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Prix du cinéma suisse: l’audace à l’honneur

Les lauréats: Mathias Gnädinger, Mona Fueter, Vincent Pluss, Erich Langjahr, Pierre Monnard. swissinfo.ch

Grand lauréat du jour: le cinéaste romand Vincent Pluss, dont le film «On dirait le sud» a été couronné 'meilleure fiction'.

C’est en marge des Journées de Soleure que la 6e cérémonie des Prix du cinéma suisse a eu lieu mercredi.

Le cinéma suisse est un art discret, ayant moult difficultés à trouver budget et public. Qu’importe: la cérémonie des Prix du cinéma suisse est devenue, en six ans, un grand raout où se côtoie le gratin culturel, médiatique, politique, voire économique du pays.

Le Président de la Confédération, Pascal Couchepin, par ailleurs ministre de l’Intérieur et donc responsable du secteur de la culture (bon sang, que la Suisse est compliquée !), Pascal Couchepin, donc, a ouvert le bal en affirmant à la fois son amour du cinéma, sa relative méconnaissance du sujet, et la nécessité de soutenir ce secteur à la fois culturel et ‘commercial’.

Mais les professionnels du cinéma n’en auront pas appris beaucoup plus sur les intentions profondes de l’un de leurs principaux bailleurs de fonds.

La surprise de Vincent Pluss

Le prix le plus retentissant est évidemment celui du meilleur film de fiction. Il a été décerné à «On dirait le Sud», à la grande surprise de son réalisateur, le romand Vincent Pluss, parti pour une aventure expérimentale qu’à l’origine, il n’imaginait sans doute pas aboutir au prix le plus prestigieux du cinéma suisse.

Petit film façon ‘Dogma’ (ou ‘Dögmeli’ dans sa déclinaison helvétique), «On dirait le Sud» a rapidement bénéficié d’un bouche à oreille enthousiaste, qui a culminé lors de la présentation du film dans le cadre du Festival de Locarno.

«Ce qui commence comme un road movie se transforme en voyage captivant dans le paysage fissuré des relations humaines», a commenté le jury, qui insiste également sur la brillante direction d’acteurs.

Dans cette catégorie étaient nominés «La brûlure du vent» de Silvio Soldini, «Micmac à la Havane» de Sabine Boss, «Oltre il confine» de Rolando Colla, et «Les petites couleurs» de Patricia Plattner

Les autres films

Le Prix pour le meilleur film documentaire est allé à «Hirtenreise ins dritte Jahrtausend» («Transhumance pour le troisième millénaire») d’Erich Langjahr. Une lente plongée dans le monde ancestral – et néanmoins présent – des bergers.

Figuraient également parmi les finalistes «B comme Béjart» de Marcel Schüpbach, «Epoca» de Andreas Hoessli et Isabella Huser, «Forget Baghdad» de Samir, et «Gambling, Gods and LSD» de Peter Mettler.

Quant au Prix du meilleur court métrage, il a été octroyé à un film résolument drôle et bien fichu: «Swapped», du romand Pierre Monnard. Ou les imprévisibles conséquences qui peuvent survenir lorsqu’un enfant décide de troquer son papa contre des poissons rouges. Un court-métrage qui a déjà été primé à Winterthur, Locarno, Hambourg et Oberhausen…

Les interprètes

Concernant acteurs et actrices, il est à noter que cette fois-ci, aucun représentants du cinéma francophone n’étaient nominés.

Le Prix de la meilleure interprétation masculine est allé au schaffousois Mathias Gnädinger pour son rôle dans dans «Big Deal» de Markus Fischer. Une célébrité en Suisse alémanique, un parfait inconnu en Romandie.

Quant à celui de la «meilleure interprétation féminine», il a été remis à Mona Fueter pour son rôle dans «Füür oder Flamme» de Markus Fischer. Mona Fueter, née en 1976, dont la bouche pulpeuse devrait immédiatement donner aux Romands l’envie d’apprendre sa langue – le zurichois.

«Une actrice consciente de l’effet qu’elle produit», a déclaré le jury. En effet. A tel point qu’elle représentera la Suisse lors de la 6e édition des «Shooting Stars» (8-11 février), en marge du Festival international du film de Berlin.

Propos entiers…

Le jury était composé cette année de Güsin Kar (scénariste et réalisatrice), Madeleine Fonjallaz (technicienne du film), Peter W. Jansen (essayiste spécialisé dans le cinéma), Luciano Rigolini (photographe, chargé de programmes à ARTE France), Christa Saredi (‘femme d’affaires’) et Alexandra Tiedemann (comédienne genevoise).

Un jury présidé par le réalisateur et metteur en scène Daniel Schmid. Lequel, parodiant l’émotion des jeunes primés, s’est fendu de quelques phrases efficaces:

«J’aimerais bien remercier ma mère, ma grand-mère, mon arrière grand-mère, toute ma famille qui m’a déconseillé de faire ce métier. Et s’il y a des jeunes maintenant qui viennent vers moi, je fais la même chose. Parce que si on veut vraiment faire ce job, on le fait malgré tous les connards qui vous disent non.»

Une entièreté du propos qui n’aura pas dérangé Vincent Pluss. Car quand on demande à celui-ci ce qu’il aimerait que ce prix lui apporte, son intégrité artistique ne peut être mise en doute:

«J’aimerais bien qu’on me fasse confiance. Je pense que je vais continuer à faire des expériences un peu bizarres pour les institutions, par rapport à l’assurance que je peux donner, au départ, sur un projet».

Et d’ajouter: «J’aurai envie de me lancer dans des choses folles, et que les gens me suivent. Peut-être qu’un jour cela ne marchera pas, mais pour moi, c’est ça l’aspect le plus intéressant de ce travail: se dépasser, chercher dans les zones mystérieuses et drôles, des zones très personnelles en fait. Et je crois que le public est prêt à recevoir ça».

Juste pressentiment ou vœu pieux?

swissinfo, Bernard Léchot, Soleure

Le Prix du cinéma suisse a été institué en 1998.

Ses organisateurs sont l’Office fédéral de la culture, la SSR SRG idée suisse, les Journées de Soleure, le festival «Visions du réel» de Nyon, le festival international du film de Locarno et le Centre suisse du cinéma en collaboration avec l’Agence suisse du court métrage. Swissperform est associé en ce qui concerne les prix d’interprétation.

Prix et dotations sont les suivants: meilleur film de fiction et meilleur film documentaire (50.000.- chacun), meilleur court-métrage (20.000.-), «meilleure interprétation féminine et masculine (15.000.- chacun).

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