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Romain Sardou, l’Amérique… et Neuchâtel

Romain Sardou, parti pour une vraie saga américaine... David Marchon/L'Express

L'aventure de la colonisation de l’Amérique et, en particulier, la création de la treizième colonie, la Géorgie, a inspiré la nouvelle saga de Romain Sardou. Résidant à Neuchâtel, l’auteur a eu la surprise, en écrivant son roman, de retrouver les traces d’une célèbre famille… neuchâteloise.

Purrysburgh est le nom d’un ancien village de colons, aujourd’hui complètement abandonné, sur les rives du fleuve Savannah, à la frontière de la Géorgie et de la Caroline du Sud. Purrysburgh a été nommé ainsi en l’honneur de son fondateur, le Neuchâtelois Jean-Pierre de Pury (orthographié Purry avec deux «r» en Amérique).

Aujourd’hui, Jean-Pierre de Pury est un des héros du premier tome d’une grande saga historico-familiale, baptisée «America», que prépare l’écrivain Romain Sardou. Déjà auteur de plusieurs romans historiques à succès, le fils de Michel Sardou réside depuis le début des années 2000 en ville de Neuchâtel avec sa femme et ses trois enfants.

Pourquoi êtes-vous venu vous installer à Neuchâtel?

Romain Sardou: Après notre mariage, ma femme Francesca souhaitait se rapprocher de ses parents qui habitent dans la région et nous sommes donc venus à Neuchâtel où elle pouvait exercer son activité professionnelle et où moi je pouvais écrire dans de bonnes conditions. Nous avons trouvé un appartement au centre-ville et près du lac qui nous a convenu. Les enfants sont nés et nous nous plaisons beaucoup ici. Aujourd’hui, j’ai pris des habitudes de vie qui tranchent avec la vie parisienne et, en plus, je ne suis pas très citadin.

C’est le fait d’habiter à Neuchâtel qui vous a conduit à Jean-Pierre de Pury et à votre saga «America»?

R.S.: Pas du tout! C’est un hasard complet. En fait, «America» est un roman qui raconte l’histoire de deux familles, les Bateman et les Muir, qui viennent coloniser l’Amérique et qui vont se haïr durant des générations. Cette histoire issue complètement de mon imagination doit me permettre de raconter l’histoire des Etats-Unis de la colonisation à l’époque contemporaine. «America» est prévu sur trois tomes et le premier qui vient de sortir pose le cadre général de la colonisation. Et en faisant des recherches sur ce sujet, car je n’aime pas donner des informations gratuites, je suis tombé par hasard sur ce Jean-Pierre de Pury.

Dans votre roman, ce de Pury n’occupe finalement qu’une place assez modeste.

R.S.: Effectivement, dans l’histoire elle-même, je parle assez peu de lui. Mais il est en fait au cœur de la saga. Car son idée était extraordinaire. Selon lui, le site idéal d’une colonie était à 33° de latitude, nord ou sud. Son premier projet était en Australie mais il a dû y renoncer et il a finalement convaincu la Couronne britannique. Celle-ci lui a permis de réaliser son projet au bord du fleuve Savannah pour plusieurs centaines de colons, la plupart étant d’origine neuchâteloise.

Votre saga, c’est surtout un roman ou c’est un ouvrage historique romancé?

R.S.: En fait, il s’agit de trois histoires. La première est une pure fiction, c’est la haine entre ces deux familles. Les deux autres histoires ont des bases tout à fait réelles. Il y a la fondation de la treizième colonie américaine, la Géorgie. Mais il y a aussi l’idée de créer en Amérique une colonie utopique et philanthropique pour des Européens pauvres. Et ça, c’était le projet d’un avocat réformateur anglais James Oglethorpe qui est vraiment un personnage très important de ma saga «America».

Vous êtes un auteur assez prolifique. Vous écrivez rapidement?

R.S.: Je suis très organisé. Et c’est très important, en particulier pour mener à bien une saga comme «America», sur laquelle je travaille depuis cinq ans. Avant de commencer à écrire, j’ai effectué un gros travail de documentation. Puis j’ai organisé toute la saga et tous les personnages qui vont intervenir dans les trois tomes, de 1688 à l’époque contemporaine. Chaque personnage et chaque événement de ce premier tome se justifient pour la suite de l’histoire. C’est quelque chose auquel je tiens beaucoup. Cela dit, pendant les cinq dernières années, je n’ai pas travaillé que sur «America», j’ai fait des pauses, j’ai écrit d’autres choses et puis j’y suis revenu.

D’où vient votre attirance pour les romans historiques?

R.S.: Je suis arrivé en littérature par l’histoire. Quand j’étais enfant, j’adorais les livres de Walter Scott. Pour moi, c’était vraiment de l’évasion, du divertissement. Mais j’ai des goûts assez éclectiques. J’ai écrit ainsi un roman qui se passe dans la Rome antique. Mais j’ai aussi écrit un thriller contemporain. Ce que j’aime vraiment, c’est raconter des histoires qui se tiennent et faire de la vraie littérature populaire.

«America, la treizième colonie», tome 1, de Romain Sardou, 416 pages, XO éditions.

Né en 1974, Romain Sardou est le fils du chanteur Michel Sardou.

L.A. Il quitte le lycée avant le bac pour étudier l’art dramatique auprès de Jean-Laurent Cochet notamment. En 2000, il s’installe à Los Angeles où il travaille pour Disney.

1er succès. Deux ans plus tard, il revient en Europe et s’attaque à l’écriture de romans. Le premier, «Pardonnez nos offenses» (2002), se vend à 300’000 exemplaires et est traduit en une grosse quinzaine de langues!

Continuité. Suivent «L’Eclat de Dieu» (2004) et «Personne n’y échappera» (2006), un sombre polar américain, et «Délivrez-nous du mal» (2008).

Autres registres. Romain Sardou est aussi l’auteur de contes: «Une Seconde avant Noël», «Sauver Noël», «L’Arche de noël». Il a également publié «Lots of Love», traduction de la correspondance inédite de Francis Scott Fitzgerald et de sa fille Scottie.

Déclin rapide. Créée en 1734, Purrysburgh a rapidement périclité. L’établissement colonial de Jean-Pierre de Pury n’a pas perduré et a disparu au début du XIXe siècle.

Cimetière. Aujourd’hui, il en reste juste un cimetière marqué par une croix de pierre sur les rives du fleuve Savannah.

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