nécessitera aussi l’aménagement de deux nouveaux points de croisement à Mies (Vaud) et à Chambésy (GE), ainsi que des améliorations des lignes et des gares existantes côté français.

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